Sleater-Kinney
No Cities To Love |
Label :
Sub Pop |
||||
Un bouquet de fleurs desséchées, peut être même fanées, tel est l'artwork de cet inattendu nouvel album de Sleater-Kinney. De là à faire l'amalgame entre les trois filles du groupes & ce bouquet, il n'y a qu'un pas que je ne saurais franchir, faut pas déconner non plus.
D'abord parce qu'il est plutôt joli ce bouquet, un peu comme le bouquet qu'on a jamais su offrir, et qu'on a, de dépit, refourguer au fond d'un tiroir et qu'on retrouve, quelques années après, nous rappelant par la même occasion avec un sourire ou une larme, les circonstances qui l'ont amené dans ce nid à poussière.
Ce No Cities To Love c'est la même chose. Sleater-Kinney c'était un peu le bon souvenir, les flamboyantes mid-90's made in Kill Rock Stars & Sub Pop, des albums qu'on réécoute avec toujours le même entrain, & ce hiatus fin 2006 qui marqua la fin d'une époque. Malgré le retour aux affaires de Carrie Brownstein en 2010 avec White Flag, on se dit que c'est pas la même chose.
Et voilà qu'à l'automne 2014, sans crier gare, Ces trois demoiselles annonce la tant attendue fin de hiatus, un nouvel album & la tournée qui va avec. Même si l'on ne compte plus les groupes des 90's qui se reforment, cette nouvelle là est quand même des plus réjouissantes, à placer au même niveau que la reformation d'Electrelane pour quelques concerts il y a quelques années. Carrément.
Ce No Cities To Love se fait vraiment attendre une fois l'annonce faite. Quelques titres disséminés ici & là histoire de rendre l'attente encore plus insupportable et enfin, le disque parvient à mes oreilles. Dès les premières notes de "Price Tag", on retrouve tout ce qui fait la force de Sleater-Kinney. La voix de Carrie bien sûr, mais aussi la particularité du groupe, les lignes de basses assurées par la guitare de Corin Tucker, qui s'accorde quelques tons plus bas. Pouvait-il y avoir de meilleur introduction à ce cru 2015 ? C'est peut être ça le souci majeur de ce disque, le faire débuter par un titre aussi fort, la suite se doit d'être un cran au dessus, pour ne pas faire retomber l'enthousiasme. "Fangless" & "Surface Envy" sont de bons titres, presque axés Riotgrrls, mais le morceau titre baisse considérablement le niveau, avec son break vocal rappelant presque le "Cambodia" de Kim Wilde. On passera sur cette fausse note, on n'en tiendra pas rigueur à ces trois filles. Grand bien nous en a pris car la suite rassure, l'incisif "No Anthem", même "Gimme Love" qui jure pourtant avec le reste du disque trouve facilement sa place. Alors on se dit que "No Cities To Love", placé différemment sur le disque, pourrait mieux passer, question d'indulgence... Préférant parfois l'efficacité immédiate de la pop avec des titres dépassant rarement les 3min30, Sleater-Kinney révèle avec le dernier titre "Fade" une sorte de potentiel inexploité, comme un bon élève qui reste sur ses acquis, se contentant presque du minimum.
Mais entre nous, avec des acquis pareils, on peut tout leur passer à ces filles d'Olympia, non ? C'est pas comme si les disques précédents étaient exempts de légers défauts. Savourons ce disque pour ce qu'il est, sans chercher la petite bête, ou en le comparant aux premiers albums. Faisons un voeu plutôt tiens, puisqu'on parle de reformation & de groupe de filles. Si les quatres demoiselles de Brighton pouvaient nous surprendre avec un nouvel album, une suite à No Shout No Calls... Mais là n'est pas le propos. Maintenant que ce disque est sorti, la longue attente jusqu'au concert commence...
D'abord parce qu'il est plutôt joli ce bouquet, un peu comme le bouquet qu'on a jamais su offrir, et qu'on a, de dépit, refourguer au fond d'un tiroir et qu'on retrouve, quelques années après, nous rappelant par la même occasion avec un sourire ou une larme, les circonstances qui l'ont amené dans ce nid à poussière.
Ce No Cities To Love c'est la même chose. Sleater-Kinney c'était un peu le bon souvenir, les flamboyantes mid-90's made in Kill Rock Stars & Sub Pop, des albums qu'on réécoute avec toujours le même entrain, & ce hiatus fin 2006 qui marqua la fin d'une époque. Malgré le retour aux affaires de Carrie Brownstein en 2010 avec White Flag, on se dit que c'est pas la même chose.
