Jack The Ripper

We Hear Voices! - The Fitzcarraldo Sessions

We Hear Voices! - The Fitzcarraldo Sessions

 Label :     Green United 
 Sortie :    lundi 19 octobre 2009 
 Format :  Album / CD   

Si vous étes accablés par la musique qui se fait dans notre doux pays, si vous ne supportez plus d'entendre le mot rock accolé à français ou même à french, écoutez ce disque.
Le groupe qui se cache derrière ce nom étrange de The Fitzcarraldo Sessions (référence au héros du film de Herzog et à son projet délirant de construire un opéra au milieu de la jungle amazonienne) est bien le groupe parisien Jack The Ripper, mais délesté de son chanteur emblématique Arnaud Mazurel. Je dis "délesté" car, bien que très doué, celui-ci avec son chant très stylisé, maniéré même, apportait au groupe une lourdeur, une noirceur systématique, qui me rebutaient un tantinet. Reste les sept autres membres du groupe et on s'aperçoit, si besoin était, qu'ils sont drôlement bons.
L'idée est donc de remplacer l'absent (provisoire ?) par autant de chanteurs différents qu'il y a de morceaux dans le Cd, à savoir 11. Le premier écueil à ce type de projet est l'hétérogénéité, en qualité, en couleurs, en atmosphères, le côté auberge espagnole, le côté exercice de styles. ce premier écueil est évité. Ouf! Le second écueil est l'erreur de casting, surtout quand on doit faire appel à autant de chanteurs et de paroliers différents (car ici les chanteurs viennent avec leur texte, la musique étant toujours des JTR). Je tiens cet écueil pour impossible à éviter et en effet, il n'a pas été totalement évité. Certains invités - Blaine Reininger, Stuart Staples, Abel Hernandez - avec leur voix sombres et stylées étaient des choix évidents et donnent lieu en effet à des morceaux très réussis. Certains autres, pas beaucoup heureusement, laissent plus dubitatifs.
En gros, on peut diviser l'album en 2 parties, une première aux tonalités plus folks, une seconde aux tonalités plus rock (alternatif), le titre 6, chanté par Blaine Reininger de Tuxedomoon servant de charnière.
Le disque commence très fort avec 3 pistes aussi bonnes les unes que les autres. Le titre 1 "Alice & Lewis" avec les Moriarty et sa chanteuse Rosemary est fortement teinté roots mais le mélange avec l'univers des JTR prend étonnament bien, avec un naturel confondant, et surpasse aisément tout ce qu'a pu produire pour l'instant le groupe franco-américain, très jeune il est vrai. "Les méfiants" avec Stuart Staples des Tindercticks au chant est plus sombre - normal - mais tout aussi réussi. "The Gambler" avec Phoebe Kildeer au chant est mené de A à Z avec un brio impressionnant et son côté cabaret endiablé permet à la mini section cuivre des JTR de se mettre en valeur.
"L'instable" aurait du être à la même hauteur - la musique est superbe - mais c'est Dominique A qui chante, en français, et c'est la première erreur de casting dont je parlais. On ne peut pas dire qu'il démérite, étant données ses possibilités vocales très limitées, mais après les trois formidables chanteuses et chanteur qui le précèdent, la comparaison lui est fatale. J'ajoute qu'en ce qui me concerne, je préfère ne pas comprendre les paroles, et là c'est un peu difficile. Je ne dis pas que c'est une perle jetée au cochon mais... Syd Matters qui vient ensuite ne relève pas vraiment le niveau, vocalement parlant. Et la musique n'est pas aussi belle. Un des deux points gris de l'album (très écoutable cependant).
Des deux têtes pensantes de Tuxedomoon, j'ai toujours préféré l'autre mais je vois bien pourquoi Reininger a été préféré, tant son univers colle bien à celui de JTR. Bon.
La seconde partie de l'album ne récèle pas vraiment de baisse de qualité. Le titre chanté par Paul Carter de "Flotation Toy Warning" est même un des meilleurs du disque et celui interprété par Joe Burns de Calexico devrait très bien vieillir. L'autre point gris (clair) est la contribution vocale de Craig Walker, ex d'Archive, à mon avis sans intérêt, ou en tout cas, pas dans le ton de l'album. La musique est très plaisante , pourtant, mais l'intensité n'y est pas.
L'impression générale laissée par le disque est une musique plus simple, plus directe, moins sombre et torturée que celle à laquelle nous avaient habitués les JTR, mais tout à fait emballante. Pour ceux qui préfèrent le cilice, le fouet à pointes et la marche sur le feu, il reste toujours les anciens albums de toutes façons. Je préfère celui-ci, plus efficace, plus concis et plus varié, sans pour autant s'égarer. Les musiceins sont tous excellents, les mélodies n'ont jamais été aussi bien mises en valeur et je subodore que beaucoup des invités aimeraient bien revenir dans l'auberge tenue par les 7 de Jack The Ripper et regoûter à cette cuisine-là.
Un des meilleurs albums de l'année, de la mienne en tout cas, et il n'en reste pas long.


Très bon   16/20
par Haï


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