Grizzly Bear
Shields |
Label :
Warp |
||||
Pour beaucoup, ce quatrième LP des coqueluches de Warp Records était attendu comme le messie de cette années 2012. Après la beauté pastorale de Yellow House et la pop sophistiquée de Veckatimest , Shields devait être la consécration censée emporter Grizzly Bear dans les étoiles.
Et ça commençait plutôt bien ! La sortie des singles "Sleeping Ute" et "Yet Again" avait fait l'unanimité ; l'ingéniosité du duo gutiare/synthé du premier et la majesté pop du deuxième flirtaient avec le merveilleux. D'ailleurs, ce ne sont pas les premières écoutes qui nous feront déchanter ; "Speak In Rounds" s'impose rapidement comme un sommet, à placer aux côtés des envolées de "Southern Point" sur l'album précédent, et la fin riche en couleur du disque ne séduit pas moins. A priori, Grizzly Bear a frappé très fort. Si seulement.
Les écoutes se multiplient, tant on pense tenir là un des albums de l'année, et c'est là que les choses se compliquent. Là que les amateurs du groupe s'entredéchireront pour savoir si oui ou non le milieu de l'album est... chiant.
Le mot est lancé. Car dès "The Hunt", au chant façon Radiohead, l'électrocardiogramme ralentit sensiblement. Les injections d'adrénalines du quatuor d'entrée cessent de faire effet, les promesses d'aventures se font traîtres et l'album devient plat. Et si "The Hunt" fait redescendre la tension, "A Simple Answer" - bien que plus rapide - est pire dans sa manière de débiter un rythme répétitif ennuyeux sur lequel se posent des mélodies trop sages pour emporter l'auditeur, jusqu'ici habitué au mouvement perpétuel et aux structures inventives héritées de Van Dyke Parks. "What's Wrong", à mon sens la piste la plus faible de l'album, accomplit l'exploit de combiner les défauts des deux chansons précédentes, donnant l'impression que Grizzly Bear vocalise dans le vide. "Gun Shy", bien que loin d'être dynamique, remonte le niveau avec sa mélodie charmante et ses voix en cascades.
Voilà, le pire est passé, c'est maintenant à "Half-Gate" qu'il incombe de nous séduire à nouveau. Et il y parvient aisément, avec son chant plein d'espoir et sa structure en vagues successives d'intensité croissante qui fleure bon l'épique comme on en trouvait sur "Speak In Rounds" ou "Yet Again". "Sun In Your Eyes", belle comme on n'osait plus l'espérer, prouve que le groupe sait toujours être apaisé ET pertinent.
Le duet final conclut admirablement un album en demi-teinte (bancal, en somme), qui aurait sûrement su garder toute son urgence et son dynamisme sur un format plus court. Grizzly Bear, à la place d'un album mature, a fait avec Shields un disque qui semble avoir le cul entre deux chaises et qui parfois trébuche lorsqu'il tente vainement de greffer des constructions trop pop sur la sérénité de Yellow House. Pas de panique donc, car plus de la moitié de l'album est excellente. Il reste au groupe à faire un choix artistique, car l'autre moitié patauge sévèrement...
Et ça commençait plutôt bien ! La sortie des singles "Sleeping Ute" et "Yet Again" avait fait l'unanimité ; l'ingéniosité du duo gutiare/synthé du premier et la majesté pop du deuxième flirtaient avec le merveilleux. D'ailleurs, ce ne sont pas les premières écoutes qui nous feront déchanter ; "Speak In Rounds" s'impose rapidement comme un sommet, à placer aux côtés des envolées de "Southern Point" sur l'album précédent, et la fin riche en couleur du disque ne séduit pas moins. A priori, Grizzly Bear a frappé très fort. Si seulement.
Les écoutes se multiplient, tant on pense tenir là un des albums de l'année, et c'est là que les choses se compliquent. Là que les amateurs du groupe s'entredéchireront pour savoir si oui ou non le milieu de l'album est... chiant.
Le mot est lancé. Car dès "The Hunt", au chant façon Radiohead, l'électrocardiogramme ralentit sensiblement. Les injections d'adrénalines du quatuor d'entrée cessent de faire effet, les promesses d'aventures se font traîtres et l'album devient plat. Et si "The Hunt" fait redescendre la tension, "A Simple Answer" - bien que plus rapide - est pire dans sa manière de débiter un rythme répétitif ennuyeux sur lequel se posent des mélodies trop sages pour emporter l'auditeur, jusqu'ici habitué au mouvement perpétuel et aux structures inventives héritées de Van Dyke Parks. "What's Wrong", à mon sens la piste la plus faible de l'album, accomplit l'exploit de combiner les défauts des deux chansons précédentes, donnant l'impression que Grizzly Bear vocalise dans le vide. "Gun Shy", bien que loin d'être dynamique, remonte le niveau avec sa mélodie charmante et ses voix en cascades.
Voilà, le pire est passé, c'est maintenant à "Half-Gate" qu'il incombe de nous séduire à nouveau. Et il y parvient aisément, avec son chant plein d'espoir et sa structure en vagues successives d'intensité croissante qui fleure bon l'épique comme on en trouvait sur "Speak In Rounds" ou "Yet Again". "Sun In Your Eyes", belle comme on n'osait plus l'espérer, prouve que le groupe sait toujours être apaisé ET pertinent.
Le duet final conclut admirablement un album en demi-teinte (bancal, en somme), qui aurait sûrement su garder toute son urgence et son dynamisme sur un format plus court. Grizzly Bear, à la place d'un album mature, a fait avec Shields un disque qui semble avoir le cul entre deux chaises et qui parfois trébuche lorsqu'il tente vainement de greffer des constructions trop pop sur la sérénité de Yellow House. Pas de panique donc, car plus de la moitié de l'album est excellente. Il reste au groupe à faire un choix artistique, car l'autre moitié patauge sévèrement...
Pas mal 13/20 | par X_Wazoo |
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