Chairlift
Something |
Label :
Columbia |
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Tout a commencé par un malentendu. 'Is it Ahmadinejad ?' criais-je à tue-tête avant de comprendre mon erreur en voyant le clip de "Amanaemonesia" où Caroline Polachek, recouverte d'un lycra à col roulé vert anis douteux, s'exerce au fitness alors que les paroles s'affichent en télétexte en bas de l'écran. Le tout dans une mise en scène has been au possible et des couleurs rappelant les meilleurs téléfilms allemands. Chairlift fait dans le kitch et l'auto-dérision il n'y a aucun doute – et cette hymne à Mahmoud aurait été plutôt de mauvais goût en y repensant...
Détaché du premier album qui logeait à l'adresse d'une dream pop dodelinante, parfois ombrageuse, ainsi que d'Aaron Pfenning suite à sa rupture avec Polachek (la chasse hurlante "Sidewalk Safari" en entrée a l'air de lui être consacré), le désormais duo ne fait plus dans la demie mesure. En mode safari précisément, les américains avancent bille en tête dans un imbroglio synth pop rétro expansé et gonflé à bloc. Ils puisent dans les codes eighties comme les percussions sur bouteilles de Coca et timbales de pâtes ("Wrong Opinion"), le mélange de basse cheesy sous une voile lactée de claviers ("I Belong In Your Arms") et autres synthés retro-futuristes hululant en fade on/fade off ("Amanaemonesia"), mais également dans les déviances de production de la sacro sainte pop d'aujourd'hui, très clinique, aux voix coulantes pleines de cordes vocales ("Cool As A Fire"). Si il est clair que la synth pop est branchouille aujourd'hui, Something qui s'inscrit dans la continuité de leur précédent single "Bruises", n'en a pourtant pas sa capacité commerciale. Chairlift parvient à creuser son trou en retrait grâce au mariage de la voix de Caroline Polachek, sensuelle, haut perchée et qui a du caractère, et les claviers de Patrick Wimberly multi facettes, généreux et très inspirés ("Take It Out On Me", sa meilleure partition dans un style proche de Twin Shadow) qui la booste avec panache dans ses sagas. Sans se résoudre à laisser un pouce de terrain à la facilité et à la surenchère excessive, le combo fait la part belle à la musique qui a bercé leur jeunesse avec une nostalgie certaine, mus par la peur de la savoir mourir subitement après trente ans et surtout de la voir utiliser à tour de manche par le premier groupe revival synth pop. Une grande attention est par conséquent apporté aux arrangements et aux textures pour faire comme d'antan et invoquer les grands esprits 80's. Déflagrations sourdes, effets de succion plastiques, touches world music friendly, tambourins charnels, zébrures de xylophone, rien n'est oublié et la justesse du sertissage est assez impressionnante. Une seule pièce peut-être anachronique est rapportée au tableau, un léger psychédélisme en filigrane, leur signature personnelle mais aussi du détachement qu'ils peuvent prendre sur leur devoir de mémoire et qui ressortira davantage sur les trois derniers morceaux, notamment le très aérien "Turning" et "Guilty As Charge" hybride claquant.
Clairement pop, léger et dansant, Something est un témoignage d'amour enjôleur et lustré qui allie à l'immédiateté de ses morceaux beaucoup d'élégance et intelligence. Une fenêtre maintenue ouverte sur un passé inoubliable qui regorge encore de plein de trésors et tournée aussi vers le voisinage actuel qui n'est pas incompatible et mériterait parfois une belle leçon d'humilité.
Détaché du premier album qui logeait à l'adresse d'une dream pop dodelinante, parfois ombrageuse, ainsi que d'Aaron Pfenning suite à sa rupture avec Polachek (la chasse hurlante "Sidewalk Safari" en entrée a l'air de lui être consacré), le désormais duo ne fait plus dans la demie mesure. En mode safari précisément, les américains avancent bille en tête dans un imbroglio synth pop rétro expansé et gonflé à bloc. Ils puisent dans les codes eighties comme les percussions sur bouteilles de Coca et timbales de pâtes ("Wrong Opinion"), le mélange de basse cheesy sous une voile lactée de claviers ("I Belong In Your Arms") et autres synthés retro-futuristes hululant en fade on/fade off ("Amanaemonesia"), mais également dans les déviances de production de la sacro sainte pop d'aujourd'hui, très clinique, aux voix coulantes pleines de cordes vocales ("Cool As A Fire"). Si il est clair que la synth pop est branchouille aujourd'hui, Something qui s'inscrit dans la continuité de leur précédent single "Bruises", n'en a pourtant pas sa capacité commerciale. Chairlift parvient à creuser son trou en retrait grâce au mariage de la voix de Caroline Polachek, sensuelle, haut perchée et qui a du caractère, et les claviers de Patrick Wimberly multi facettes, généreux et très inspirés ("Take It Out On Me", sa meilleure partition dans un style proche de Twin Shadow) qui la booste avec panache dans ses sagas. Sans se résoudre à laisser un pouce de terrain à la facilité et à la surenchère excessive, le combo fait la part belle à la musique qui a bercé leur jeunesse avec une nostalgie certaine, mus par la peur de la savoir mourir subitement après trente ans et surtout de la voir utiliser à tour de manche par le premier groupe revival synth pop. Une grande attention est par conséquent apporté aux arrangements et aux textures pour faire comme d'antan et invoquer les grands esprits 80's. Déflagrations sourdes, effets de succion plastiques, touches world music friendly, tambourins charnels, zébrures de xylophone, rien n'est oublié et la justesse du sertissage est assez impressionnante. Une seule pièce peut-être anachronique est rapportée au tableau, un léger psychédélisme en filigrane, leur signature personnelle mais aussi du détachement qu'ils peuvent prendre sur leur devoir de mémoire et qui ressortira davantage sur les trois derniers morceaux, notamment le très aérien "Turning" et "Guilty As Charge" hybride claquant.
Clairement pop, léger et dansant, Something est un témoignage d'amour enjôleur et lustré qui allie à l'immédiateté de ses morceaux beaucoup d'élégance et intelligence. Une fenêtre maintenue ouverte sur un passé inoubliable qui regorge encore de plein de trésors et tournée aussi vers le voisinage actuel qui n'est pas incompatible et mériterait parfois une belle leçon d'humilité.
Très bon 16/20 | par TiComo La Fuera |
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