Saison De Rouille

Déroutes Sans Fin

Déroutes Sans Fin

 Label :     Necrocosm, Kaosthetik, Ocinatas, Seventh Crow, Désordre Nouveau 
 Sortie :    juin 2014 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Après un premier album (Caduta Dei Gravi) qui, à mon sens, renouvelait quelque peu le style Métal Industriel français tel qu'avait pu le pratiquer Proton Burst ou Kill The Thrill, Saison De Rouille nous revient deux ans plus tard avec Déroutes Sans Fin, enfonçant davantage le clou rouillé dans le cercueil aux planches pourries de la civilisation.
Le groupe développe à nouveau les thématiques qui lui sont chères (abandon, sentiment exacerbé de solitude, images de ruines) et frotte les oreilles de l'auditeur à la limaille de fer. Même si les guitares, aussi pesantes qu'un Godflesh, sont toujours présentes et jouent un rôle important dans la musique de Saison De Rouille, elles tendent vers un dépouillement extrême. La formation a dépassé la quête parfois vaine du riff ultime pour travailler ses ambiances et renforcer l'aspect percussif. Il n'y a ici rien de festif : tout n'est que froideur et souffrance.
Véritable ode aux dissonances, Déroutes Sans Fin surprend également par ses relents Blues ("Le Carnaval" notamment) puant les marécages, ceux où l'on déverse des déchets toxiques, voire par des mélodies fetales assez étonnantes ("Moteurs épuisés") où des rythmes rachitiques feraient presque taper du pied en cadence.
Faisant le pari de conserver un chant en français toujours aussi rauque et radical, peut-être mixé un peu trop en retrait ce qui a hélas tendance à rendre la compréhension des paroles malaisée, (à l'exception de l'excellente narration de "Sortie") Saison De Rouille ne se facilite pas la tâche en écrivant des courtes nouvelles post apocalyptiques plutôt que des textes réalistes ou de la poésie symbolique absurde qui masque bien souvent un manque patenté de fond et d'idée.
À l'écoute de ces huit compositions, je songe à l'univers d'Alain Damasio ("La horde du contrevent", "La zone du dehors"), à un monde envahi par la corrosion et battu par des vents métalliques, à un Mad Max désespéré prêt à s'ouvrir les veines sur le capot de l'Interceptor.
Il a fallu au groupe une bonne dose d'abnégation pour finaliser ce disque qui incarne parfaitement l'esprit DIY, souhaitons qu'il soit suivi dans son errance bruitiste.


Sympa   14/20
par Arno Vice


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