The Pop Group
Y |
Label :
Radar |
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La belle année que voilà. 1979 contient la quintessence du post-punk, ça tout le monde le sait. Mais ce qu'on ignore trop souvent, c'est qu'au milieu des Gang Of Four, Pere Ubu, Wire, B-52's et autres Public Image se cache un des coups de matraque les plus monstrueux (et ignoré par tous) de l'histoire du wock'n'woll.
Y est un album de guerre. The Pop Group, nom au combien ironique vous l'aurez compris, est un groupe enragé, violemment politique et prompt à distribuer des pains aux auditeurs non-avertis. Corrosif, abrasif, explosif (et une foultitude d'autres adjectifs en "thief"), il ravagea nombre d'oreilles impures à son époque en dépit d'une évidente de succès commercial. Et si sa réputation traverse assez mal les âges (on ne trouve pas cet album dans le petit manuel du post-punk pour les nuls), c'est bien dommage car beaucoup auraient à apprendre de ce brûlot.
Bon, parlons concret ; qui c'est The Pop Group ? C'est déjà en avant tout Mark Stewart au chant. Une espèce d'allumé sorti de l'asile dont le chant halluciné est à rapprocher des exploits de David Thomas des Pere Ubu ou de Lydon période Metal-Box, et qui aligne sans broncher élucubrations chamaniques et hurlements hantés à la Suicide. Chanteur que Piero Scaruffi décrivait comme un "épileptique tribal". C'est aussi, en bon contemporain de PIL, la basse reggae-dub de Simon Underwood en première ligne sur le mix, la guitare tranchante et métallique de John Waddington, le saxophone free-jazz (qui a dit Fun House ?) de Gareth Sager ainsi que la batterie et les percussions africaines de Bruce Smith. Le tout enveloppé dans la production couverte d'épines du reggae-man Dennis Bovell.
Ne cherchez pas à définir précisément le style du Pop Group, c'est bien un groupe qui entre tous les autres cultive la multiplicité des influences, ici illustrée de manière... disons chaotique. On pourra simplement déceler par-ci par-là le groove malsain d'un funk brisé, les rythmes tantôt lourds et écrasants du dub, tantôt élastiques et déstructurés du free-jazz. Pour le reste, c'est une monstrueuse bouillabaisse de musique expérimentale exécutée de main de maître par ces 5 fous. Tandis que la new-wave de l'époque tendait vers des ambitions futuristes avec ses synthétiseurs et ses looks originaux, le rock du Pop Group nous fait basculer vers la barbarie et le primitivisme le plus radical, avec ses textes comme une furieuse fusion entre le nihilisme punk et les slogans de militants acharnés, agrémentée d'une naïveté douce/amer. On traverse cet album comme on errerait sur un no man's land sanglant peuplé par des épileptiques et autres schizophrènes en pleine crise déblatérant des menaces obscures lancées à la face du ciel.
Et c'est par "She's Beyond Good And Evil" que l'on débute ce disque cauchemardesque. Secoué par un groove malade et lardé des lames de rasoir projetées par la guitare de John Waddington, Stewart déclame un texte étrangement naïf, même si hermétique : "Sleeps on water walks on ice/Got no father, immortal wife/I'd exchange my soul for her/There's no antidote for her". "Thief of Fire" et "We Are Time" offrent un spectacle presque Beefheartien, "Blood Money" est une imagerie féroce du mercenariat enrobé d'une instrumentation dissonante au possible et hantée par les inévitables gargouillis de Stewart : "An order is an order/Even when it makes no sense [...] Money's a weapon of terror/Who says guns speak louder ?/What does it feel like to kill a man/How can you wash the blood off your hands". Le saxophone free de Sager fait des miracles dans "Don't Call Me Pain" avec son riff entêtant. Et pour ceux qui restent jusqu'au bout, l'album s'achève dans un râle par le long et éprouvant "Don't Sell Your Dreams". La fin de l'horreur fascinante.
Un disque dense, couvert de son et de notes en pagailles, exprimant la démence paranoïaque et la violence plus que quiconque à la même époque, nous plaçant dans le rôle de Dorian Gray, nus devant le miroir de nos propres turpitudes. Un disque qui vous change indéniablement lorsqu'on arrive à rentrer dedans, quitte à en ressortir couvert de bosses.
