Caribou
Swim |
Label :
Merge |
||||
Qui aurait cru après Andorra que Dan Snaith sous ses allures de professeur de mathématiques allait nous présenter un album comme celui-ci ?
Et pourtant...
Déjà la dernière piste , Niobe annonçait surement ce qui suit; sorte de lente progression de la torpeur vers l'extase aux accents électroniques incroyablement justes.
Et cette année nous voilà avec un album bâtard sorti tout droit d'un esprit plus torturé et passionné qu'on n'osait déjà l'imaginé.
À ne pas s'y tromper, Swim est loin d'être un album solaire ou en tout cas si il l'est, c'est par épuisement. La pochette est d'ailleurs symptomatique de la musique qu'elle cache, figures géométriques et méticuleuses pour de l'abstraction libre à foison, ondes aquatiques pour fleurs stellaires.
Tout à commencé par le single "Odessa" sorti quelques mois plutôt où Caribou semblait nous signifier son amour très sucré pour Eisenstein et ses escaliers qu'il met en musique comme un diabétique.
"Odessa" sonne comme une chanson honteuse que Dan Snaith n'aurait jamais voulu montrer, sauf si il construisait un album de la même facture. Et bien évidemment il l'avait cet album.
Certains ont pris Caribou au pied de la lettre et on juger cet album comme "une tentative dance-aquatique". Ils ont alors fait un exercice scolaire d'écoute quand on leur proposait une expérience nouvelle.
La musique éléctronique semble connaître un sommet ses derniers temps; si l'on en croit les nouvelles symphonies de Flying Lotus, l'album capiteux de Four Tet, les fièvres de Trentemoller, les décombres calculés de Pan Sonic ou encore la dentelle de Pantha Du Prince.
Par dessus le marché Caribou balance ici un album théorématique d'une intimité assez dérangeante.
Rien que "Sun" se révèle complètement déconcertante de génie. Les motifs répétitifs aussi bien de paroles que de sons électroniques mène à une saccade de la chanson qui s'emballe pour finir en une transe , hymne à un soleil noir.
À la Route du Rock , c'est vers 3h20 du matin que Dan Snaith et ses compatriotes choisissent de finir leur set par "Sun". Ils doublent sa durée, et à l'aide de deux batteries ils donnent à la chanson des allures tribales qui semblent après coup complètement évidentes. Et l'effet est là, la foule danse, regarde la scène avec passion, prend la fatigue pour une drogue et acclame.
Le clip de "Sun" n'en est que plus retentissant, surement l'un des meilleurs cette année.
Ce qu'il y a de formidable dans l'album est que Caribou se fout de toute construction classique propice à une danse sans encombres. Il crée ses chansons comme il les entend, des éloges (souvent à des femmes d'ailleurs) motivés par amour pour la musique. "Kaili" pour preuve , finissant sans aucune basses , ni rythme "dance"; de simples superposition en canon. Surimpressions extatiques sur lesquelles un cuivre hurle. Putain... C'est un album acharné, obsessionnel qui transpire la douleur précédant de peu une joie sans nom.
"Bowls". On parlait de teintes tribales et de transes plus haut... il suffit d'écouter et de danser. La progression est juste parfaite.
Quelques minutes plus tard Caribou ose même l'esquisse de chanson, "Lalibela", lovée dans une ambiance ouateuse. On ne peut lui reprocher la facilité, la chanson est faite pour être courte et avortée comme elle l'est. Il paraît alors évident que Dan Snaith est de ses hommes qui aiment à s'en oublier, qui aiment jusqu'à s'abandonner, se noyer.
Et puis, étonnement l'album se termine apaisé après un dernier émerveillement pour une femme au nom tropical; le silence trône comme si l'on avait raté la fin. Mais rien n'a été raté, hormis ma tentative de mettre quelques mots, espérés justes, sur une telle pièce de maître.
Merci.
Laissez-moi nager maintenant.
Et pourtant...
Déjà la dernière piste , Niobe annonçait surement ce qui suit; sorte de lente progression de la torpeur vers l'extase aux accents électroniques incroyablement justes.
Et cette année nous voilà avec un album bâtard sorti tout droit d'un esprit plus torturé et passionné qu'on n'osait déjà l'imaginé.
À ne pas s'y tromper, Swim est loin d'être un album solaire ou en tout cas si il l'est, c'est par épuisement. La pochette est d'ailleurs symptomatique de la musique qu'elle cache, figures géométriques et méticuleuses pour de l'abstraction libre à foison, ondes aquatiques pour fleurs stellaires.
Tout à commencé par le single "Odessa" sorti quelques mois plutôt où Caribou semblait nous signifier son amour très sucré pour Eisenstein et ses escaliers qu'il met en musique comme un diabétique.
"Odessa" sonne comme une chanson honteuse que Dan Snaith n'aurait jamais voulu montrer, sauf si il construisait un album de la même facture. Et bien évidemment il l'avait cet album.
Certains ont pris Caribou au pied de la lettre et on juger cet album comme "une tentative dance-aquatique". Ils ont alors fait un exercice scolaire d'écoute quand on leur proposait une expérience nouvelle.
La musique éléctronique semble connaître un sommet ses derniers temps; si l'on en croit les nouvelles symphonies de Flying Lotus, l'album capiteux de Four Tet, les fièvres de Trentemoller, les décombres calculés de Pan Sonic ou encore la dentelle de Pantha Du Prince.
Par dessus le marché Caribou balance ici un album théorématique d'une intimité assez dérangeante.
Rien que "Sun" se révèle complètement déconcertante de génie. Les motifs répétitifs aussi bien de paroles que de sons électroniques mène à une saccade de la chanson qui s'emballe pour finir en une transe , hymne à un soleil noir.
À la Route du Rock , c'est vers 3h20 du matin que Dan Snaith et ses compatriotes choisissent de finir leur set par "Sun". Ils doublent sa durée, et à l'aide de deux batteries ils donnent à la chanson des allures tribales qui semblent après coup complètement évidentes. Et l'effet est là, la foule danse, regarde la scène avec passion, prend la fatigue pour une drogue et acclame.
Le clip de "Sun" n'en est que plus retentissant, surement l'un des meilleurs cette année.
Ce qu'il y a de formidable dans l'album est que Caribou se fout de toute construction classique propice à une danse sans encombres. Il crée ses chansons comme il les entend, des éloges (souvent à des femmes d'ailleurs) motivés par amour pour la musique. "Kaili" pour preuve , finissant sans aucune basses , ni rythme "dance"; de simples superposition en canon. Surimpressions extatiques sur lesquelles un cuivre hurle. Putain... C'est un album acharné, obsessionnel qui transpire la douleur précédant de peu une joie sans nom.
"Bowls". On parlait de teintes tribales et de transes plus haut... il suffit d'écouter et de danser. La progression est juste parfaite.
Quelques minutes plus tard Caribou ose même l'esquisse de chanson, "Lalibela", lovée dans une ambiance ouateuse. On ne peut lui reprocher la facilité, la chanson est faite pour être courte et avortée comme elle l'est. Il paraît alors évident que Dan Snaith est de ses hommes qui aiment à s'en oublier, qui aiment jusqu'à s'abandonner, se noyer.
Et puis, étonnement l'album se termine apaisé après un dernier émerveillement pour une femme au nom tropical; le silence trône comme si l'on avait raté la fin. Mais rien n'a été raté, hormis ma tentative de mettre quelques mots, espérés justes, sur une telle pièce de maître.
Merci.
Laissez-moi nager maintenant.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par -Minuit- |
Posté le 28 janvier 2012 à 19 h 42 |
Swim est la métamorphose de Caribou. Celle du passage de l'électronica confidentielle élaborée avec un kit d'apprenti laborantin avec une confiance toute relative, à une électronique chromatique et massive d'un aplomb trempé. Dan Snaith passe au niveau supérieur en bidouilles. Les compositions faites de toutes pièces de pistes instrumentales se voient gagner en rondeurs, en amplitude et en profondeur (de champs) : synthé techno pour "Bowls", flûte tranquille pour "Leave House"... sans oublier la voix fantomatique du londonien sur le frénétique "Sun". Cette grandeur manifeste prend appui sur un potentiel présent depuis longtemps, celui de manipuler les samples et d'avoir le jazz facile, en y ajoutant ce qu'il manquait : du pragmatisme pour faire danser qui éclate ici royalement. "Odessa" et "Sun" loin devant. Sans cacher ses racines, Snaith engendre une house à la fois minimale et sophistiquée à coup de big beats et une production au poil. Avec pour constante, ses atouts organiques et aériens intacts qui abreuvent ce cocktail exotique. Un costume d'apparat pour rembourrer, apprêter sa carcasse sans faire non plus le concours du plus gros beat... Le Caribou fait la roue tel un paon. Le charme opère illico.
Excellent ! 18/20
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