Goat

Commune

Commune

 Label :     Sub Pop 
 Sortie :    mardi 23 septembre 2014 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Il y a des voyages que l'on n'oublie pas. Goat, avec son deuxième album Commune nous offre ici un périple hors du commun. Difficile de traverser cet album sans être éberlué par l'aura mystique qui s'impose à l'écoute des diverses pistes qui forment cet opus. Ce trip chamanique, vaudou et tribal à la fois, allie rock psychédélique, krautrock (jusque-là, rien de surprenant) mais aussi afrobeat et plus généralement world music. Du rock psyché occulte, en soi. Cette ambiance sonore qui sourd de chaque musique est d'autant plus troublante qu'elle nous provient d'un groupe qui se dit originaire de Korpilombolo, charmante ville située à l'extrême nord de la Suède.

Sur quoi s'appuie la recette de Commune ? Deux choses s'imposaient à mes oreilles aux premières écoutes : la guitare et la voix. La première pour accrocher l'auditeur et la seconde pour poser l'ambiance. La guitare, donc, insuffle la touche psyché rétro la plus marquante, celle qui nous amène indéniablement vers des chemins plus banalisés dans la lignée des canons des 60s-70s, même si elle apporte son lot de moments jouissifs (notamment sur "Talk to God" ou "The Light Within"). La voix, de son côté, amène l'ambiance mystique, entre cris passionnés d'une personne en transe et incantations chamaniques obscures. Dans tous les cas, ces chants féminins participent sans nul doute à ce qui fait le réel charme et l'originalité de cet album dans un marché saturé de compositions se réclamant néo-psychédélique.

Mais ça, c'est ce qui ressort des premières écoutes. La force de Commune est de jouer sur deux tableaux : autant on peut être immédiatement conquis par les premières écoutes, autant il y a encore énormément à creuser. Cette consistance s'est sans nul doute faite au détriment d'une certaine spontanéité et d'une folie qui émanait de leur premier album. L'album est plus réfléchi et profond qu'on ne pourrait le croire à première vue. L'agencement des pistes est d'ailleurs bougrement bien foutu, où les plages plus respiratoires arrivent à temps pour nous reposer un peu les esgourdes entre deux transes spirituelles.

J'avais parlé d'un voyage en entame de chronique, et c'est bien ce que nous a offert Goat. Chaque piste est un différent voyage en terre psychédélique mystique et stupéfiante. On retrouve des éléments proches de mouvances hippies américaines ("To Travel the Path Unknow" interlude musical reposant et hypnotisant), des Doors même ("Goatchild", seule piste comprenant un chant masculin), un voyage sur les chemins de Katmandou ("Hide from the Sun" et ses sitars). De même, en introduction de "Goatslaves", on entend une citation étrangement réverbérée du défunt Floyd Westerman, acteur américain d'origine amérindienne, activiste pour la cause des Sioux notamment ('We're here on Earth only a few winters. Then, we go to the Spirit World. The Spirit World is more real than most of us believe. The Spirit World is everything'). Cette chanson sonne comme un trip dans une mer déchaîné d'opiacés en tout genre (on entend même une imitation de mouettes sur la fin, comme dans "Echoes" des Pink Floyd). Toutefois cette chanson peut aussi évoquer un rituel dans une hutte à sudation des Sioux Lakotas. Pour finir ce tour d'horizon, impossible de ne pas mentionner le vaudou, directement évoqué sur "Bondye" (nom du créateur suprême dans la religion vaudou). Commune est véritablement une virée mystique, fouillée et éclectique. C'est peut-être cela le gros argument de cet album, cette diversité dans l'occultisme.

Avec son deuxième opus, Goat nous livre donc un album d'une belle consistance, envoutant et entêtant qui vous collera à la peau un moment. De quoi vous rendre chèvre (vous l'attendiez cette blague, avouez).


Excellent !   18/20
par WillyB


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