Burial

Enfin ! Enfin Burial laisse sa créativité exploser et signe son magnum opus. J'avoue avoir été d'abord assez hostile à la hype entourant cet artiste, trouvant comme beaucoup les samples pitchés de voix soulful insupportables. Puis, les tolérant un peu mieux, j'ai pu apprécier les nappes atmosphériques de ses deux albums. Mais quelque chose manquait, l'ensemble restait définitivement trop plat. Et voilà que ce (long) EP débarque, synthétisant à la fois tout ce à quoi Burial a touché et emmenant la musique de l'artiste encore plus loin. Le premier titre éponyme et le troisième, tous deux longs de onze minutes, sont les plus similaires aux précédentes œuvres de l'Anglais et en reprennent tous les éléments emblématiques : cliquetis industriels, plages ambient et vocaux étranges. Seulement, l'ensemble est agencé d'une manière bien plus complexe et progressive, chaque partie se fondant dans la suivante avec perfection. La production est, évidemment, formidable. Et pour une fois, c'est incontestable : la musique de Burial est celle de la nuit, de la ville, des néons, du crachin sur le bitume... Si Burial et Untrue vous avaient déçu sur ce point, Kindred vous comblera enfin ! Mais ce n'est pas tout : le deuxième titre, "Loner", brusque un peu les choses en lorgnant vers l'ambient house et en imposant une excellente mélodie au synthé. Lorsque les émouvantes notes de piano finales d' "Ashtray Wasp" résonnent, il n'y a plus aucun doute : Burial vient de sortir son chef-d'œuvre, et l'une des pièces les plus importantes de la musique électronique récente. A ne surtout pas manquer, même si vous n'étiez pas client du bonhomme auparavant.