Tinariwen
Tassili |
Label :
Anti |
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Tassili est une nouvelle étape mouvementée dans la route tranquille des nomades de Tinariwen. C'est celle de la signature chez le label Anti-. Jusque là, le groupe de vétérans pratiquait leur art sous la forme d'un raï profondément mélancolique teinté de blues. Le mélange, original, nous garantissait toujours un excellent moment d'écoute, à nous laisser nous imaginer avançant machinalement dans les pièges brûlants du Sahara d'où provient le groupe. Tinariwen, depuis ses lointains débuts (ils n'enregistrent que depuis 2001), a connu de nombreux changements de line-up, dont deux décès. Mais en bons nomades ils ont simplement continué à vivre en délivrant la musique du désert un peu partout autour d'eux. Récemment, le relatif succès et les tournées mondiales ont attiré l'attention sur le modeste groupe algérien.
Anti- Records leur ouvre de nouvelles portes et leur propose de s'ouvrir à l'expérimentation. On observe déjà quelques guests intrigants qui témoignent de "l'entrée" de Tinariwen dans le monde du rock indépendant. Nels Cline, de Wilco, apporte sur le premier titre, "Immidiwan Ma Tennam", une touche de guitare ambiante qui se marie sans mal au style des algériens. Tunde Adebimpe et Kyp Malone, de TV On The Radio, prêtent leurs voix pour les chœurs de la plupart des chansons et chantent en lead sur "Tenere Taqqim Tossam". Enfin, venus depuis la Nouvelle-Orléans, deux membres du groupe de jazz Dirty Dozens Brass Band viennent ajouter des arrangements de cuivre qui détonnent tout à fait, dans le bon sens du terme, avec la sobriété guitare acoustique & percussions du groupe. Tout ce beau monde venu en plein désert, sur les plateaux rocailleux de Tassili, rien que pour eux !
À côté de ces quelques collaborations qui annoncent du renouveau chez leur classicisme buriné, le groupe garde son son si caractéristique et retourne à l'acoustique. Depuis leur dernier opus, Imidiwan, Tinariwen a débranché ses amplis. Ils officient désormais à l'acoustique, conservant leurs suites labyrinthiques de guitare rythmique sur percussions nues. Sur toute la deuxième partie de l'album, où ils officient seuls, c'est pour nous une plongée profonde dans la rudesse sablonneuse du désert. Sur les rythmes hypnotiques de ses comparses, Ibrahim Ag Alhabib conte les histoires de son peuple dans sa langue maternelle. Sur cet album, plus sombre qu'il n'en a l'air, apparaissent les sentiments contradictoires du nomade qui déplore de voir ses frères se sédentariser et quitter le désert, mais qui comprend cet état de fait en constatant l'aggravation de leurs condition de vie et la progression inexorable du grand Sahara. Du fond de leur village, ils tissent avec la même assurance leurs mélodies dépaysantes et font une nouvelle fois preuve de leur savoir-faire, qui s'appuie sur des décennies de concerts autour du monde.
L'enregistrement de Tassili est donc un petit bouleversement dans les traditions blues-raï de Tinariwen. Si leur style inimitable et leur alchimie de groupe reste heureusement inchangée, il est désormais offert au groupe la possibilité de pousser juste un peu plus loin. De s'écarter un peu de leur sentier bien connu et de s'aventurer vers de nouvelles terre. En somme, de pousser jusqu'au bout leur mode de pensée nomade ! Encore un peu timide sur Tassili, Tinariwen a l'avenir devant lui...
Mais à vrai dire, même si les algériens mettent fin à leur contrat et retournent à leurs bonnes vieilles traditions, je les suivrai avec joie dans leur prochaine traversée du désert.
Anti- Records leur ouvre de nouvelles portes et leur propose de s'ouvrir à l'expérimentation. On observe déjà quelques guests intrigants qui témoignent de "l'entrée" de Tinariwen dans le monde du rock indépendant. Nels Cline, de Wilco, apporte sur le premier titre, "Immidiwan Ma Tennam", une touche de guitare ambiante qui se marie sans mal au style des algériens. Tunde Adebimpe et Kyp Malone, de TV On The Radio, prêtent leurs voix pour les chœurs de la plupart des chansons et chantent en lead sur "Tenere Taqqim Tossam". Enfin, venus depuis la Nouvelle-Orléans, deux membres du groupe de jazz Dirty Dozens Brass Band viennent ajouter des arrangements de cuivre qui détonnent tout à fait, dans le bon sens du terme, avec la sobriété guitare acoustique & percussions du groupe. Tout ce beau monde venu en plein désert, sur les plateaux rocailleux de Tassili, rien que pour eux !
À côté de ces quelques collaborations qui annoncent du renouveau chez leur classicisme buriné, le groupe garde son son si caractéristique et retourne à l'acoustique. Depuis leur dernier opus, Imidiwan, Tinariwen a débranché ses amplis. Ils officient désormais à l'acoustique, conservant leurs suites labyrinthiques de guitare rythmique sur percussions nues. Sur toute la deuxième partie de l'album, où ils officient seuls, c'est pour nous une plongée profonde dans la rudesse sablonneuse du désert. Sur les rythmes hypnotiques de ses comparses, Ibrahim Ag Alhabib conte les histoires de son peuple dans sa langue maternelle. Sur cet album, plus sombre qu'il n'en a l'air, apparaissent les sentiments contradictoires du nomade qui déplore de voir ses frères se sédentariser et quitter le désert, mais qui comprend cet état de fait en constatant l'aggravation de leurs condition de vie et la progression inexorable du grand Sahara. Du fond de leur village, ils tissent avec la même assurance leurs mélodies dépaysantes et font une nouvelle fois preuve de leur savoir-faire, qui s'appuie sur des décennies de concerts autour du monde.
L'enregistrement de Tassili est donc un petit bouleversement dans les traditions blues-raï de Tinariwen. Si leur style inimitable et leur alchimie de groupe reste heureusement inchangée, il est désormais offert au groupe la possibilité de pousser juste un peu plus loin. De s'écarter un peu de leur sentier bien connu et de s'aventurer vers de nouvelles terre. En somme, de pousser jusqu'au bout leur mode de pensée nomade ! Encore un peu timide sur Tassili, Tinariwen a l'avenir devant lui...
Mais à vrai dire, même si les algériens mettent fin à leur contrat et retournent à leurs bonnes vieilles traditions, je les suivrai avec joie dans leur prochaine traversée du désert.
Très bon 16/20 | par X_Wazoo |
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