The Men
Leave Home |
Label :
Sacred Bones |
||||
The Men fait partie d'une tradition punk bruitiste contemporaine qui fait tout pour prouver que le hardcore n'est pas mort, à grands coups d'éclats soniques et de piaillements enragés. Enfin voilà, le punk étant ce qu'il est, ça ne dure jamais bien longtemps. Et là où The Men sort du lot, c'est qu'après quelques démos pourraves, un EP abrasif, une collaboration avec leurs compères de Nomos et un premier essai saturé de bruit et de fraîcheur juvénile ils sont toujours debout. Mieux, ils publient cette année leur album le plus abouti à ce jour chez Sacred Bones. Et l'énergie, c'est le moins qu'on puisse dire, est encore au rendez-vous et est là pour durer. Énergie qu'ils ont le bon goût de recycler en culot ; de leur bac-à-sable ils accumulent les pieds-de-nez aux plus grands. Déjà, la chanson "Oh Yoko" de leur premier LP Immaculada ne fait pas référence à la compagne de feu Lennon. Ensuite, non content de piller le riff du "Revolution" des Spacemen 3 sur leur "()", ils placent une ligne de chant de "Take Me To The Other Side" des sus-cités. Et que dire, enfin, du titre même de leur album ? Si je vous dis Ramones, ça vous parle ?
Sa longévité relative, The Men la doit aussi sans aucun doute à son éclectisme. Car mesdames et messieurs les incollables du catalogue musical des 80's et 90's alternatives, préparez-vous avec l'écoute de ce disque à ratisser un nombre indé-nombrable d'influences en pagaille. Il n'y a qu'à prendre l'ouverture de l'album, "If You Leave...", qui recycle sans vergogne (mais avec une grande maîtrise) les éléments aériens du shoegaze, tandis que la noisy-pop s'accélère dès lors que l'on arrive à l'instrumental "Lotus". Suivent deux modèles de rock bruitistes dans le genre guitares lourdes et voix rauque déchirée ; le hardcore saturé de "Think" qui illumine la fin de la face A avec son compère, "L.A.D.O.C.H.", qui est une belle leçon de sludge métal bien gras (quoiqu'entouré d'une production trop nickel pour être honnête) où se font sentir des relents de doom et de stoner. Sur "()", Spacemen 3 et son psychédélisme moderne surgissent des profondeurs de leur cave. Pendant ce temps là sur "Bataille" ressuscitent les Stooges de Raw Power qui vont forniquer joyeusement avec Sonic Youth sur un riff qui pourrait prétendre à une place sur Daydream Nation. Les teignes de The Men s'offrent même le luxe d'un frayage inattendu avec la surf-pop sur "Shittin' With the Shah", qui monte tranquillement en intensité comme le ferait un morceau des Jersey-boys de Yo La Tengo avant l'explosion finale. Enfin, pièce incongrue en conclusion d'album, "Night Landing" se permet de revenir aux fondamentaux ultimes, à l'une des premières chansons punks de l'histoire, "Hero" de Neu!. On pourrait crier à raison au plagiat, mais une fois de plus la sincérité et le savoir-faire sont au rendez-vous. Dès lors, comment leur en vouloir ?
L'éclectisme, donc, est une grande force de l'album, facile de s'identifier à ces sons familiers et à cet étalage d'influences émérites, mais c'est aussi son plus grand défaut. Car The Men, groupe indie-punk énervé, a le cul entre deux chaises à se demander que choisir entre la spontanéité et la maîtrise. Leave Home, avec sa production très propre, est un pas de plus vers la seconde option. Très agréable à écouter en 2011, l'album marquera-t-il nos mémoires quelques années plus tard ? Rien n'est moins sûr, tant on baigne dans le recyclage de styles maintes fois déclinés.
Il ne tient qu'à The Men d'essayer dans ses prochains travaux de nous faire passer un peu plus qu'un bon moment en terrain connu, si là est son objectif !
Sa longévité relative, The Men la doit aussi sans aucun doute à son éclectisme. Car mesdames et messieurs les incollables du catalogue musical des 80's et 90's alternatives, préparez-vous avec l'écoute de ce disque à ratisser un nombre indé-nombrable d'influences en pagaille. Il n'y a qu'à prendre l'ouverture de l'album, "If You Leave...", qui recycle sans vergogne (mais avec une grande maîtrise) les éléments aériens du shoegaze, tandis que la noisy-pop s'accélère dès lors que l'on arrive à l'instrumental "Lotus". Suivent deux modèles de rock bruitistes dans le genre guitares lourdes et voix rauque déchirée ; le hardcore saturé de "Think" qui illumine la fin de la face A avec son compère, "L.A.D.O.C.H.", qui est une belle leçon de sludge métal bien gras (quoiqu'entouré d'une production trop nickel pour être honnête) où se font sentir des relents de doom et de stoner. Sur "()", Spacemen 3 et son psychédélisme moderne surgissent des profondeurs de leur cave. Pendant ce temps là sur "Bataille" ressuscitent les Stooges de Raw Power qui vont forniquer joyeusement avec Sonic Youth sur un riff qui pourrait prétendre à une place sur Daydream Nation. Les teignes de The Men s'offrent même le luxe d'un frayage inattendu avec la surf-pop sur "Shittin' With the Shah", qui monte tranquillement en intensité comme le ferait un morceau des Jersey-boys de Yo La Tengo avant l'explosion finale. Enfin, pièce incongrue en conclusion d'album, "Night Landing" se permet de revenir aux fondamentaux ultimes, à l'une des premières chansons punks de l'histoire, "Hero" de Neu!. On pourrait crier à raison au plagiat, mais une fois de plus la sincérité et le savoir-faire sont au rendez-vous. Dès lors, comment leur en vouloir ?
