Mastodon

Crack The Skye

Crack The Skye

 Label :     Warner 
 Sortie :    lundi 30 mars 2009 
 Format :  Album / CD   

Après avoir révolutionné le monde du métal en 3 albums sans l'once d'un compromis, et ce malgré la signature sur une major pour Blood Mountain en 2006, Mastodon s'est donné pour mission de produire un album ambitieux mais fédérateur. Et effectivement, Crack The Skye a une belle gueule de classique. Peut être du genre à être encore écouté dans bien longtemps, qui sait? Le groupe s'est en conséquent adjoint les services du producteur superstar Brendan O'Brien, obtenant ainsi un son classique mais puissant.

Pour séduire le plus grand nombre, le groupe s'est tourné avec succès vers certains grands classiques des décennies passées. Et a injecté à son métal progressif et technique une bonne dose de riffs qui vont lorgner du côté des classiques du hard rock seventies (Thin Lizzy, Led Zeppelin, Black Sabbath) et certains plans aux vieux groupes progs de la même époque (Pink Floyd, Yes, Rush). Il n'y a qu'à voir le solo du brillant morceau d'ouverture, "Oblivion", où Brent Hinds, guitariste émérite, convie l'approche si particulière des solos de Gilmour à son avalanche de notes. Ou s'extasier sur le riff funky qui, d'un coup, torpille tout sur son passage, dans la seconde partie de "The Last Baron".

Aussi, à part sur l'étonnamment lourd "Crack The Skye", avec Scott Kelly (Neurosis) en invité, le quatuor délaisse les parties hurlées pour un chant clair omniprésent. On évite le naufrage, tant les parties sont soignées, et parce que chacun s'y colle avec soin. C'est un défilé: Brann Dailor, le batteur, chante même les couplets d'une voix particulièrement douce, sur "Oblivion", hommage à sa soeur disparue à 14 ans. On a également droit à de véritables symphonies vocales sur le fou final qu'est "The Last Baron".

Pour autant, Crack The Skye ne devrait pas apparaitre comme une trahison pour les partisans du groupe. Nombre de constantes persistent, de l'artwork toujours signé Paul Romano, qui conjugue avec le talent qu'on lui connaît kitsch et esthétisme (enfin, je trouve). La virtuosité des différents membres n'est plus à démontrer, et on va de trouvailles en trouvailles. En faire l'inventaire serait fastidieux, mais on sait à la fois un énorme travail de compositions comme d'arrangements. Le tout fourmille d'idées, de l'orgue hammond en ouverture de l'épique "The Czar" au banjo en ouverture du plus qu'efficace single "Divinations".

Par ailleurs, le groupe ne renie pas son imagerie un peu pataude. Il n'y a qu'à voir la pièce montée en plein milieu, "The Czar", qui narre l'histoire de Raspoutine, imposteur découvert et forcé à fuir. Failles spatio-temporelles et Russie tsariste, tel est le programme prévu sur ce quatrième opus. Ce qui ne manquera pas d'en faire rire certains. Jusqu'à ce qu'ils aient posé une oreille.

Finalement, Mastodon s'impose encore et toujours comme le condensé de 40 ans de rock burné, étrange alliage de classicisme et de modernité, ici plus que jamais. Du fan de prog au vieux hardos en passant par l'adepte des productions Relapse, tout le monde se doit de jeter une oreille à cette pièce d'orfèvrerie. Oui, une belle gueule de classique.


Parfait   17/20
par Drazorback


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