Wintersleep
Welcome To The Night Sky |
Label :
Labwork |
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S'attarder sur la production, embellir les arrangements, varier les plaisirs, tout en gardant l'efficacité de son songwriting. C'était probablement l'objectif (lune) de Wintersleep pour l'étape du troisième album. Suite logique d'un premier essai fragile quasi-acoustique et d'un second effort d'une puissance rock inversement proportionnel, les canadiens semblent ici trouver un équilibre power-pop parfait pour le vaisseau qu'est Welcome To The Night Sky. À l'amorçage du disque, atteignant progressivement sa vitesse de croisière par un sensuel "Drunk On Aluminium", on a l'impression de passer en état d'apesanteur malgré soi. La longue ascension autour d'un riff de guitare tournoyant comme un moteur magique, les petites incrustations sonores, l'apparition solonnel d'un chant comme suspendu dans l'espace, la netteté de la production, le galop hard rock d'un riff de transition... Aucun doute, on a décollé pour un voyage rock à la destination pop inhabituellement transcendante. Le précédent voyage fantastique du groupe l'avait révélé, Wintersleep aime nous bricoler des chansons touchantes et accessibles pourtant fréquemment sorties (sans toutefois les snober) du cadre sans surprise et radiophonique des couplet/refrain/couplet/refrain... En résulte cette petite station spatiale de dix titres à la mécanique rock bien huilée, dont chaque compartiments est un trésor nécessaire au bon fonctionnement de notre plaisir auditif.
Même les petits écarts, les petites réminescences acoustiques, semblent avoir un rôle important à jouer. En plein territoire du loner Neil Young, le piano folk "Dead Letter & The Infinite Yes", s'il est le plus sage et en conséquence probablement le titre le moins réussi, paraît malgré tout créé pour réchauffer d'un peu de soleil cette machine brillante évoluant en majorité dans la nuit étoilée de l'espace. Cela associe un court instant la sensibilité des compositions du groupe à celle d'un artisan comme Will Oldham. Les similitudes entre les timbres de Paul Murphy et du "prince" se révélant d'ailleurs assez troublantes... On penserait la même chose du festif "Weighty Ghost" qui le suit, et qui lui n'a pas besoin de s'encombrer d'un chapeau mou et autres fantaisies vestimentaires pour afficher des signes extérieurs de revival bab' inutiles. Ce single accomplissant ce que les minets de ce segment de marché s'évertuent à singer, et au passage ce qu'avait esquissé l'excellent mais trop court "Fog" sur le précédent opus.
Tout le reste de l'album, le meilleur, est un séjour dans les étoiles. La vélocité efficace de l'aérien puissant "Archaeologists" ou de l'autre accélération survitaminée "Oblivion" (où le chant semble énumérer ses mots) retiennent bien évidemment l'attention au premier embarquement sur la galette. Ils rappellent les déferlentes soniques modernes et accrocheuses d'un My Vitriol, d'un Serafin ou d'un Sparta, sans pour autant avoir l'air aussi cons que du mauvais Placebo FM. Or toute la maestria de Wintersleep se dévoile souvent dans les tempos plus modérés ou les changements d'humeur. La musique du groupe agissant un peu comme l'engourdissement d'une courbature : profondément douloureuse et délicieusement relaxante à la fois. Le tout aussi accrocheur "Astronaut", sorte de R.E.M. avec une paire de couilles, semble nous énoncer effrontémment cette maestria comme une vérité. Et les autres échantillons d'astéroïde de s'illuminer comme de véritables pépites : la double face du faux instrumental puissant "Murderer" et sa pluie de météorites finale, la stricte montée en puissance d'un "Laser Beams" implosant en vitesse lumière, le long alunissage en post-rock saboté "Miasmal Smoke & The Bellied Freaks", le pur moment de grâce de la sortie en surface "Search Party"...
Une musique soignée, intelligente et populaire comme on l'aime. Après la fièvre de l'incroyable second essai, la fraîcheur d'un puissant troisième lancement. Wintersleep serait-il parvenu à mettre en orbite son album power-pop ultime ? Passionnant, comme un classique du genre. OK Compu-quoi déjà ?
Même les petits écarts, les petites réminescences acoustiques, semblent avoir un rôle important à jouer. En plein territoire du loner Neil Young, le piano folk "Dead Letter & The Infinite Yes", s'il est le plus sage et en conséquence probablement le titre le moins réussi, paraît malgré tout créé pour réchauffer d'un peu de soleil cette machine brillante évoluant en majorité dans la nuit étoilée de l'espace. Cela associe un court instant la sensibilité des compositions du groupe à celle d'un artisan comme Will Oldham. Les similitudes entre les timbres de Paul Murphy et du "prince" se révélant d'ailleurs assez troublantes... On penserait la même chose du festif "Weighty Ghost" qui le suit, et qui lui n'a pas besoin de s'encombrer d'un chapeau mou et autres fantaisies vestimentaires pour afficher des signes extérieurs de revival bab' inutiles. Ce single accomplissant ce que les minets de ce segment de marché s'évertuent à singer, et au passage ce qu'avait esquissé l'excellent mais trop court "Fog" sur le précédent opus.
Tout le reste de l'album, le meilleur, est un séjour dans les étoiles. La vélocité efficace de l'aérien puissant "Archaeologists" ou de l'autre accélération survitaminée "Oblivion" (où le chant semble énumérer ses mots) retiennent bien évidemment l'attention au premier embarquement sur la galette. Ils rappellent les déferlentes soniques modernes et accrocheuses d'un My Vitriol, d'un Serafin ou d'un Sparta, sans pour autant avoir l'air aussi cons que du mauvais Placebo FM. Or toute la maestria de Wintersleep se dévoile souvent dans les tempos plus modérés ou les changements d'humeur. La musique du groupe agissant un peu comme l'engourdissement d'une courbature : profondément douloureuse et délicieusement relaxante à la fois. Le tout aussi accrocheur "Astronaut", sorte de R.E.M. avec une paire de couilles, semble nous énoncer effrontémment cette maestria comme une vérité. Et les autres échantillons d'astéroïde de s'illuminer comme de véritables pépites : la double face du faux instrumental puissant "Murderer" et sa pluie de météorites finale, la stricte montée en puissance d'un "Laser Beams" implosant en vitesse lumière, le long alunissage en post-rock saboté "Miasmal Smoke & The Bellied Freaks", le pur moment de grâce de la sortie en surface "Search Party"...
Une musique soignée, intelligente et populaire comme on l'aime. Après la fièvre de l'incroyable second essai, la fraîcheur d'un puissant troisième lancement. Wintersleep serait-il parvenu à mettre en orbite son album power-pop ultime ? Passionnant, comme un classique du genre. OK Compu-quoi déjà ?
Exceptionnel ! ! 19/20 | par X_YoB |
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