Benjamin Biolay
La Superbe |
Label :
Naïve |
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Un long générique d'ouverture en introduction de cette œuvre conséquente que nous offre Benjamin Biolay. Un générique aux relents mélancoliques, aux violons entêtants et hypnotiques, des paroles énigmatiques orchestrées par une boîte à rythme trip-hop. Puis le morceau décolle, retrouvant la subtilité des arrangements symphoniques des premiers albums, le titre se clôturant par un saxo déchirant.
Il suffit juste des six minutes de La Superbe à Biolay pour côtoyer les plus grands et enfoncer la plupart de la concurrence. Ce magnifique morceau ne saurait mieux servir d'introduction à un double album aussi dense, déjà le deuxième en moins de 10 ans de carrière. Album concept autour d'une relation qui se termine, qui fera sûrement titler les journalistes people quant à l'identité de celle qui a détruit notre chanteur au point qu'il creuse le même sillon, album après album. Trash Yéyé était un bloc monolithique, une plongée dans les affres du sexe sale, de la rancœur et du reni de soi-même, soutenu par une musique, bien que variée, très homogène, confinée et irrespirable. Ici, il laisse rentrer un peu de lumière, n'hésitant pas à frôler la limite de la variété et de la niaiserie, tout en ne la franchissant jamais. On respire, des titres plus déprimants s'enchaînent avec des véritables perles pop et des hymnes délicates à l'amour. On reste tout de même dans un climat assez mélancolique mais qui est loin d'être aussi plombé qu'à l'accoutumée. Un BB sûrement plus libre, mis à la porte de sa maison de disque, qui laisse ici miroiter toutes les facettes de ses multiples talents. Une voix plus assumée, qui continue ses explorations hip-hop, des compositions toujours aussi réussies, revenant parfois au style de ses deux premiers album, conviant tout autant Mike Skinner que Morrissey ( violon du premier morceau emprunté a "The Teachers Are Afraid Of The Pupils"), d'ailleurs cet album peut vraiment se voir comme une déclaration d'amour aux Smith et à la pop anglaise. Il serait difficile de faire le tour de tous les morceaux, certains, sur 23 morceaux, relevant plus de l'anecdotique ainsi que quelques ratages ("La Toxicomanie"). Mais beaucoup de réussites à relever, chansons pop parfaites (padam, assez parlé de moi, si tu suis mon regard), déclarations d'amour enlevées (Lyon presqu'ile, reviens mon amour). Et surtout de nombreux chef d'œuvres qui hissent une fois de plus l'artiste au rang des meilleurs, notamment "Night Shop" et son clin d'œil à Bashung, "la nuit je mange", le très François de Roubaix "Jaloux De Tout , le pessimiste "Ton Héritage" dédié a son enfant et enfin le très beau "Brandt Rapsodie", qui nous rappelle dans un autre style les chansons parlées-chantées de Florent Marchet plutôt que celles de Vincent Delerm. D'un concept bobo, un couple qui se sépare par le biais de post-it interposés, Biolay sublime la voix de la plutôt médiocre Jeanne Cherhal avec un titre qui part de l'anecdotique pour atteindre le sublime. C'est peut-être le plus grand génie du chanteur, toujours s'approcher du casse gueule et l'éviter avec aisance.
Un album plus ouvert qu'à l'accoutumée, où l'artiste prend pleine conscience de sa voix ainsi que ses limites: il n'a jamais mieux chanté que sur cet album; de la même façon qu'il ne s'était jamais autant livré, sortant ainsi la plus touchante de ces œuvres, ne se cachant plus derrière des effets de style. Même si cet album est un peu en déca de Trash Yéyé, il risque, et c'est tout le mal qu'on lui souhaite, replacer Biolay sur l'échiquier de la chanson française.
Il suffit juste des six minutes de La Superbe à Biolay pour côtoyer les plus grands et enfoncer la plupart de la concurrence. Ce magnifique morceau ne saurait mieux servir d'introduction à un double album aussi dense, déjà le deuxième en moins de 10 ans de carrière. Album concept autour d'une relation qui se termine, qui fera sûrement titler les journalistes people quant à l'identité de celle qui a détruit notre chanteur au point qu'il creuse le même sillon, album après album. Trash Yéyé était un bloc monolithique, une plongée dans les affres du sexe sale, de la rancœur et du reni de soi-même, soutenu par une musique, bien que variée, très homogène, confinée et irrespirable. Ici, il laisse rentrer un peu de lumière, n'hésitant pas à frôler la limite de la variété et de la niaiserie, tout en ne la franchissant jamais. On respire, des titres plus déprimants s'enchaînent avec des véritables perles pop et des hymnes délicates à l'amour. On reste tout de même dans un climat assez mélancolique mais qui est loin d'être aussi plombé qu'à l'accoutumée. Un BB sûrement plus libre, mis à la porte de sa maison de disque, qui laisse ici miroiter toutes les facettes de ses multiples talents. Une voix plus assumée, qui continue ses explorations hip-hop, des compositions toujours aussi réussies, revenant parfois au style de ses deux premiers album, conviant tout autant Mike Skinner que Morrissey ( violon du premier morceau emprunté a "The Teachers Are Afraid Of The Pupils"), d'ailleurs cet album peut vraiment se voir comme une déclaration d'amour aux Smith et à la pop anglaise. Il serait difficile de faire le tour de tous les morceaux, certains, sur 23 morceaux, relevant plus de l'anecdotique ainsi que quelques ratages ("La Toxicomanie"). Mais beaucoup de réussites à relever, chansons pop parfaites (padam, assez parlé de moi, si tu suis mon regard), déclarations d'amour enlevées (Lyon presqu'ile, reviens mon amour). Et surtout de nombreux chef d'œuvres qui hissent une fois de plus l'artiste au rang des meilleurs, notamment "Night Shop" et son clin d'œil à Bashung, "la nuit je mange", le très François de Roubaix "Jaloux De Tout , le pessimiste "Ton Héritage" dédié a son enfant et enfin le très beau "Brandt Rapsodie", qui nous rappelle dans un autre style les chansons parlées-chantées de Florent Marchet plutôt que celles de Vincent Delerm. D'un concept bobo, un couple qui se sépare par le biais de post-it interposés, Biolay sublime la voix de la plutôt médiocre Jeanne Cherhal avec un titre qui part de l'anecdotique pour atteindre le sublime. C'est peut-être le plus grand génie du chanteur, toujours s'approcher du casse gueule et l'éviter avec aisance.
Un album plus ouvert qu'à l'accoutumée, où l'artiste prend pleine conscience de sa voix ainsi que ses limites: il n'a jamais mieux chanté que sur cet album; de la même façon qu'il ne s'était jamais autant livré, sortant ainsi la plus touchante de ces œuvres, ne se cachant plus derrière des effets de style. Même si cet album est un peu en déca de Trash Yéyé, il risque, et c'est tout le mal qu'on lui souhaite, replacer Biolay sur l'échiquier de la chanson française.
Très bon 16/20 | par John Trent |
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