Loop
Array 1 |
Label :
ATP |
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Voilà bien un retour que personne n'attendait. Les londoniens de Loop, s'ils ont développé une fanbase solide qui entretient leur culte en matière de renouveau du rock psychédélique de la fin des eighties, ne sont pas pour autant sorti de l'underground, demeurant somme toute plutôt confidentiels. En la matière, leurs collègues de Spacemen 3 auront su mieux tirer leur épingle du jeu. Seulement des deux groupes, tous deux séparés en 91, Spacemen 3 ne s'est jamais relevé – ses membres s'étant éparpillés dans le paysage musical. Loop, après une vingtaine d'année de silence radio total, remonte soudain sur scène en 2013 et rappelle très rapidement à ceux qui les suivent alors qui sont les vrais maîtres du bruit entêtant, de la répétition vaporeuse. Nous voilà en 2015 et Robert Hampson, capitaine du navire, nous annonce la parution future de trois EPs qui feront un album. Comme les Pixies, oui. Mais oubliez tout de suite le parallèle, car la qualité de ce premier EP, Array 1, annonce une qualité sans commune mesure avec les efforts – certes respectables – des lutins de l'indie. De ces 4 morceaux on tirera 3 constats.
Premier constat : Loop est dans une forme Olympique. Non mais sans rire ; dès les deux premiers morceaux, "Precession" et "Aphelion", on doit se rendre à l'évidence : non seulement le groupe sait toujours faire ce qu'il fait de mieux, mais en plus il sonne encore mieux qu'avant. Forcément, si les apôtres de la Boucle ont pris 24 ans dans les jambes depuis leur chef-d'œuvre A Gilded Eternity (24 ans putain, c'est plus vieux que moi), la technologie de studio, elle, n'a fait que grandir. Se prendre ces deux machins dans la figure d'entrée de jeu, c'est comprendre que Hampson s'est approprié de beaux joujoux supplémentaires à coller sur ses guitares et que le Loop de 2015 occupe encore plus massivement l'espace sonore. Garantissant d'autant plus l'impossibilité d'échapper à leur matraquage. La formule est restée la même : la répétition écrasante du même riff tandis que l'autre guitare s'occupe de tisser un noise grésillant propre à nous engourdir, et cette voix monocorde qui scande des paroles indiscernables noyée dans la réverb. Si Array 1 s'était contenté de cela, on aurait pu le désigner comme un bon disque. Ce serait oublier qu'on est au tiers du chemin à peine. Que le plus bluffant est à venir.
Deuxième constat : Loop a grimpé un nouvel échelon dans son évolution. Un échelon qui peut surprendre quand on y est confronté la première fois, mais qui suffit à elle seule pour prouver que cette reformation est bien plus justifiée que 90% des retours de statues de cire qu'on voit bourgeonner depuis quelques années. Il y en a combien qui ont les couilles de sortir de nulle part en se convertissant... Au dark-ambient ? Fini la batterie, ouste la basse et le chant, tchao ! Dès les premières mesures de "Coma" le bien-nommé, on entre en territoire abstrait. Grésillements aigus, crépitements radios, ajout successif de différentes plages de drones en un lent et majestueux crescendo qui sert d'introduction à la pièce suivante : "Radial". Assurément un candidat au plus beau quart-d'heure musical de Loop. Le paysage sonore ici peint est époustouflant de profondeur. On pourrait aussi bien être au milieu d'une usine à métaux désaffectée, les tôles grincent, les échos se chevauchent et s'amplifient, on y avance à l'aveuglette, en se cognant à chaque rampe ou chaque appareil qui dépasse. Dehors, il y a comme une chaine de vélo qui tourne dans le vide alors qu'un ultrason nous vrille les tympans en arrière-plan. Et lorsque la batterie s'insinue, c'est pour annoncer l'arrivée brusque d'une chanson qui était restée cachée jusqu'alors, déchirant l'espace pour saisir l'auditeur traumatisé, qui peine à émerger de sa transe chamanique. Et c'est parti pour sept minutes de headbanging furieux. En fait, ce "Radial" fait penser à une miniature du premier NEU! : l'ambiance métallique en serait le "Sonderangebot", qu'un "Negativland" viendrait déchirer d'un coup (le motif de basse et la batterie métronomique ne trompent pas). Loop avec son passage dans le dark-ambient ne fait pas que se renouveler, il trouve surtout chaussure à son pied. Car si on y pense bien ce volte-face est somme toute logique : après avoir goûté à l'ivresse du rock, ce vieux Robert s'est tourné vers une maturité toute nouvelle : la pure sculpture sonore. En fin de compte il n'a fait que transposer ses obsessions (la texture sonore, le noise, la répétition, l'engourdissement) au sein d'une nouvelle matière qui lui va comme un gant.
