Vampire Weekend
Modern Vampires Of The City |
Label :
XL |
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J'ai un secret à vous confier : j'aime Vampire Weekend. C'est quelque chose que j'ai mis longtemps à assumer. Craignant les représailles, les moqueries. Craignant que la mafia X-Silence me qualifie d'hipster sans âme. Pour cacher la vérité, j'ai même cru bon de descendre en flèche un Contra qui, si je suis complètement honnête, mériterais plutôt la note de 15/20.
Cette romance un peu honteuse a commencé en 2008. À l'époque, pas de quoi rougir, il était normal pour un gamin de dix-huit ans de tomber sous le charme afro-pop du premier album. Normal de se dire qu'un morceau comme "Campus" avait autant de sens pour un étudiant angevin de classe moyenne que pour les petits bourgeois bohèmes de Brooklyn. Quand sort Contra en 2010, il est de bon ton de prétendre qu'on vaut mieux que ça alors qu'en vrai, on se trémousse en cachette sur "Holiday" et "Diplomat's Son". Pour ma défense, comprenez bien qu'on a tous besoin d'un guilty pleasure. D'un groupe facile à snober mais auquel il est difficile de résister. Mes amis les plus indés et radicaux bougeront leurs fesses sur du Rihanna ou du Justin Timberlake. Moi, je le fais sur Vampire Weekend et il est grand temps de l'assumer.
De déclarer haut et fort que chaque album est meilleur que le précédent et que, du coup, Modern Vampires of the City, malgré son titre ridicule, est vraiment excellent. Il est plus riche, plus sombre et ne sonne comme rien de ce que j'ai pu entendre avant. Le producteur Ariel Rechtsaid avait pour mission d'amener le son du groupe vers de nouveaux territoires, n'hésitant pas à changer le pitch à volonté et à abuser d'effets fantomatiques. C'est moderne mais ça baigne dans la nostalgie (le délicieusement baroque "Step"). C'est immédiatement pop mais ça gagne en richesse à chaque écoute (les tubes "Unbelievers" et "Diane Young"). C'est naïf au premier abord, tragique quand on écoute les textes de plus près ("Hanna Hunt", chanson de rupture, hymne du passage à l'âge adulte). Le multi-instrumentiste Rostam Batmanglij s'éclate avec tout ce qu'il trouve et aucune de ses trouvailles ou des samples qu'il emprunte n'est gratuit, la limite entre le ludique et la prétention est joliment respectée. À mesure qu'elle est modifiée par ProTools, la voix d'Ezra Koenig transmet un millier d'émotions, de l'exaltation adolescente (le sprint "Workship You", retour à l'afro-pop sous speed) au dédain sublime (la symphonie futuriste "Ya Hey"). Il réussit même à chanter comme un vampire sur le hanté "Hudson" qui convoque tous les fantômes de Brooklyn et d'un New York fantasmé.
Je serais donc le premier à le dire sur X-Silence : Modern Vampires of the City est un petit chef d'œuvre pop sur lequel on peut danser, se souvenir et chanter sous la douche. J'ai attendu longtemps avant d'en dire du bien, je voulais voir si cette lubie allait passer avec l'âge, si ce n'était qu'une tentative désespérée de s'accrocher à ma jeunesse. Non, la magie perdure. Et j'attends la suite. Et j'assume. Ce n'est même pas un plaisir coupable. C'est juste du plaisir.
Cette romance un peu honteuse a commencé en 2008. À l'époque, pas de quoi rougir, il était normal pour un gamin de dix-huit ans de tomber sous le charme afro-pop du premier album. Normal de se dire qu'un morceau comme "Campus" avait autant de sens pour un étudiant angevin de classe moyenne que pour les petits bourgeois bohèmes de Brooklyn. Quand sort Contra en 2010, il est de bon ton de prétendre qu'on vaut mieux que ça alors qu'en vrai, on se trémousse en cachette sur "Holiday" et "Diplomat's Son". Pour ma défense, comprenez bien qu'on a tous besoin d'un guilty pleasure. D'un groupe facile à snober mais auquel il est difficile de résister. Mes amis les plus indés et radicaux bougeront leurs fesses sur du Rihanna ou du Justin Timberlake. Moi, je le fais sur Vampire Weekend et il est grand temps de l'assumer.
De déclarer haut et fort que chaque album est meilleur que le précédent et que, du coup, Modern Vampires of the City, malgré son titre ridicule, est vraiment excellent. Il est plus riche, plus sombre et ne sonne comme rien de ce que j'ai pu entendre avant. Le producteur Ariel Rechtsaid avait pour mission d'amener le son du groupe vers de nouveaux territoires, n'hésitant pas à changer le pitch à volonté et à abuser d'effets fantomatiques. C'est moderne mais ça baigne dans la nostalgie (le délicieusement baroque "Step"). C'est immédiatement pop mais ça gagne en richesse à chaque écoute (les tubes "Unbelievers" et "Diane Young"). C'est naïf au premier abord, tragique quand on écoute les textes de plus près ("Hanna Hunt", chanson de rupture, hymne du passage à l'âge adulte). Le multi-instrumentiste Rostam Batmanglij s'éclate avec tout ce qu'il trouve et aucune de ses trouvailles ou des samples qu'il emprunte n'est gratuit, la limite entre le ludique et la prétention est joliment respectée. À mesure qu'elle est modifiée par ProTools, la voix d'Ezra Koenig transmet un millier d'émotions, de l'exaltation adolescente (le sprint "Workship You", retour à l'afro-pop sous speed) au dédain sublime (la symphonie futuriste "Ya Hey"). Il réussit même à chanter comme un vampire sur le hanté "Hudson" qui convoque tous les fantômes de Brooklyn et d'un New York fantasmé.
Je serais donc le premier à le dire sur X-Silence : Modern Vampires of the City est un petit chef d'œuvre pop sur lequel on peut danser, se souvenir et chanter sous la douche. J'ai attendu longtemps avant d'en dire du bien, je voulais voir si cette lubie allait passer avec l'âge, si ce n'était qu'une tentative désespérée de s'accrocher à ma jeunesse. Non, la magie perdure. Et j'attends la suite. Et j'assume. Ce n'est même pas un plaisir coupable. C'est juste du plaisir.
Très bon 16/20 | par Dylanesque |
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