L'éclectisme, donc, est une grande force de l'album, facile de s'identifier à ces sons familiers et à cet étalage d'influences émérites, mais c'est aussi son plus grand défaut. Car The Men, groupe indie-punk énervé, a le cul entre deux chaises à se demander que choisir entre la spontanéité et la maîtrise. Leave Home, avec sa production très propre, est un pas de plus vers la seconde option. Très agréable à écouter en 2011, l'album marquera-t-il nos mémoires quelques années plus tard ? Rien n'est moins sûr, tant on baigne dans le recyclage de styles maintes fois déclinés.
Il ne tient qu'à The Men d'essayer dans ses prochains travaux de nous faire passer un peu plus qu'un bon moment en terrain connu, si là est son objectif !
Bon 15/20 | par X_Wazoo |
Posté le 30 novembre 2011 à 15 h 12 |
A une période où l'on regrette encore avec une forte nostalgie la scène post-hardcore des années 90 (principalement les labels Dischord et Touch & Go) ou plus fraîchement At The Drive-In ou les Blood Brothers, tant il n'y a plus rien de bon dans ce créneau depuis presque dix ans, surgit un énième postulant pour tenter de rallumer la flamme: ils s'appellent The Men et proviennent de Brooklyn. Et c'est plutôt bien parti parce que ces américains-là sont signés chez Sacred Bones, peut-être LE label de l'année 2011 ? The Men s'installe en tous les cas sur un catalogue qui arbore fièrement Zola Jesus, Crystal Stilts, Psychic Ills, Blank Dogs ou encore Cult of Youth.
Leave Home va puiser dans un amas de références considérables de la scène noisy: Quicksand, Black Flag, Slowdive, The Jesus Lizard, Mudhoney, Khanate, Spacemen 3, Fugazi ou encore Sonic Youth font partie des disques de chevet du groupe. Pourtant, bon nombre d'artistes (trop!) ont abusé de cette formule et ont fini (ou commencé) par royalement se planter avant même d'avoir allumé la mécanique. Certains ont même fini par nous faire penser à des groupes de reprises tellement c'était affligeant et minable. The Men prend en tout cas le risque de sauter presque abusivement d'un style à l'autre et ça marche. En ne laissant aucun moment de répit tout en éjaculant sa rage d'un bout à l'autre de son album, The Men bombarde le son avec un engin incroyable et rafraichissant. Comme si on pouvait enfin laisser parler cette haine et frustration enfuies en nous depuis 2001. Bien sûr, on pourra dire qu'ils n'ont strictement rien inventé, mais ce n'est pas pour autant blâmable, car The Men met vraiment le paquet pour un résultat addictif, malsain, dément et abrasif. Par la même occasion, ils décourageront peut-être enfin les mauvais imitateurs de cette fabuleuse scène américaine. Au final, c'est l'album de l'année qu'il faut écouter de toute urgence, rien que ça !
Leave Home va puiser dans un amas de références considérables de la scène noisy: Quicksand, Black Flag, Slowdive, The Jesus Lizard, Mudhoney, Khanate, Spacemen 3, Fugazi ou encore Sonic Youth font partie des disques de chevet du groupe. Pourtant, bon nombre d'artistes (trop!) ont abusé de cette formule et ont fini (ou commencé) par royalement se planter avant même d'avoir allumé la mécanique. Certains ont même fini par nous faire penser à des groupes de reprises tellement c'était affligeant et minable. The Men prend en tout cas le risque de sauter presque abusivement d'un style à l'autre et ça marche. En ne laissant aucun moment de répit tout en éjaculant sa rage d'un bout à l'autre de son album, The Men bombarde le son avec un engin incroyable et rafraichissant. Comme si on pouvait enfin laisser parler cette haine et frustration enfuies en nous depuis 2001. Bien sûr, on pourra dire qu'ils n'ont strictement rien inventé, mais ce n'est pas pour autant blâmable, car The Men met vraiment le paquet pour un résultat addictif, malsain, dément et abrasif. Par la même occasion, ils décourageront peut-être enfin les mauvais imitateurs de cette fabuleuse scène américaine. Au final, c'est l'album de l'année qu'il faut écouter de toute urgence, rien que ça !
Excellent ! 18/20
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