Panda Bear

Panda Bear : animal en voie d'extinction à la fourrure musical dense et électronique. Capable des plus inédites manipulations sonores, il représente l'âme mélodique de son collectif d'animaux qui lui a donné le sein avant de le laisser à quelques projets personnels. Et c'est ce goût pour la ritournelle numérique bien faite, canalisée par des pistes soigneusement numérotées, qui se trouve pouponnée sur ce second album. Outre sa voix en apesanteur, dérivant dans le fin fond de l'espace pour que le monde réel n'ait jamais d'emprise sur son espèce, le mammifère y va allègrement dans les associations improbables de bruitages en tout genre. Un bidouillage cheap mélangeant piste de 'second hand' pris dans un ciment bio concocté d'échos sans fin de voix, de guitare ou autre. Bref, un joyeux bouillon de culture de fond de jacuzzi où l'on encourage la diversité et la pullulation. "Comfy In Nautica" est le premier bain sensation entre éclats de marteau-piqueurs, chœurs religieux, ronronnement de F1 et acoustique de fond de piscine. Les trempettes suivantes sont du même acabit, des baptêmes sonores pétillants à rebondissements. Shooté à l'hélium, au chlore et inévitablement aux jeunes pousses de bambou (ou autres plantes d'intérieur), le geek patauge dans un délire marginal, qui en plus de cette indépendance qui crève les yeux, sent à plein nez le bien-être, une profusion insatiable et un karma rayonnant ("I'm Not"). Comme dans un trip sous acides qui transforme notre vision binoculaire en une vision kaléidoscopique, on croise au détour des plages n'importe qui mais sans plus de surprise que ça. Les couleurs sont flashy et scintillent, les objets font des gazouillis hétéroclites, tout peut changer de forme et de place en une seconde à l'instar de "Good Girl/Carrots", parallèle étrange et compromettant au passage. Et on reste scotché face à cette ébullition de vies (animales, humaines ou mécaniques) errantes et furtives qui peuplent ce Person Pitch. On perçoit ces courants de félicité musicale avec autant de plaisir que lorsque l'on fait des bulles de savon et que l'on suit du regard leur divagation dans les airs, habillées toutes d'une enveloppe transparente pétrolée mais dont les reflets sont différents de l'une à l'autre. Un album qui tient de la magie ancestrale mais qui est pourtant bien inscrit dans son temps. C'est ça la force du panda que je respecterai toujours plus que le reste de sa confrérie.