Diamanda Galas
The Sporting Life |
Label :
Mute |
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Pendant que Page et Coverdale s'amusent gentiment dans leur sphère rock'n roll ennuyeuse et molasse, le laissé-pour-compte John Paul Jones s'accoquine avec la grande prêtresse de la désespérance : Diamanda Galas. Cette union, surprenante d'un point de vue musical si l'on se réfère à leurs carrières respectives, semble pourtant parfaitement fonctionner, du moins si l'on en croit les sourires, effrayants certes, de Diamanda, nippée comme une pin-up de magazine et batifolant sur un capot de voiture. Ahurissant.
À présent, une pique gratuite et dont je serais fâché de faire l'économie : il faudrait que tous les groupes de petits péteux qui trouvent que c'est cool de jouer en duo (basse – batterie, guitare – batterie, triangle – cornemuse, peu importe) et avec lesquels on nous bassine comme quoi ils révolutionnent le rock, devraient écouter "The Sporting Life" pour enfin comprendre ce que c'est que d'avoir du groove, un vrai gros son et le sens du rythme. Parce que dans cet album post zeppelin, on peut dire qu'il se fait plaisir le Paulo ! Il envoie du très très lourd et il n'y a pas un guitariste soliste à l'horizon pour venir lui brouter l'herbe sur la partition ! "Skotoseme" pourrait être l'unique composition de cette rencontre, cela suffirait à notre bonheur. Jones balance des riffs de plusieurs tonnes, épaulé par un batteur millimétrique, pendant que Galas devance Patton de quelques années lumières en assénant alternativement scats, onomatopées, stridences diverses et envolées lyriques. Présenté ainsi, l'auditeur peut avoir un instant le sentiment que ces deux artistes se contentent de faire percuter leurs deux créativités sans véritable osmose, mais la suite de l'album démontre rapidement le contraire. Je ne sais pas si c'est Jones qui a su canaliser la fureur intrinsèque de Diamanda ou si cette dernière exploite une nouvelle corde de son arc, mais force est de constater qu'elle s'adapte parfaitement aux vapeurs rock 70's que dévoie le bassiste. La reprise soul de "Dark End Of The Street", tout orgue dehors, fait l'effet lacrymal d'un "When A Man Loves A Woman", enchaîné avec le très swinguant "You're Mine" qui voit naître le spectre défoncé de Janis... D'autres titres, tels que "Tony", pourtant écrit par Diamanda ressuscite l'esprit du grand Led Zep et ce sont alors cinq minutes de magie pure, belles comme un "Dazed And Confused".
Il n'y a décidément rien à jeter sur "The Sporting Life". L'album s'achève dans les vapeurs orientales de "Hex" où Jones fait encore parler toute la puissance de son jeu et l'on se rend compte du fossé qui sépare ses nouvelles aspirations musicales de celle de ses anciens acolytes. Idéal pour pénétrer l'univers de Galas, car beaucoup plus abordable que ses œuvres solos, c'est également l'un des plus belles pièces de rock qu'il m'ait été donné d'écouter, enfantée par deux monstres ne prenant rien pour acquis, toujours à la recherche du frisson expérimental.
Avec le recul, je me dis que "The Crucible", d'un autre John (Zorn), est grandement redevable à "The Sporting Life". Comme hommage, on aura connu pire.
À présent, une pique gratuite et dont je serais fâché de faire l'économie : il faudrait que tous les groupes de petits péteux qui trouvent que c'est cool de jouer en duo (basse – batterie, guitare – batterie, triangle – cornemuse, peu importe) et avec lesquels on nous bassine comme quoi ils révolutionnent le rock, devraient écouter "The Sporting Life" pour enfin comprendre ce que c'est que d'avoir du groove, un vrai gros son et le sens du rythme. Parce que dans cet album post zeppelin, on peut dire qu'il se fait plaisir le Paulo ! Il envoie du très très lourd et il n'y a pas un guitariste soliste à l'horizon pour venir lui brouter l'herbe sur la partition ! "Skotoseme" pourrait être l'unique composition de cette rencontre, cela suffirait à notre bonheur. Jones balance des riffs de plusieurs tonnes, épaulé par un batteur millimétrique, pendant que Galas devance Patton de quelques années lumières en assénant alternativement scats, onomatopées, stridences diverses et envolées lyriques. Présenté ainsi, l'auditeur peut avoir un instant le sentiment que ces deux artistes se contentent de faire percuter leurs deux créativités sans véritable osmose, mais la suite de l'album démontre rapidement le contraire. Je ne sais pas si c'est Jones qui a su canaliser la fureur intrinsèque de Diamanda ou si cette dernière exploite une nouvelle corde de son arc, mais force est de constater qu'elle s'adapte parfaitement aux vapeurs rock 70's que dévoie le bassiste. La reprise soul de "Dark End Of The Street", tout orgue dehors, fait l'effet lacrymal d'un "When A Man Loves A Woman", enchaîné avec le très swinguant "You're Mine" qui voit naître le spectre défoncé de Janis... D'autres titres, tels que "Tony", pourtant écrit par Diamanda ressuscite l'esprit du grand Led Zep et ce sont alors cinq minutes de magie pure, belles comme un "Dazed And Confused".
Il n'y a décidément rien à jeter sur "The Sporting Life". L'album s'achève dans les vapeurs orientales de "Hex" où Jones fait encore parler toute la puissance de son jeu et l'on se rend compte du fossé qui sépare ses nouvelles aspirations musicales de celle de ses anciens acolytes. Idéal pour pénétrer l'univers de Galas, car beaucoup plus abordable que ses œuvres solos, c'est également l'un des plus belles pièces de rock qu'il m'ait été donné d'écouter, enfantée par deux monstres ne prenant rien pour acquis, toujours à la recherche du frisson expérimental.
Avec le recul, je me dis que "The Crucible", d'un autre John (Zorn), est grandement redevable à "The Sporting Life". Comme hommage, on aura connu pire.
Excellent ! 18/20 | par Arno Vice |
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