Antony And The Johnsons
Swanlights |
Label :
Secretly Canadian |
||||
Everything... everything is new
Mélancoliques, les premières notes retentissent et se dissipent. Le chant à moitié parlé d'Antony s'élève pour répéter sa litanie... Tout est neuf, tout est neuf. À commencer par la voix d'Antony ici, que l'on perçoit moins lyrique qu'à l'accoutumé. Proche de nous, il nous délivre une fois de plus ses confessions et son mal être. L'âme féminine coincée dans son corps d'homme étale son spleen dans un nouveau témoignage. Dépouillé, le "Grand Océan Blanc" se déverse en nos tympans affectés dans son plus simple appareil. Une note de violon tenue de bout en bout, une guitare catalane fugace, les murmures spectraux d'un Antony serein. Il en faut rarement plus à l'arrangeur le plus inspiré de ces dernières années pour nous plonger dans son monde de grâce et de sentimentalisme assumé (et revendiqué). Seul face à lui-même, face à sa condition de grand inadapté, Antony se double et se dédouble, s'harmonise, fait entrer en résonance ses vibratos de castrat. Sur "Fletta", Björk vient tenir la main solitaire d'Antony le temps d'une chanson. Les deux personnalités se mêlent à merveille et à aucun moment l'apparition de l'Islandaise ne fait office d'intrusion ; l'univers introverti du chanteur a rencontré celui, intime aussi, de Björk et le résultat en est une couleur différente mais complémentaire à celle du reste de l'album. "Swanlights", la chanson, part en contresens, l'écho inversé de la voix d'Antony et de ses instruments en tête. S'installe alors le climat le plus intense de l'album. Un magma d'échos de guitares électriques saturées s'infiltre insidieusement en fond, telle une ombre bienveillante de My Bloody Valentine. Tout y est calme, contemplatif, on observe intrigué Antony se livrer à un chant oriental, on imagine les fumées hallucinatoires alors qu'arrive, majestueux, le piano qui accompagnera le morceau jusqu'à son fade out.
Depuis ses débuts, Antony Hegarty a bien grandi. Lancé par Lou Reed, il continue de prouver à tous qu'il peut voler de ses propres ailes, 5 ans après la sortie du magique I Am A Bird Now. Antony a choisi sa voie, il déambule dans les méandres de sa propre personnalité ambigüe, en observe le décor hétéroclite et y puise des chansons qui n'appartiennent qu'à lui et qu'il est le seul à pouvoir nous délivrer. Tout autre serait bloqué par la barrière de l'excès. Mais l'excès, Antony en a fait sa marque de fabrique. Qui oserait chanter une chanson comme "The Spirit Was Gone" sans sombrer dans la niaiserie ? Qui pourrait aborder l'Amour et la Mort (voire l'amour de la mort) comme thèmes principaux sans se casser inévitablement la gueule sur les clichés ? La magie et le don d'Antony, c'est sa mise à nu sans compromis, c'est la sincérité de ses émotions et de sa démarche. Par conséquent, on peut aussi bien être comblé que rebuté par les sentiments en rafale exprimés sans pudeur dans l'œuvre d'Antony. En écrivant à son propos, on ne peut être que subjectif, car l'objectivité n'existe pas chez le chanteur, tant il doit sans cesse se raccrocher à lui-même pour continuer à se supporter.
Antony ne sera sûrement jamais en paix, confronté à son anormalité. Et si tisser des disques constellés de perles est sa manière de crier son injustice, alors prions égoïstement qu'il continuera à se battre contre lui-même. Mais, comme Antony décrira son travail sur l'album "a collision between joy and a sense of hopelessness", c'est dans son art qu'il se complaît et c'est en le pratiquant qu'il trouve sa joie. En transformant son désespoir en source de joie pour lui et pour nous.
Thank you for your love, Antony.
Mélancoliques, les premières notes retentissent et se dissipent. Le chant à moitié parlé d'Antony s'élève pour répéter sa litanie... Tout est neuf, tout est neuf. À commencer par la voix d'Antony ici, que l'on perçoit moins lyrique qu'à l'accoutumé. Proche de nous, il nous délivre une fois de plus ses confessions et son mal être. L'âme féminine coincée dans son corps d'homme étale son spleen dans un nouveau témoignage. Dépouillé, le "Grand Océan Blanc" se déverse en nos tympans affectés dans son plus simple appareil. Une note de violon tenue de bout en bout, une guitare catalane fugace, les murmures spectraux d'un Antony serein. Il en faut rarement plus à l'arrangeur le plus inspiré de ces dernières années pour nous plonger dans son monde de grâce et de sentimentalisme assumé (et revendiqué). Seul face à lui-même, face à sa condition de grand inadapté, Antony se double et se dédouble, s'harmonise, fait entrer en résonance ses vibratos de castrat. Sur "Fletta", Björk vient tenir la main solitaire d'Antony le temps d'une chanson. Les deux personnalités se mêlent à merveille et à aucun moment l'apparition de l'Islandaise ne fait office d'intrusion ; l'univers introverti du chanteur a rencontré celui, intime aussi, de Björk et le résultat en est une couleur différente mais complémentaire à celle du reste de l'album. "Swanlights", la chanson, part en contresens, l'écho inversé de la voix d'Antony et de ses instruments en tête. S'installe alors le climat le plus intense de l'album. Un magma d'échos de guitares électriques saturées s'infiltre insidieusement en fond, telle une ombre bienveillante de My Bloody Valentine. Tout y est calme, contemplatif, on observe intrigué Antony se livrer à un chant oriental, on imagine les fumées hallucinatoires alors qu'arrive, majestueux, le piano qui accompagnera le morceau jusqu'à son fade out.
Depuis ses débuts, Antony Hegarty a bien grandi. Lancé par Lou Reed, il continue de prouver à tous qu'il peut voler de ses propres ailes, 5 ans après la sortie du magique I Am A Bird Now. Antony a choisi sa voie, il déambule dans les méandres de sa propre personnalité ambigüe, en observe le décor hétéroclite et y puise des chansons qui n'appartiennent qu'à lui et qu'il est le seul à pouvoir nous délivrer. Tout autre serait bloqué par la barrière de l'excès. Mais l'excès, Antony en a fait sa marque de fabrique. Qui oserait chanter une chanson comme "The Spirit Was Gone" sans sombrer dans la niaiserie ? Qui pourrait aborder l'Amour et la Mort (voire l'amour de la mort) comme thèmes principaux sans se casser inévitablement la gueule sur les clichés ? La magie et le don d'Antony, c'est sa mise à nu sans compromis, c'est la sincérité de ses émotions et de sa démarche. Par conséquent, on peut aussi bien être comblé que rebuté par les sentiments en rafale exprimés sans pudeur dans l'œuvre d'Antony. En écrivant à son propos, on ne peut être que subjectif, car l'objectivité n'existe pas chez le chanteur, tant il doit sans cesse se raccrocher à lui-même pour continuer à se supporter.
Antony ne sera sûrement jamais en paix, confronté à son anormalité. Et si tisser des disques constellés de perles est sa manière de crier son injustice, alors prions égoïstement qu'il continuera à se battre contre lui-même. Mais, comme Antony décrira son travail sur l'album "a collision between joy and a sense of hopelessness", c'est dans son art qu'il se complaît et c'est en le pratiquant qu'il trouve sa joie. En transformant son désespoir en source de joie pour lui et pour nous.
Thank you for your love, Antony.
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
En ligne
276 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages