Wintersleep
Untitled |
Label :
Dependent Music |
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Avec ce second album, Wintersleep prend du muscle et franchit agréablement une frontière qui lui était pourtant toute tracée. Là où l'on pouvait attendre une nouvelle œuvre lo-fi discrète mais terriblement efficace, le quatuor de Halifax choisit de creuser plus en profondeur pour nous ramener des pépites inattendues. Le précédent était minimaliste avec des reflets rock flous, cette fois-ci c'est toutes voiles dehors que le groupe balance ses chansons. Les guitares électriques sont branchées, la basse veut se faire entendre, et la batterie va enfin pouvoir se régaler...
Et on constate rapidement que l'aube de l'album, l'aérien "Lipstick", est l'ascension du wagon qui précède la chute vers les boucles du grand huit... Tout en gardant de l'intimité au cœur des compositions, car le groupe nourrit toujours son rock de folk (ou le contraire), on découvre avec surprise que Wintersleep peut réellement jouer sur tous les tableaux et rester lui-même. Nous connaissions sa manière de broder, ses structures tout en progressions, semblant nous faire assister à la création spontanée du morceau lors de l'écoute. Toujours aussi pertinent de ce côté là, même le petit "Fog" ici présent a fait son chemin dans l'estime des fans, malgré sa linéarité et l'absence totale de refrain. Ici, l'apparition de la fièvre rock laisse également libre cours à des séquences instrumentales excellentes, des montées en puissance jouissives comme des instants de plénitude magistraux. On y trouve à la fois l'énergie du rock avec le son et la production (mettant toujours aussi bien en valeur le jeu aisé et inventif du batteur) et la grâce de la mélodie à travers l'écriture et la voix. Les deux âmes sœurs de la musique qui nous font ainsi voyager aussi bien sur la nervosité hypnotique du long et sinueux post-rock "Nerves Normal, Breath Normal" que sur la simplicité enfantine du dernier chapitre guitare/voix "People Talk". De la disto à la rosace, le groupe sait mesurer, pondérer, pour peindre tout au long de ce Untitled une toile impressionnante de couleur et de sensibilité.
Car l'une des forces de Wintersleep sur ce disque, c'est que s'il pousse les amplis à saturation, il se garde bien de faire de la distortion son gagne-pain, et la garde judicieusement comme outil pour prendre aux tripes aux bons moments. Le grunge lumineux de "Jaws Of Life", le slowcore en apesanteur "Insomnia" et sa chorale discrète, les faux folksongs "Faithful Guide" et "A Long Flight" planants, le tournoyant et entêtant "Migration"... Autant de petites pièces d'apparence inoffensive prenant le temps d'installer leurs richesses pour s'éclore massivement à nos oreilles, et finalement s'imposer comme de magnifiques perles. Chacune mériteraient des paragraphes entiers... Et lorsqu'on garde les traces de l'homogénéité du premier album, on se laisse avoir à chaque fois, et on est conquis par l'avalanche sonore... Si bien que lorsqu'il diffusait à mi-parcours un petit interlude nommé "The Dead", anecdotique, cette suite plus musclée déploie logiquement plus lourd pour la grosse tarte de l'album. Cette grosse tarte, c'est un foudroyant "Danse Macabre" ("The Dead"/"Danse Macabre" : y'a-t-il donc un rapport ?), pilier de l'album et véritable petit édifice du rock des années 2000 à lui tout seul. Entre hymne rock universel et trip post-rock, le titre se divise littéralement en deux parties. L'une balance un long riff grungy emmêlé dans un pattern tordu digne des plus grandes chansons indie-rock, l'autre se noie dans une atmosphère instrumentale flottante jusqu'à la faire bouillir. Du petit quatuor canadien aux chansonnettes folk tendues et au songwriting malin, on n'attendait pas un coup de collier pareil... et la convalescence est longue...
