Ephel Duath
The Painter's Palette |
Label :
Earache |
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Il est devenu aujourd'hui très difficile de proposer une musique réellement novatrice, avec un son immédiatement reconnaissable et une identité qui démarque durablement un groupe au sein de sa scène d'appartenance. Aussi, lorsque des musiciens surdoués choisissent de mettre leur incroyable inventivité au service des musiques extrêmes plutôt que de gagner facilement leur croûte dans des genres plus accessibles, je ne peux que leur rendre grâce et savourer encore et encore leur don.
Ephel Duath fait partie de ces groupes élus. Ils ont tout : la technique, le talent, l'inspiration débridée, l'intelligence des profondes remises en question. Après des débuts clairement orientés black metal, dans une veine symphonique à la Arcturus ou Solefad, le groupe mute. Il intègre à sa musique des voix claires proches de la pop ou d'un neo metal de haute qualité, un batteur de jazz et un saxophoniste. Artistes complets, les musiciens développent alors un concept synesthésique, The Painter's Palette (un titre, une couleur), et accouchent en 2003 d'un album somptueux curieusement oublié par la critique. Inutile de chercher les causes d'un tel manquement, la seule chose qui importe désormais et de faire connaître ce groupe, cet album majeur.
Le style, quel est-il ? À la croisée des chemins d'un jazz rock débridé, du math core, du screamo, de l'emo dans ses refrains mélodiques, il n'y a plus rien de proprement metal dans ce groupe, même pas de solos, juste des plans jazz.
Le premier titre, "The Passage (Pearl Grey)", est une parfaite entrée en matière pour comprendre Ephel Duath. Une introduction free jazz basse – saxophone, une agression subite doublée de hurlements à la T.D.E.P., un refrain en voix claire venu d'ailleurs appuyé par des harmoniques de guitares d'une rare finesse, enfin un pont instrumental jazz alambiqué. En un mot : La claque.
Sur le papier, un tel assemblage a de quoi sembler indigeste. Il y a pourtant une telle homogénéité dans la composition, une telle richesse dans les arrangements, une telle justesse émotive dans le chant ("Unpoetic Circle (Bottle Green)"), et surtout une telle humilité dans le jeu que l'on ne peut que rester sans voix et se demander comment il ce fait que ce groupe ne jouisse pas d'une plus grande reconnaissance.
Ce goût prononcé pour la complexité ne se fait jamais au détriment de l'accroche et, surtout, ne prend pas le pas sur la violence du propos : elle la complète, la justifie, la bonifie, l'embellit. Le batteur réalise une performance ahurissante, la subtilité de son jeu apportant une dynamique spécifique à chaque titre. Une seule écoute de l'instrumental "Praha (Ancient Gold)") suffira à convaincre les plus réfractaires et je gage que ceux qui se délectent de musiciens tels que Zorn ou Trevor Dunn trouveront là des mets de premier choix.
Le véritable tour de force d'Ephel Duath est donc de composer une musique savante et a priori totalement hermétique pour en faire, avec élégance et raffinement, une des plus belles œuvres qui soit arrivée aux musiques brutales ces dernières années.
The Painter's Palette ne souffre d'aucune faiblesse, tout y respire l'amour de l'art et le mélange maîtrisé des contrastes : l'album à découvrir absolument pour se familiariser avec ce groupe atypique.
Ephel Duath fait partie de ces groupes élus. Ils ont tout : la technique, le talent, l'inspiration débridée, l'intelligence des profondes remises en question. Après des débuts clairement orientés black metal, dans une veine symphonique à la Arcturus ou Solefad, le groupe mute. Il intègre à sa musique des voix claires proches de la pop ou d'un neo metal de haute qualité, un batteur de jazz et un saxophoniste. Artistes complets, les musiciens développent alors un concept synesthésique, The Painter's Palette (un titre, une couleur), et accouchent en 2003 d'un album somptueux curieusement oublié par la critique. Inutile de chercher les causes d'un tel manquement, la seule chose qui importe désormais et de faire connaître ce groupe, cet album majeur.
Le style, quel est-il ? À la croisée des chemins d'un jazz rock débridé, du math core, du screamo, de l'emo dans ses refrains mélodiques, il n'y a plus rien de proprement metal dans ce groupe, même pas de solos, juste des plans jazz.
Le premier titre, "The Passage (Pearl Grey)", est une parfaite entrée en matière pour comprendre Ephel Duath. Une introduction free jazz basse – saxophone, une agression subite doublée de hurlements à la T.D.E.P., un refrain en voix claire venu d'ailleurs appuyé par des harmoniques de guitares d'une rare finesse, enfin un pont instrumental jazz alambiqué. En un mot : La claque.
Sur le papier, un tel assemblage a de quoi sembler indigeste. Il y a pourtant une telle homogénéité dans la composition, une telle richesse dans les arrangements, une telle justesse émotive dans le chant ("Unpoetic Circle (Bottle Green)"), et surtout une telle humilité dans le jeu que l'on ne peut que rester sans voix et se demander comment il ce fait que ce groupe ne jouisse pas d'une plus grande reconnaissance.
Ce goût prononcé pour la complexité ne se fait jamais au détriment de l'accroche et, surtout, ne prend pas le pas sur la violence du propos : elle la complète, la justifie, la bonifie, l'embellit. Le batteur réalise une performance ahurissante, la subtilité de son jeu apportant une dynamique spécifique à chaque titre. Une seule écoute de l'instrumental "Praha (Ancient Gold)") suffira à convaincre les plus réfractaires et je gage que ceux qui se délectent de musiciens tels que Zorn ou Trevor Dunn trouveront là des mets de premier choix.
Le véritable tour de force d'Ephel Duath est donc de composer une musique savante et a priori totalement hermétique pour en faire, avec élégance et raffinement, une des plus belles œuvres qui soit arrivée aux musiques brutales ces dernières années.
The Painter's Palette ne souffre d'aucune faiblesse, tout y respire l'amour de l'art et le mélange maîtrisé des contrastes : l'album à découvrir absolument pour se familiariser avec ce groupe atypique.
Excellent ! 18/20 | par Arno Vice |
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