Plaid
P-Brane |
Label :
Warp |
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Je pensais avoir fait le tour de l'oeuvre de Plaid, il ne me restait plus qu'à me replonger dans les albums, certains inépuisables heureusement... Jusqu'à ce que je tombe récemment sur ce maxi fabuleux.
Situé dans une période charnière du label Warp, qui allait s'éloigner de l'électronica pour séduire un public plus large, et entre deux albums de très moyenne facture pour du Plaid (le trop long Double Figure et le quelque peu démonstratif Spokes), ce petit EP sans pochette, ce petit machin aparemment destiné aux fans, se révèle être une perle cachée de leur oeuvre, un instantané de tout leur art de donner aux machines mélancolie, pouvoir d'intimidation ou humour espiègle. La concision sied très bien à ces deux doux-rêveurs, totalement à leur summum d'inspiration sur cette petite odyssée d'une densité folle. Nous sommes pile entre la mélancolique froideur technologique de Double Figure et les disgressions rythmiques ultra-speed de Spokes, dans un format suffisamment court pour éviter toute baisse de régime. Meilleurs à eux quatre que ceux des deux albums, ces titres m'ont cloué sur place, et je peine à me relever. Un travail de production et de précision rythmique démentiel est mis à l'oeuvre pour ouvrir le bal avec le très glacial et urbain " Coat ", qui se base un rythme hip-hop qui claque et une grosse basse dont le ronronnement fera à coup sûr trembler les vitres. Ce morceau aurait pu s'appeler " Symphonie urbaine pour connexion qui plante " : les frénétiques éléments rythmiques aigus faisant sérieusement penser à la friture envoyée par les tous premiers modems tentant de lancer une connexion. Plaid se distingue -et se sublime- par son approche toujours ludique de l'expérimentation : aucune dérive ambiant obscure, leur musique complexe donne envie de courir ou de sauter partout, en dégageant paradoxalement une sensation d'inquiétude diffuse. " Diddymousedid " est un bel exemple : c'est une collision lumineuse entre son de balafon (le grand xylo qu'utilisent les musiciens d'Afrique Centrale), et boîte à musique. À un gros beat tournoyant s'additionne cette suite de notes piquées, délicatement déliées dans une mélancolie ineffable. Ca donne envie de piquer un sprint dans les rues pour se faire emporter par une bourrasque de vent. Après cette entrée frôlant de très près la perfection, " Stills " surprend un peu moins, restant plus dans un style très caractéristique du duo, qui dessine avec virtuosité une vertigineuse tour de verre rythmique s'élançant vers le ciel et crevant les nuages. On peut penser aussi à une énième variation de la danse convulsive d'un pinguin-cyborg, jamais très loin de déraper sur la glace. Ici, les deux artistes ne se sont peut-être jamais autant lâchés, ce que viendra confirmer le dernier titre, un " Mfoss " aux sonorités qui régressent vers le début des 90's, un son totalement cheap, vite perturbé par un rythme drum'n'bass qui se durcit pour déboucher sur 20 dernières secondes carrément hardcore. Cette gifle qu'on a pas senti venu stoppe brutalement, donnant au silence un son nouveau.
P-Brane laisse un impression de fouillis sonore halluciné, où rien pourtant ne semble laissé au hasard. Ces quatre morceaux ne se ressemblent pas du tout, et dessinent un tout cohérent qui ressemble à un coup de maître. Dans la confidentialité retrouvée entre deux albums salués, le duo s'éclate sur 4 titres, autant de trompe-l'oeil déchaînés narguant les lois de la gravité. La maîtrise et la versatilité de Plaid apparaissent ici sans limites.
Situé dans une période charnière du label Warp, qui allait s'éloigner de l'électronica pour séduire un public plus large, et entre deux albums de très moyenne facture pour du Plaid (le trop long Double Figure et le quelque peu démonstratif Spokes), ce petit EP sans pochette, ce petit machin aparemment destiné aux fans, se révèle être une perle cachée de leur oeuvre, un instantané de tout leur art de donner aux machines mélancolie, pouvoir d'intimidation ou humour espiègle. La concision sied très bien à ces deux doux-rêveurs, totalement à leur summum d'inspiration sur cette petite odyssée d'une densité folle. Nous sommes pile entre la mélancolique froideur technologique de Double Figure et les disgressions rythmiques ultra-speed de Spokes, dans un format suffisamment court pour éviter toute baisse de régime. Meilleurs à eux quatre que ceux des deux albums, ces titres m'ont cloué sur place, et je peine à me relever. Un travail de production et de précision rythmique démentiel est mis à l'oeuvre pour ouvrir le bal avec le très glacial et urbain " Coat ", qui se base un rythme hip-hop qui claque et une grosse basse dont le ronronnement fera à coup sûr trembler les vitres. Ce morceau aurait pu s'appeler " Symphonie urbaine pour connexion qui plante " : les frénétiques éléments rythmiques aigus faisant sérieusement penser à la friture envoyée par les tous premiers modems tentant de lancer une connexion. Plaid se distingue -et se sublime- par son approche toujours ludique de l'expérimentation : aucune dérive ambiant obscure, leur musique complexe donne envie de courir ou de sauter partout, en dégageant paradoxalement une sensation d'inquiétude diffuse. " Diddymousedid " est un bel exemple : c'est une collision lumineuse entre son de balafon (le grand xylo qu'utilisent les musiciens d'Afrique Centrale), et boîte à musique. À un gros beat tournoyant s'additionne cette suite de notes piquées, délicatement déliées dans une mélancolie ineffable. Ca donne envie de piquer un sprint dans les rues pour se faire emporter par une bourrasque de vent. Après cette entrée frôlant de très près la perfection, " Stills " surprend un peu moins, restant plus dans un style très caractéristique du duo, qui dessine avec virtuosité une vertigineuse tour de verre rythmique s'élançant vers le ciel et crevant les nuages. On peut penser aussi à une énième variation de la danse convulsive d'un pinguin-cyborg, jamais très loin de déraper sur la glace. Ici, les deux artistes ne se sont peut-être jamais autant lâchés, ce que viendra confirmer le dernier titre, un " Mfoss " aux sonorités qui régressent vers le début des 90's, un son totalement cheap, vite perturbé par un rythme drum'n'bass qui se durcit pour déboucher sur 20 dernières secondes carrément hardcore. Cette gifle qu'on a pas senti venu stoppe brutalement, donnant au silence un son nouveau.
P-Brane laisse un impression de fouillis sonore halluciné, où rien pourtant ne semble laissé au hasard. Ces quatre morceaux ne se ressemblent pas du tout, et dessinent un tout cohérent qui ressemble à un coup de maître. Dans la confidentialité retrouvée entre deux albums salués, le duo s'éclate sur 4 titres, autant de trompe-l'oeil déchaînés narguant les lois de la gravité. La maîtrise et la versatilité de Plaid apparaissent ici sans limites.
Excellent ! 18/20 | par Sam lowry |
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