Fink

Qui aurait cru que ce DJ épouserait un jour les embruns acoustiques qu'offre le simple plaisir de parcourir le manche d'une guitare folk ? Pas même ses amis il faut croire car personne ne savait que Finian Greenhall jouait de la guitare dans sa petite bulle et en jouait même bien. A cela rajouter un sens un groove et du blues relativement développé, ainsi qu'une plume pas déplaisante du tout. Fink renaît donc de ses cendres après un album électronique et signe sur Ninja Tune Biscuit For Breakfast dans un registre totalement différent mais avec la même philosophie. Celle de tout faire seul comme pour un mix où l'on doit se débrouiller avec toutes ses pistes et ses câblages. L'anglais a donc mis la main à la patte après avoir convaincu son label de l'encourager dans sa reconversion et produit ces neuf titres dans son appartement. Rythmique qui accroche et griffe les cordes, contretemps, petits passages d'orgue Hammond, descente en septième ("Pills In My Pocket"), lap steel et ses ardeurs métalliques, tout y est et rien n'est laissé pour compte. Les arrangements, les instruments s'ajoutent au fur et à mesure des pistes et donne à Greenhall le reflet d'un artiste complet. Et cette qualité se voit confirmer lorsque le songwriter nous sort un blues très roots sur "Tina Country" ou glisse par pointes quelques nappes d'ambient en fond, tout en légèreté, sans qu'on y prête attention. Ces effets tendent à mieux imprégner les textes de Fink de mélancolie, rajoutant une couche de trip hop sur le superbe "Biscuit" interprété quasiment qu'en rim shot, nous laissant ainsi tout le temps d'apprécier la voix profonde de l'artiste. Voici une reconversion improbable et que son entourage aurait même vu impossible or il s'agit d'un très beau bébé soul et rythmé comme il faut. A consommer sans faim...