Bonobo
One Offs... Remixes And B-Sides |
Label :
Tru-Thoughts |
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Bonobo c'est l'art de mettre les petits plats dans des plus petits. Des quinconces de pistes souples et légères qui aiment la discrétion tout en ayant du tempérament. Spirales qui suivant leur sens de rotation prennent comme source un petit détail pour ensuite dérouler des galaxies nébuleuses, ou alors agissent comme des trous noirs, faisant converger tout ce qui entoure Simon Green dans une simple bulle pétillante. Mais à chaque fois l'évolution se fait petit bout par petit bout, dans des enchaînements qui paraissent naturels. En présentant ces b-sides on remarque que le britannique a toujours agi avec cette méticulosité et qu'il en est de même lorsqu'il entreprend de remixer des artistes comme Pilote ou Amon Tobin. Sur One Offs... Remixes And B-Sides Bonobo semble ainsi être à contre-courant. D'une part avec ses inédits qui évoluent toujours dans des branches très instrumentales et intuitives, d'autre part avec cette occasion qui nous est donnée d'observer et de comparer la façon dont ce primate civilisé remixe par rapport aux autres spécimens de son genre. Ainsi on note qu'alors que la plupart des DJ tendent à relancer le tempo tout en y ajoutant des rythmes bien métalliques, espèce d'automatisme mécanique, Green lui écume au mieux possible les titres pour en garder que leur nerf mélodique. C'est une aisance chez lui de décomplexer les trames sonores, les rendre plus fluides et intelligible à l'instar de la reprise de Mechanical Me "Beachy Head", au passage radiophonique sublime. De la même manière il parvient à adoucir "Four Ton Mantis" en extrayant la ligne de flûte du climat peu rassurant de Tobin (il n'y a qu'à voir son clip !), isolement très astucieux comme sur "Turtle" piqué à Pilote avec un sifflement amplifié qui fait tressaillir à chaque fois. Et après une telle démonstration de la pertinence de ces retouches qui puisent au trois quart dans l'organique, on comprend que peu de ses confrères osent l'expérience retour. Seul Quantic et Jon Kennedy en fait tentent le coup en piochant deux morceaux de choix dans Animal Magic. Le premier redynamise et accélère "The Plug" occultant les bois si chers à Bonobo qui font partie intégrante de sa marginalité bucolique. Une reprise "classique" mais de très bonne facture tout de même. Le second utilise le même mode opératoire que l'initiateur de ce challenge. Il crée un dialogue entre le saxophone initial et un pungi dans une Inde en métamorphose sur "Dinosaurs" et de ce fait déploie un peu plus les tentacules solaires de Simon Green – qui prendra sa revanche sur "Tell Me How You Fell" complètement ravalé, tout aussi réussi. Quand aux inédits (cinq au total) c'est encore de pures jam sessions en down tempo qui se nourrissent de la plus infime particularité de chaque instrument participant : orgue Hammond royal sur "Dismantling Frank", une guitare funk inhabituelle qui rehausse le tempo ("The Shark") et puis il y a toujours ces bois sublime notamment sur le valeureux "Scuba". La voie lactée de ce singe de l'espace poursuit son expansion, allant même jusqu'à s'approprier sans trop d'encombre le travail de ses congénères. Elle les ingère, les émousse pour faire naître de petites comètes étincelantes et dresse finalement un tableau de toute beauté.
Parfait 17/20 | par TiComo La Fuera |
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