Years

La Sala Rossa accueille ce soir comme la veille le triptyque The Happiness Project dont l'ouverture est confiée à Years. Ohad Benchetrit se ramène avec sa guitare et ses longs cheveux frisés qui cachent son regard pourtant fuyant. Le parfait air latino qui va bien, avec l'instrument gitan. Et l'attitude mystérieuse qui émet un romantisme certain dans cette salle aux allures de bar clandestin. Bar que je commence à bien connaître maintenant... L'hidalgo ouvre alors une parenthèse acoustique dans un post rock qu'il a nourri depuis des années comme il l'a d'ailleurs fait sur le précédent Do Make Say Think You, You're A History In The Rust. C'est brut, ondoyant et limpide notamment sa botte onirique "Don't Let The Blind Go Deaf" – qui emprunte justement la voix ouverte par "A Tender History In Rust" – ainsi que "The Assassination Of Dow Jones" dont l'hispanisme se réveille en sursaut avec vivacité. Il tâtonne tendrement sa Babicz Identity jusqu'à en dérouler des mélopées en paix et des pelotes bilieuses. On pense à José González en plus élaboré ou trifouillé plutôt, et plus secret. L'envoûtement lui est le même. Les cordes se délient et cheminent gracieusement jusqu'à fusionner peu à peu avec électronique puis brouillard sonique avec la venue de ses compadres de Arts & Crafts. La parenthèse ouverte par Benchetrit se referme alors rattrapée par la puissance fulgurante de cette union intenable qui a besoin de s'exprimer. Un peu à tort ici car les formes entretenues par le canadien perdent d'un coup tout relief masquées par les explosions (un peu trop) hypnotisantes de "Are You Unloved ?" et "The Major Lift" rappelant Broken Social Scene. Dommage sur galette le mixage était très bon or là c'est cacophonique et sourd. De toute façon c'est l'heure de basculer sur la seconde partie : Charles Spearin qui a déjà les pieds sur scène.