Ground Zero

Il est des albums pour lesquels les mots ne suffiront jamais à retranscrire tout le bruitisme et toute la folie qui transpirent dans lesdites œuvres. Le premier album de Ground Zero est de ceux-là !
Ground Zero est un collectif japonais mené par un fou furieux armé de turntables: Otomo Yoshihide. Fou furieux, certes, mais qui semble avoir été touché par la grâce et qui démontre un talent tout aussi barré qu'efficace. Et quand le génie côtoie la folie, cela peut faire très mal !

La preuve donc en 1993 avec vingt titres. Ground Zero est un manifeste bruitiste et radical qui semble militer en faveur d'un décloisonnement de tous les styles de musique, ou d'une manière générale, de tout ce que la musique dans son sens large peut offrir. Yoshihide et sa bande ne semblent avoir d'autre but que de brasser inlassablement free-jazz, noise ou hardcore dans une tournure presque expérimentale. Résultat des courses: un premier opus totalement fou partant dans tous les sens à la fois et qui assouvit les délires violents et épileptiques du bidouilleur de leader.
Alors évidemment, il est difficile de ne pas penser aux aventures illuminées de Naked City. D'ailleurs, John Zorn est d'ailleurs inviter à faire crisser et hurler son sax' sur quelques titres, ainsi que Yamatsuka Eye, chanteur-brailleur des fracassants Boredoms qui participa également en son temps à l'aventure Naked City.
La musique de Ground Zero est ainsi déstructurée au possible tendant même parfois vers une démonstration de violence inouïe ("I X Love II B.S"). Ici la musique n'a plus d'interdits, plus de tabous, et se permet tout !

Violent, dérangeant, atypique et fracassant cet album est un concentré de tout ce que le Japon est en mesure de produire. Parce qu'à part des Japonais, qui aurait pu réaliser un tel album, un tel concentré de puissance, de furie et de folie ?
Premier album et Ground Zero est déjà un groupe à part !