Et voilà qu'à l'automne 2014, sans crier gare, Ces trois demoiselles annonce la tant attendue fin de hiatus, un nouvel album & la tournée qui va avec. Même si l'on ne compte plus les groupes des 90's qui se reforment, cette nouvelle là est quand même des plus réjouissantes, à placer au même niveau que la reformation d'Electrelane pour quelques concerts il y a quelques années. Carrément.
Ce No Cities To Love se fait vraiment attendre une fois l'annonce faite. Quelques titres disséminés ici & là histoire de rendre l'attente encore plus insupportable et enfin, le disque parvient à mes oreilles. Dès les premières notes de "Price Tag", on retrouve tout ce qui fait la force de Sleater-Kinney. La voix de Carrie bien sûr, mais aussi la particularité du groupe, les lignes de basses assurées par la guitare de Corin Tucker, qui s'accorde quelques tons plus bas. Pouvait-il y avoir de meilleur introduction à ce cru 2015 ? C'est peut être ça le souci majeur de ce disque, le faire débuter par un titre aussi fort, la suite se doit d'être un cran au dessus, pour ne pas faire retomber l'enthousiasme. "Fangless" & "Surface Envy" sont de bons titres, presque axés Riotgrrls, mais le morceau titre baisse considérablement le niveau, avec son break vocal rappelant presque le "Cambodia" de Kim Wilde. On passera sur cette fausse note, on n'en tiendra pas rigueur à ces trois filles. Grand bien nous en a pris car la suite rassure, l'incisif "No Anthem", même "Gimme Love" qui jure pourtant avec le reste du disque trouve facilement sa place. Alors on se dit que "No Cities To Love", placé différemment sur le disque, pourrait mieux passer, question d'indulgence... Préférant parfois l'efficacité immédiate de la pop avec des titres dépassant rarement les 3min30, Sleater-Kinney révèle avec le dernier titre "Fade" une sorte de potentiel inexploité, comme un bon élève qui reste sur ses acquis, se contentant presque du minimum.
Mais entre nous, avec des acquis pareils, on peut tout leur passer à ces filles d'Olympia, non ? C'est pas comme si les disques précédents étaient exempts de légers défauts. Savourons ce disque pour ce qu'il est, sans chercher la petite bête, ou en le comparant aux premiers albums. Faisons un voeu plutôt tiens, puisqu'on parle de reformation & de groupe de filles. Si les quatres demoiselles de Brighton pouvaient nous surprendre avec un nouvel album, une suite à No Shout No Calls... Mais là n'est pas le propos. Maintenant que ce disque est sorti, la longue attente jusqu'au concert commence...
Bon 15/20 | par X_Lok |
Posté le 20 janvier 2015 à 09 h 17 |
Il arrive parfois que l'on n'attende plus rien et que l'on se fasse cueillir comme un gamin par une bonne surprise. Ce fut le cas l'an dernier en apprenant la nouvelle de la reformation de Sleater-Kinney. Les filles m'avaient laissé sur le bord de la route avec The Wood dans les oreilles, et j'avais senti à ce moment-là qu'elles partaient sans avoir tout dit. Il leur restait tant à raconter.
Dix ans de carrière. Dix années en évolution constante et même pas le temps de pondre un album pourri. Pourtant, c'est ça le signe avant-coureur d'un groupe en perdition, non ? Avec elles, rien donc ne présageait la moindre rupture. J'aurais dû penser au truc de l'horloge interne, de l'utérus qui gratte...
Voilà, pratiquement dix ans ont passé, le temps pour Corin Tucker de faire deux mômes et deux albums plan-plans avec une bande de potes. Pendant ce temps-là, Carrie Bronstein a posé sa guitare quelques temps pour jouer dans Portlandia avant de revenir pour un bref instant avec Wild Flag, accompagnée de Janet Weiss.
En 2014 donc, le trio se retrouve avec l'envie de rejouer dans ce qui est "la plus grande aventure de leurs vies", et c'est dans le sous-sol de la maison de Carrie qu'elles écrivent et répètent de nouveaux morceaux. Cette année sort donc l'inespéré No Cities To Love. Quelques morceaux sont diffusés sur le net, l'album fuite, je l'écoute en avant-première, et je cours ensuite l'acheter comme un môme pressé de dépenser ses quelques euros dans le rayon bonbec de la boulangerie voisine.
Dix morceaux sont au programme. Dix putains de bons morceaux. On retrouve le son caractéristique des guitares de Sleater-Kinney sur certains d'entre eux. Sur d'autre, il y a plus de saturation, plus de nuances, mais le résultat est homogène. La batterie de Janet Weiss est toujours aussi précise et puissante ; la voix de Corin a encore gagné en force, et celle de Carrie a toujours ce côté un peu ado qu'elle traine partout. Comme toujours les chants sont alternés et se répondent parce que Corin et Carrie n'ont jamais cessé d'être fusionnelles. Il y a de la rage contenue, de nouvelles mélodies, une maitrise de la composition qui confine au sublime et ces dix années entre The Wood et No Cities To Love n'ont eu aucun impact sur la qualité de l'écriture ; c'est bluffant.
