Laurie Anderson
Strange Angels |
Label :
Warner |
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Laurie Anderson, on l'a dit, c'est beaucoup de chose. C'est tout d'abord une femme ambitieuse et talentueuse. En 1981, c'est la mise en place d'un véritable monde à part. C'est l'incroyable percée commerciale d'une musique libérée de tout carcan, conçue par un esprit libre et violemment indépendant. Déjà en 1982, avec en vitrine le subtil et archi-samplé "O Superman", Big Science fait trembler le petit monde de la musique électronique et intrigue par la beauté simple et profonde qui émane de son minimalisme. Déroutante, Anderson continue de l'être avec Mister Heartbreak, perpétuant sa propre tradition de storyteller tout en chant parlé délicat. Elle continue d'ouvrir ses horizons et sa musique se retrouve ponctuée d'instruments plus exotiques les uns que les autres et de collaborations prestigieuses sans pour autant sortir de son propre jardin intime. Sans parler des concerts "United States Live I - IV", quatre sets d'une ambition sans précédents qu'elle organisa à Brooklyn, donnant du grain à moudre à la Grosse Pomme pour les années à suivre. Il faudra attendre la fin de la décennie 80 pour voir arriver le troisième album studio de la Dame Technologie. Six ans ont passé depuis son dernier album (sans compter la BO du film Home Of The Brave), et sa musique a changé. Enfin, évolué serait un terme plus exact.
Le minimalisme développé au long de sa prime carrière laisse place à une farandole d'instruments divers et d'arrangements complexes rivalisant d'habileté, nous donnant un album résolument extraverti et de fait son plus accessible. Mais comme je vois venir les adorateurs de l'expérimental chez qui "accessible" est rarement prononcé sans mépris, je dois m'expliquer.
Déjà, la production typique 80's abonde ici, avec la réverb', le batteur qui nous montre son gros beat, etc. Mais curieusement, à aucun moment on ne se sent lassé par cette prod, et l'on est de toute manière très vite aspiré par les fresques excentriques d'Anderson pour n'en sortir que trois quarts d'heure plus tard. Bercé par le morceau titre, on bascule rapidement vers l'exubérance explosive de "Monkey's Paw". À partir de là, on ne lâche plus la Dame, qui nous emmène d'une ambiance à l'autre sans autre forme de procès. Balancés que nous sommes de la cérémoniale "Coolsville" à la sereine "Hiawatha" en passant par l'intimidation vitaminée de "The Day The Devil" et les revendications de "Beautiful Red Dress", on ne sait plus où donner de la tête. Au bout d'un moment on se rend compte d'un autre changement. Laurie Anderson chante ! Sur toutes les chansons, elle y va de son organe pour chatouiller les extrêmes de son ambitus vocal. Le spoken-word est toujours là, mais par bribes comparé au chant qui est omniprésent (à l'inverse de ce qu'elle avait l'habitude d'offrir)
Ses textes sont toujours aussi finement écrits, en témoigne la parenthèse revendicative de "Beautiful Red Dress" : "I just want to say something/You know, for every dollar a man makes/A woman makes 63 cents/Now, fifty years ago that was 62 cents/So, with that kind of luck, it'll be the year 3888/Before we make a buck/But hey, girls?"
Accompagnée de ses musiciens habituels (Van Tieghem et Belew pour ne citer qu'eux) et d'une bonne poignée de vocalistes et de chœurs pour l'assister dans ce qui restera comme une célébration de la musique d'où qu'elle vienne, Anderson nous livre un album sans concept sous-jacent dans lequel l'auditeur n'aura aucun mal à s'intégrer (à la différence des précédents albums, plus dur d'accès), pour le meilleur !
L'illustration parfaite de la vision d'un album pop par Laurie Anderson.
Le minimalisme développé au long de sa prime carrière laisse place à une farandole d'instruments divers et d'arrangements complexes rivalisant d'habileté, nous donnant un album résolument extraverti et de fait son plus accessible. Mais comme je vois venir les adorateurs de l'expérimental chez qui "accessible" est rarement prononcé sans mépris, je dois m'expliquer.
Déjà, la production typique 80's abonde ici, avec la réverb', le batteur qui nous montre son gros beat, etc. Mais curieusement, à aucun moment on ne se sent lassé par cette prod, et l'on est de toute manière très vite aspiré par les fresques excentriques d'Anderson pour n'en sortir que trois quarts d'heure plus tard. Bercé par le morceau titre, on bascule rapidement vers l'exubérance explosive de "Monkey's Paw". À partir de là, on ne lâche plus la Dame, qui nous emmène d'une ambiance à l'autre sans autre forme de procès. Balancés que nous sommes de la cérémoniale "Coolsville" à la sereine "Hiawatha" en passant par l'intimidation vitaminée de "The Day The Devil" et les revendications de "Beautiful Red Dress", on ne sait plus où donner de la tête. Au bout d'un moment on se rend compte d'un autre changement. Laurie Anderson chante ! Sur toutes les chansons, elle y va de son organe pour chatouiller les extrêmes de son ambitus vocal. Le spoken-word est toujours là, mais par bribes comparé au chant qui est omniprésent (à l'inverse de ce qu'elle avait l'habitude d'offrir)
Ses textes sont toujours aussi finement écrits, en témoigne la parenthèse revendicative de "Beautiful Red Dress" : "I just want to say something/You know, for every dollar a man makes/A woman makes 63 cents/Now, fifty years ago that was 62 cents/So, with that kind of luck, it'll be the year 3888/Before we make a buck/But hey, girls?"
Accompagnée de ses musiciens habituels (Van Tieghem et Belew pour ne citer qu'eux) et d'une bonne poignée de vocalistes et de chœurs pour l'assister dans ce qui restera comme une célébration de la musique d'où qu'elle vienne, Anderson nous livre un album sans concept sous-jacent dans lequel l'auditeur n'aura aucun mal à s'intégrer (à la différence des précédents albums, plus dur d'accès), pour le meilleur !
L'illustration parfaite de la vision d'un album pop par Laurie Anderson.
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
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