Port Royal

Dying In Time

Dying In Time

 Label :     De Bruit & De Silence 
 Sortie :    lundi 05 octobre 2009 
 Format :  Album / CD   

Je crois bien que Dying In Time est l'un des albums les plus ambitieux de ces dernières années, mais tout en gardant un grand pouvoir de fascination, il reste incroyablement difficile à appréhender. Oeuvre de plus de 70 minutes de techno-pop noyée dans un gros blizzard neigeux, monolithe blanc douloureusement planant, difficile de rester de marbre face à ce monstre d'unité impénétrable. Telles de fragiles armatures de métal, les beats sont exposés au vent d'une reverb continue qui semble les polir et les brouiller. Le vent devient visible à travers la déformation des objets qu'il frappe. Et comme il s'engouffre partout, chaque arbre mort, chaque pont, chaque terrain vague devient aussi confus que s'il avait déjà basculé dans les limbes. Beaucoup de sonorités rappellent les raves des années 90 ou la pop synthétique et mélancolique de New Order, telles des réminiscences d'un passé vague qui ne viendraient visiter le présent que sous forme d'ombres s'agitant dans la tempête. Ombres familières parcourant aussi les séismes de rythmiques fracturées, ou de grandes nappes qu'on pourrait qualifier de cosmiques si elle ne semblaient pas si désabusées.

Dying In Time est une sorte de prolongement du funeste Immolate Yourself de Telefon Tel Aviv. On retrouve exactement cette même volonté d'utiliser une base club et des sonorités 80's pour lui faire subir des traitements sonores radicaux... Le post-rock, le shoegaze ou l'ambient sont aussi passés par là. Résultat : même magma sonore de tourbe numérique provoquant une certaine perte de repères, et un certain malaise... La musique de Port Royal est extrêmement ciselée mais fait monter des émotions totalement brutes. Légère ou pesante, invitant à une longue promenade aux portes du sommeil ou de la mort, on ne sait plus, à moins qu'elle prenne la forme d'une caresse post-mortem... Ajoutons à ça une récurrence dans les titres à évoquer des coins perdus dans le froid d'Europe de l'Est. Des voix ou des guitares fantomatiques tentent sans résultat de se faire entendre au milieu de la tempête. Parfois au fond d'un tunnel sans fin, parfois suspendus au dessus d'un vide d'une blancheur aveuglante, Port-Royal nous conduit tout simplement aux confins de notre conscience.

Dying In Time parle du goût amer que laissent les fêtes qui ne se produiront jamais plus, de l'inévitable avancement du temps, de l'insouciance impossible à retrouver, si ce n'est sous forme de vagues souvenirs.
Il aura fallu trois années au quatuor pour composer cette chose sans limites et extrêmement cohérente, qu'on pourra trouver trop longue, trop homogène ou trop glaciale, mais qui fait preuve en tout cas d'une vraie vision artistique, loin du tout venant électro et des revival dispensables. Et notamment à cause du bouleversant "Balding Generation" (de vraies montagnes russes émotionnelles, un monument de techno désenchantée), ce disque est ce que j'ai écouté de plus troublant parmi les sorties de 2009.
Voici donc une oeuvre rare.


Excellent !   18/20
par Sam lowry


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