Y est un album de guerre. The Pop Group, nom au combien ironique vous l'aurez compris, est un groupe enragé, violemment politique et prompt à distribuer des pains aux auditeurs non-avertis. Corrosif, abrasif, explosif (et une foultitude d'autres adjectifs en "thief"), il ravagea nombre d'oreilles impures à son époque en dépit d'une évidente de succès commercial. Et si sa réputation traverse assez mal les âges (on ne trouve pas cet album dans le petit manuel du post-punk pour les nuls), c'est bien dommage car beaucoup auraient à apprendre de ce brûlot.
Bon, parlons concret ; qui c'est The Pop Group ? C'est déjà en avant tout Mark Stewart au chant. Une espèce d'allumé sorti de l'asile dont le chant halluciné est à rapprocher des exploits de David Thomas des Pere Ubu ou de Lydon période Metal-Box, et qui aligne sans broncher élucubrations chamaniques et hurlements hantés à la Suicide. Chanteur que Piero Scaruffi décrivait comme un "épileptique tribal". C'est aussi, en bon contemporain de PIL, la basse reggae-dub de Simon Underwood en première ligne sur le mix, la guitare tranchante et métallique de John Waddington, le saxophone free-jazz (qui a dit Fun House ?) de Gareth Sager ainsi que la batterie et les percussions africaines de Bruce Smith. Le tout enveloppé dans la production couverte d'épines du reggae-man Dennis Bovell.
Ne cherchez pas à définir précisément le style du Pop Group, c'est bien un groupe qui entre tous les autres cultive la multiplicité des influences, ici illustrée de manière... disons chaotique. On pourra simplement déceler par-ci par-là le groove malsain d'un funk brisé, les rythmes tantôt lourds et écrasants du dub, tantôt élastiques et déstructurés du free-jazz. Pour le reste, c'est une monstrueuse bouillabaisse de musique expérimentale exécutée de main de maître par ces 5 fous. Tandis que la new-wave de l'époque tendait vers des ambitions futuristes avec ses synthétiseurs et ses looks originaux, le rock du Pop Group nous fait basculer vers la barbarie et le primitivisme le plus radical, avec ses textes comme une furieuse fusion entre le nihilisme punk et les slogans de militants acharnés, agrémentée d'une naïveté douce/amer. On traverse cet album comme on errerait sur un no man's land sanglant peuplé par des épileptiques et autres schizophrènes en pleine crise déblatérant des menaces obscures lancées à la face du ciel.
Et c'est par "She's Beyond Good And Evil" que l'on débute ce disque cauchemardesque. Secoué par un groove malade et lardé des lames de rasoir projetées par la guitare de John Waddington, Stewart déclame un texte étrangement naïf, même si hermétique : "Sleeps on water walks on ice/Got no father, immortal wife/I'd exchange my soul for her/There's no antidote for her". "Thief of Fire" et "We Are Time" offrent un spectacle presque Beefheartien, "Blood Money" est une imagerie féroce du mercenariat enrobé d'une instrumentation dissonante au possible et hantée par les inévitables gargouillis de Stewart : "An order is an order/Even when it makes no sense [...] Money's a weapon of terror/Who says guns speak louder ?/What does it feel like to kill a man/How can you wash the blood off your hands". Le saxophone free de Sager fait des miracles dans "Don't Call Me Pain" avec son riff entêtant. Et pour ceux qui restent jusqu'au bout, l'album s'achève dans un râle par le long et éprouvant "Don't Sell Your Dreams". La fin de l'horreur fascinante.
Un disque dense, couvert de son et de notes en pagailles, exprimant la démence paranoïaque et la violence plus que quiconque à la même époque, nous plaçant dans le rôle de Dorian Gray, nus devant le miroir de nos propres turpitudes. Un disque qui vous change indéniablement lorsqu'on arrive à rentrer dedans, quitte à en ressortir couvert de bosses.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par X_Wazoo |
Nota Bene : Récemment, le groupe est remonté sur scène après presque 30 ans de silence, avec l'idée semble-t-il d'un nouvel album. Affaire à suivre...
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