"Price Tag" sonne un peu noisy et affirme d'entrée le caractère de cet album. Il m'a fallu plusieurs écoutes pour l'apprécier. "Fangless", "Surface Envy" et "No Cities to Love" défilent comme du velours sur des sonorités familières qui rappellent les tubes des précédentes réalisations. Au cœur de l'album, ils sont là pour rassurer. "A New Wave" suit et surprend d'abord un peu : il me fait penser à du Joe Jackson des années Look Sharp ou I'm The Man. Au final c'est une bonne surprise. "No Anthem" est plus lent, plus sombre, mais le refrain s'envole. C'est peut- être le nouveau son du groupe, et la batterie martèle toujours implacablement. "Gimme Love" est le morceau que j'aime le moins, très répétitif, moins inspiré que le reste, mais il y avait certainement de nouvelles approches à tester. Heureusement "Bury Our Friends" vient nous rappeler que le groupe en a sous le pied, on revient dans du connu."Hey Darling" m'arrache un sourire, Corin est au chant, parfait pour une fin d'album, on sent que la pression redescend pour laisser la place à "Fade", magnifique, vraiment très beau.
En arriver là après une pause de dix ans est un bel exploit qui présage d'un avenir encore plein de belles promesses.
Dix ans de carrière. Dix années en évolution constante et même pas le temps de pondre un album pourri. Pourtant, c'est ça le signe avant-coureur d'un groupe en perdition, non ? Avec elles, rien donc ne présageait la moindre rupture. J'aurais dû penser au truc de l'horloge interne, de l'utérus qui gratte...
Voilà, pratiquement dix ans ont passé, le temps pour Corin Tucker de faire deux mômes et deux albums plan-plans avec une bande de potes. Pendant ce temps-là, Carrie Bronstein a posé sa guitare quelques temps pour jouer dans Portlandia avant de revenir pour un bref instant avec Wild Flag, accompagnée de Janet Weiss.
En 2014 donc, le trio se retrouve avec l'envie de rejouer dans ce qui est "la plus grande aventure de leurs vies", et c'est dans le sous-sol de la maison de Carrie qu'elles écrivent et répètent de nouveaux morceaux. Cette année sort donc l'inespéré No Cities To Love. Quelques morceaux sont diffusés sur le net, l'album fuite, je l'écoute en avant-première, et je cours ensuite l'acheter comme un môme pressé de dépenser ses quelques euros dans le rayon bonbec de la boulangerie voisine.
Dix morceaux sont au programme. Dix putains de bons morceaux. On retrouve le son caractéristique des guitares de Sleater-Kinney sur certains d'entre eux. Sur d'autre, il y a plus de saturation, plus de nuances, mais le résultat est homogène. La batterie de Janet Weiss est toujours aussi précise et puissante ; la voix de Corin a encore gagné en force, et celle de Carrie a toujours ce côté un peu ado qu'elle traine partout. Comme toujours les chants sont alternés et se répondent parce que Corin et Carrie n'ont jamais cessé d'être fusionnelles. Il y a de la rage contenue, de nouvelles mélodies, une maitrise de la composition qui confine au sublime et ces dix années entre The Wood et No Cities To Love n'ont eu aucun impact sur la qualité de l'écriture ; c'est bluffant.
"Price Tag" sonne un peu noisy et affirme d'entrée le caractère de cet album. Il m'a fallu plusieurs écoutes pour l'apprécier. "Fangless", "Surface Envy" et "No Cities to Love" défilent comme du velours sur des sonorités familières qui rappellent les tubes des précédentes réalisations. Au cœur de l'album, ils sont là pour rassurer. "A New Wave" suit et surprend d'abord un peu : il me fait penser à du Joe Jackson des années Look Sharp ou I'm The Man. Au final c'est une bonne surprise. "No Anthem" est plus lent, plus sombre, mais le refrain s'envole. C'est peut- être le nouveau son du groupe, et la batterie martèle toujours implacablement. "Gimme Love" est le morceau que j'aime le moins, très répétitif, moins inspiré que le reste, mais il y avait certainement de nouvelles approches à tester. Heureusement "Bury Our Friends" vient nous rappeler que le groupe en a sous le pied, on revient dans du connu."Hey Darling" m'arrache un sourire, Corin est au chant, parfait pour une fin d'album, on sent que la pression redescend pour laisser la place à "Fade", magnifique, vraiment très beau.
En arriver là après une pause de dix ans est un bel exploit qui présage d'un avenir encore plein de belles promesses.
Excellent ! 18/20
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