Quant au troisième constat, c'est peut-être le plus réjouissant : ce n'est que le premier tiers de ce qui nous attend ! Ici, en lisant entre les lignes on comprendra que Robert Hampson nous rappelle qu'il est toujours bien capable de nous faire du rock aussi lourd qu'auparavant, tout en annonçant la venue d'une nouvelle ère sonore pour le groupe, plus méditative, plus vaste aussi. Tout reste à prouver sur les deux mouvements qui suivront. Et si cet excellent Array 1 ce n'était que le hors d'œuvre d'une créature bien plus vaste et que le plus gros morceau était à venir ? On peut rêver : Loop a pavé un chemin mystérieux qui ne peut que laisser songeur...
Premier constat : Loop est dans une forme Olympique. Non mais sans rire ; dès les deux premiers morceaux, "Precession" et "Aphelion", on doit se rendre à l'évidence : non seulement le groupe sait toujours faire ce qu'il fait de mieux, mais en plus il sonne encore mieux qu'avant. Forcément, si les apôtres de la Boucle ont pris 24 ans dans les jambes depuis leur chef-d'œuvre A Gilded Eternity (24 ans putain, c'est plus vieux que moi), la technologie de studio, elle, n'a fait que grandir. Se prendre ces deux machins dans la figure d'entrée de jeu, c'est comprendre que Hampson s'est approprié de beaux joujoux supplémentaires à coller sur ses guitares et que le Loop de 2015 occupe encore plus massivement l'espace sonore. Garantissant d'autant plus l'impossibilité d'échapper à leur matraquage. La formule est restée la même : la répétition écrasante du même riff tandis que l'autre guitare s'occupe de tisser un noise grésillant propre à nous engourdir, et cette voix monocorde qui scande des paroles indiscernables noyée dans la réverb. Si Array 1 s'était contenté de cela, on aurait pu le désigner comme un bon disque. Ce serait oublier qu'on est au tiers du chemin à peine. Que le plus bluffant est à venir.
Deuxième constat : Loop a grimpé un nouvel échelon dans son évolution. Un échelon qui peut surprendre quand on y est confronté la première fois, mais qui suffit à elle seule pour prouver que cette reformation est bien plus justifiée que 90% des retours de statues de cire qu'on voit bourgeonner depuis quelques années. Il y en a combien qui ont les couilles de sortir de nulle part en se convertissant... Au dark-ambient ? Fini la batterie, ouste la basse et le chant, tchao ! Dès les premières mesures de "Coma" le bien-nommé, on entre en territoire abstrait. Grésillements aigus, crépitements radios, ajout successif de différentes plages de drones en un lent et majestueux crescendo qui sert d'introduction à la pièce suivante : "Radial". Assurément un candidat au plus beau quart-d'heure musical de Loop. Le paysage sonore ici peint est époustouflant de profondeur. On pourrait aussi bien être au milieu d'une usine à métaux désaffectée, les tôles grincent, les échos se chevauchent et s'amplifient, on y avance à l'aveuglette, en se cognant à chaque rampe ou chaque appareil qui dépasse. Dehors, il y a comme une chaine de vélo qui tourne dans le vide alors qu'un ultrason nous vrille les tympans en arrière-plan. Et lorsque la batterie s'insinue, c'est pour annoncer l'arrivée brusque d'une chanson qui était restée cachée jusqu'alors, déchirant l'espace pour saisir l'auditeur traumatisé, qui peine à émerger de sa transe chamanique. Et c'est parti pour sept minutes de headbanging furieux. En fait, ce "Radial" fait penser à une miniature du premier NEU! : l'ambiance métallique en serait le "Sonderangebot", qu'un "Negativland" viendrait déchirer d'un coup (le motif de basse et la batterie métronomique ne trompent pas). Loop avec son passage dans le dark-ambient ne fait pas que se renouveler, il trouve surtout chaussure à son pied. Car si on y pense bien ce volte-face est somme toute logique : après avoir goûté à l'ivresse du rock, ce vieux Robert s'est tourné vers une maturité toute nouvelle : la pure sculpture sonore. En fin de compte il n'a fait que transposer ses obsessions (la texture sonore, le noise, la répétition, l'engourdissement) au sein d'une nouvelle matière qui lui va comme un gant.
Quant au troisième constat, c'est peut-être le plus réjouissant : ce n'est que le premier tiers de ce qui nous attend ! Ici, en lisant entre les lignes on comprendra que Robert Hampson nous rappelle qu'il est toujours bien capable de nous faire du rock aussi lourd qu'auparavant, tout en annonçant la venue d'une nouvelle ère sonore pour le groupe, plus méditative, plus vaste aussi. Tout reste à prouver sur les deux mouvements qui suivront. Et si cet excellent Array 1 ce n'était que le hors d'œuvre d'une créature bien plus vaste et que le plus gros morceau était à venir ? On peut rêver : Loop a pavé un chemin mystérieux qui ne peut que laisser songeur...
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
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