Atlas Sound
Parallax |
Label :
4AD |
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Bradford Cox doit être un homme stressé. Tête pensante de Deerhunter et menant une carrière solo avec Atlas Sound, il nous offre ce Parallax à peine un an après Halcyon Digest (album unanimement salué par la critique) et deux ans après Logos (lui aussi très bien reçu à l'époque). Or beaucoup l'attendent au tournant : on lui reprochait déjà de faire du Atlas Sound-like sur le dernier Deerhunter ou vice-versa, il fallait sortir la grosse artillerie pour succéder aux "Shelia" ou "An Orchid". Un vrai casse-tête chinois.
Malgré tout, on le sentait venir, ce vent chaud et agréable du succès. Peut-être pas l'album de l'année, mais juste l'expression nouvelle du génie musical qu'est Bradford Cox. Ca allait faire mal, ça allait être vachement bien. A coups de quatre singles dévoilés ces toutes dernières semaines, se profilait un album d'automne exquis et délicat. Le plaisir d'autrefois, celui de la découverte de l'album le jour de sa sortie est sans doute gâché – et là n'est pas le débat. D'autres, meilleurs que moi, en discuteront ici même - , mais qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse, disait le poète. Et il avait sacrément raison.
En effet, les effluves distillés par Parallax sont de ceux suscités par les plus grands crus, à la fois fruités, éthérés et cotonneux. Bradford Cox, au final, ne se situe jamais où on ne l'attend. Il nous emmitoufle dans une chaude couverture, et nous chuchote à l'oreille. Il entame son disque par deux morceaux – "The Shakers" et "Amplifiers", la première légère, la seconde beaucoup plus sinistre - qui n'auraient pas eu à rougir si elles avaient été glissées dans la tracklist de Halcyon Digest ; nous emporte vers des contrées plus minimalistes, toutes en rondeur, avec "Modern Aquatic Nightsongs", ou des paysages plus mielleux et électroniques avec "Te Amo". Un vrai crooner (la pochette ne me contredira pas) se révèle au grand jour, une voix sensuelle coincée dans ce corps squelettique et malade. "Parallax" et "My Angel is Broken" reviennent en des terres pop-rock plus classiques, mais toutefois de belle facture. Et si la fin de l'album se traînera en longueur et en passages moins surprenants, on succombera sans broncher ou résister à l'acoustique "Terra Incognita", instant de grâce immédiate et désespérée : la solitude dans un espace infini mise en musique.
Bradford Cox se paye même le luxe de nous offrir la perle pop de l'année, le digne successeur de "Walkabout". Ne la cherchez plus, elle est là. En compagnie d'Andrew VanWyngarden (MGMT), qui fait sonner son piano comme du John Lennon solo de la première heure, reconnaissable entre milles avec ses chœurs discrets, "Mona Lisa" est la pièce la plus accessible de l'opus, la plus surprenante et la plus efficace aussi. Cox nous parle de "fantasies" et de "galaxies". Le moment de répit de l'album, sourire aux lèvres.
Beaucoup ont parlé de ce dernier Atlas Sound comme d'un album "science-fiction". Pourquoi pas, mais au-delà de ce qualificatif, Parallax est la compilation de morceaux la plus intime que Bradford Cox ait pu nous proposer jusqu'à aujourd'hui. La tâche sera ardue, mais à lui de nous surprendre encore, seul ou en groupe. On n'attend que ça.
Malgré tout, on le sentait venir, ce vent chaud et agréable du succès. Peut-être pas l'album de l'année, mais juste l'expression nouvelle du génie musical qu'est Bradford Cox. Ca allait faire mal, ça allait être vachement bien. A coups de quatre singles dévoilés ces toutes dernières semaines, se profilait un album d'automne exquis et délicat. Le plaisir d'autrefois, celui de la découverte de l'album le jour de sa sortie est sans doute gâché – et là n'est pas le débat. D'autres, meilleurs que moi, en discuteront ici même - , mais qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse, disait le poète. Et il avait sacrément raison.
En effet, les effluves distillés par Parallax sont de ceux suscités par les plus grands crus, à la fois fruités, éthérés et cotonneux. Bradford Cox, au final, ne se situe jamais où on ne l'attend. Il nous emmitoufle dans une chaude couverture, et nous chuchote à l'oreille. Il entame son disque par deux morceaux – "The Shakers" et "Amplifiers", la première légère, la seconde beaucoup plus sinistre - qui n'auraient pas eu à rougir si elles avaient été glissées dans la tracklist de Halcyon Digest ; nous emporte vers des contrées plus minimalistes, toutes en rondeur, avec "Modern Aquatic Nightsongs", ou des paysages plus mielleux et électroniques avec "Te Amo". Un vrai crooner (la pochette ne me contredira pas) se révèle au grand jour, une voix sensuelle coincée dans ce corps squelettique et malade. "Parallax" et "My Angel is Broken" reviennent en des terres pop-rock plus classiques, mais toutefois de belle facture. Et si la fin de l'album se traînera en longueur et en passages moins surprenants, on succombera sans broncher ou résister à l'acoustique "Terra Incognita", instant de grâce immédiate et désespérée : la solitude dans un espace infini mise en musique.
Bradford Cox se paye même le luxe de nous offrir la perle pop de l'année, le digne successeur de "Walkabout". Ne la cherchez plus, elle est là. En compagnie d'Andrew VanWyngarden (MGMT), qui fait sonner son piano comme du John Lennon solo de la première heure, reconnaissable entre milles avec ses chœurs discrets, "Mona Lisa" est la pièce la plus accessible de l'opus, la plus surprenante et la plus efficace aussi. Cox nous parle de "fantasies" et de "galaxies". Le moment de répit de l'album, sourire aux lèvres.
Beaucoup ont parlé de ce dernier Atlas Sound comme d'un album "science-fiction". Pourquoi pas, mais au-delà de ce qualificatif, Parallax est la compilation de morceaux la plus intime que Bradford Cox ait pu nous proposer jusqu'à aujourd'hui. La tâche sera ardue, mais à lui de nous surprendre encore, seul ou en groupe. On n'attend que ça.
Excellent ! 18/20 | par GrotesqueAnimal |
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