Colin Stetson

New History Warfare Vol.2 : Judges

New History Warfare Vol.2 : Judges

 Label :     Constellation 
 Sortie :    mardi 22 février 2011 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Avec rien de plus qu'un saxophone, quelques micros bien placés et surtout un savoir-faire surhumain, Colin Stetson est capable de créer un monde plus vaste que bien des groupes avec 4 ou 5 instruments. D'où proviennent ces sons éparses ? Ces compositions toujours sur le fil, entre légèreté et puissance plombée ? En tout cas, ça ne ressemble à rien de connu. Si le premier contact avec l'artiste est perturbant, le deuxième -bien souvent un visionnage live- l'est bien plus. De miracle studio la musique de Stetson devient alors miracle tout court ; cet homme est capable de restituer parfaitement ses luxuriantes compositions sur scène ! Le secret nous sera révélé par les notes de pochettes : tout -ou presque- est affaire de microphones. Stratégiquement placés, ceux-ci enregistrent trois parties différentes ; les harmoniques du saxophone, les percussions délivrées par le choc des touches sur l'énorme saxo taille-basse et, plus impressionnant encore la voix intérieure de Stetson, captée par un micro placé sur une sangle autour de sa gorge. Ce dernier élément lui permet de "chanter" depuis l'intérieur de sa gorge alors même qu'il souffle dans son instrument.

Cette prouesse physique et mentale (parvenir à se concentrer simultanément sur trois parties différentes relève de l'exploit) pourrait se révéler gonflante à la longue, si la technique n'était pas au service d'un sens développé de la composition et de la recherche sonore. Colin Stetson n'est pas un de ces (trop) nombreux homme-orchestre qui se transforment inévitablement en bêtes de foires. Portant avec lui l'expérience de nombreuses années de tournées en tant musicien live -avec Arcade Fire et Bon Iver- ou studio -Tom Waits, LCD Soundsystem, David Byrne etc, le saxophoniste peut se targuer de créer une œuvre originale et ambitieuse. Aidé en cela par une production ample (Shahzad Ismaily et Efrim Menuck) et un mix aggressif (Ben Frost, maître du drone flippant), Stetson met en scène des ambiances entre l'infiniment léger (l'éclatant "From No Part Of Me Could I Summon A Voice") et le cradingue pesant ("Red Horse (Judges II)", indus jusqu'au bec). Laurie Anderson accompagne même certains morceaux de son spoken-word imagé ("A Dream of Water" notamment, magnifique), tandis que Shara Worden de My Brightest Diamonds prête son souffle à une reprise exaltée du standard blues "Lord I Just Can't Keep From Crying Sometimes".

Même en sachant tout cela, même en connaissant les trucs du magicien Stetson, l'album paraît irréel et continue après ses trop courts trois quarts d'heure de hanter notre esprit, tourmenté par des explosions de notes cuivrées et des plaintes spectrales.
L'auditeur s'en va, perturbé, rêver de paysages insolites, des "étoiles dans la tête".


Excellent !   18/20
par X_Wazoo


Proposez votre chronique !







Recherche avancée
En ligne
523 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages
Combien dépensez vous par mois pour vos disques