Harmonia

Un chef-d'œuvre du krautrock selon Julian Cope. Qu'il a bien raison le fantasque homme. Et on le lui donne encore plus volontiers la raison quand il dit que cet album est malheureusement, quel affreux mot composé, sous-estimé même dans les cercles d'érudits de la chose choucroute. Mystère insoluble car Deluxe a tout d'un grand reconnu par tous.
1975, le génial et grandement influent Neu! n'est plus. Dissensions définitives. Klaus Dinger part du côté de Düsseldorf tandis que Michael Rother revient voir le duo Cluster dont il produit le meilleur album, Zuckerzeit, avant de s'allier avec eux une dernière fois sous l'emblème Harmonia pour ce Deluxe faramineux. Ajout nouveau : un batteur, le Guru Guru Mani Neumeier. La touche organique qui manquait à ce symposium kraut pour rendre une copie absolument parfaite.
Avec sa piémontaise de space electro, de léger primitivisme percussionné et de pré-punk incendiaire (cf l'immense "Monza (Rauf Und Runter)"), Deluxe n'est ni plus ni moins (enfin surtout ni moins) qu'une sorte de Reader's Digest du krautrock écrit par des surdoués de la plume défricheuse. Avec mélodies lyriques ou charmantes, de l'ambient rock qui amène loin là-haut (dans 99 % des cas, "Notre Dame" amène au moins à l'hébétude la plus totale)
Pour clore ce bel ouvrage cosmique qu'il serait temps d'aduler, Harmonia se permet la petite excentricité de faire appel à la faune amphibienne pour un concert de 'croac', carrément. La musique est partout comme dirait le poète neuneu, suffit de la trouver.