Ne se défaisant pas de sa patte infaillible ni de sa plume délicate, le groupe nous révèle une évolution saisissante, et une aptitude rock authentique et incontestable. Inutile de faire plus long : le Untitled de Wintersleep est un petit monument.
Et on constate rapidement que l'aube de l'album, l'aérien "Lipstick", est l'ascension du wagon qui précède la chute vers les boucles du grand huit... Tout en gardant de l'intimité au cœur des compositions, car le groupe nourrit toujours son rock de folk (ou le contraire), on découvre avec surprise que Wintersleep peut réellement jouer sur tous les tableaux et rester lui-même. Nous connaissions sa manière de broder, ses structures tout en progressions, semblant nous faire assister à la création spontanée du morceau lors de l'écoute. Toujours aussi pertinent de ce côté là, même le petit "Fog" ici présent a fait son chemin dans l'estime des fans, malgré sa linéarité et l'absence totale de refrain. Ici, l'apparition de la fièvre rock laisse également libre cours à des séquences instrumentales excellentes, des montées en puissance jouissives comme des instants de plénitude magistraux. On y trouve à la fois l'énergie du rock avec le son et la production (mettant toujours aussi bien en valeur le jeu aisé et inventif du batteur) et la grâce de la mélodie à travers l'écriture et la voix. Les deux âmes sœurs de la musique qui nous font ainsi voyager aussi bien sur la nervosité hypnotique du long et sinueux post-rock "Nerves Normal, Breath Normal" que sur la simplicité enfantine du dernier chapitre guitare/voix "People Talk". De la disto à la rosace, le groupe sait mesurer, pondérer, pour peindre tout au long de ce Untitled une toile impressionnante de couleur et de sensibilité.
Car l'une des forces de Wintersleep sur ce disque, c'est que s'il pousse les amplis à saturation, il se garde bien de faire de la distortion son gagne-pain, et la garde judicieusement comme outil pour prendre aux tripes aux bons moments. Le grunge lumineux de "Jaws Of Life", le slowcore en apesanteur "Insomnia" et sa chorale discrète, les faux folksongs "Faithful Guide" et "A Long Flight" planants, le tournoyant et entêtant "Migration"... Autant de petites pièces d'apparence inoffensive prenant le temps d'installer leurs richesses pour s'éclore massivement à nos oreilles, et finalement s'imposer comme de magnifiques perles. Chacune mériteraient des paragraphes entiers... Et lorsqu'on garde les traces de l'homogénéité du premier album, on se laisse avoir à chaque fois, et on est conquis par l'avalanche sonore... Si bien que lorsqu'il diffusait à mi-parcours un petit interlude nommé "The Dead", anecdotique, cette suite plus musclée déploie logiquement plus lourd pour la grosse tarte de l'album. Cette grosse tarte, c'est un foudroyant "Danse Macabre" ("The Dead"/"Danse Macabre" : y'a-t-il donc un rapport ?), pilier de l'album et véritable petit édifice du rock des années 2000 à lui tout seul. Entre hymne rock universel et trip post-rock, le titre se divise littéralement en deux parties. L'une balance un long riff grungy emmêlé dans un pattern tordu digne des plus grandes chansons indie-rock, l'autre se noie dans une atmosphère instrumentale flottante jusqu'à la faire bouillir. Du petit quatuor canadien aux chansonnettes folk tendues et au songwriting malin, on n'attendait pas un coup de collier pareil... et la convalescence est longue...
Ne se défaisant pas de sa patte infaillible ni de sa plume délicate, le groupe nous révèle une évolution saisissante, et une aptitude rock authentique et incontestable. Inutile de faire plus long : le Untitled de Wintersleep est un petit monument.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par X_YoB |
Note du rédacteur : l'album comprend deux titres cachés, l'un facilement identifiable en fin d'album ("Damage") et réinséré plus tard en qualité de bonus track ; l'autre disponible uniquement sur certaines éditions CD ("Spring"), vicieusement dissimulée en "pregap" (il faut rembobiner la toute première piste...).
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