Girls In Hawaii
Plan Your Escape |
Label :
62 TV |
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Il leur en aura fallu du temps si bien qu'on ne les attendait plus, voire même on les avait un peu oubliés. Et pourtant Girls In Hawaii revient après plus de quatre ans d'absence. Une pause qui aura surpris beaucoup de monde d'autant plus qu'elle abrogeait subitement la montée d'un groupe qui semblait tenir les clés du succès. Peut-être que les six belges voulaient garder la tête froide, trop acclamés par les critiques et le public, ou bien alors est-ce le témoignage d'une grande sagesse ? Néanmoins cette sagesse a ses limites puisque quelques semaines avant la sortie de Plan Your Escape, on apprend qu'ils ont ôté deux titres qui n'auraient soit disant pas plu sur le disque promotionnel. On dirait bien qu'ils ne sont pas si sereins que ça à l'approche de la parution de leur second volet ! Mais bon ils ont sûrement des raisons valables et on se console en se disant que "Grasshopper" et "Coral" mis subitement sur la touche (plutôt de très bonne facture pourtant) étofferont sans doute les sets de la tournée à venir.
Loin des promenades buissonnières, Plan Your Escape a été minutieusement calculé pour esquiver la naïveté et la légèreté de son prédécesseur bien que ce soit ces penchants là qui faisaient son charme. "This Farm Will End Up In Fire" montre tout de suite cette volonté d'agrandir leurs horizons, en faisant dans l'incisif et l'amplifié plus que d'accoutumé. Les compositions paraissent alors plus directes, à la production plus léchée à tord ou à raison mais ont cependant le mérite de se renouveler, ce qui pourrait sembler normal au vu de cette longue période de latence. Il est indéniable que Girl In Hawaii ait voulu changer la donne ne serait-ce que sur "Bored" assez traditionnelle tronquée soudainement par un passage alarmiste et planant inattendu ou "Couples On TV" aux allures de cirque. Le sextet puise même dans un psychédélisme inédit abandonnant définitivement par la même occasion les prairies bucoliques et elliptiques auxquelles ils nous avaient initiés et s'accorde même deux passages instrumentaux plutôt réussis ("5.20.22" solennel et "Road To Luna" plus péchu).
Néanmoins malgré ce bon départ, le groupe se laisse peu à peu rattraper par leur passé avec entre autres "Shades Of Time" ou "Fields Of Gold" lente et lancinante. Mais les couleurs ("Colors") ne sont pas à la hauteur des premiers clichés. L'enthousiasme semble également avoir fui remplacé par un léger ennui. La suite déçoit alors un peu. On les voit se perdre entre ce qu'ils étaient et ce qu'ils aimeraient avoir changé, le rythme retombe et on regrette d'avoir attendu autant de temps pour si peu. Le travail semble précipité voire prématuré alors qu'on sait très bien que ce n'est pas le cas. Peut-être est ce le fait d'avoir trop réfléchi à ce deuxième album qui a quelque part saboté ses bonnes intentions et annihilé toute crédibilité.
Plan Your Escape s'est donc voulu plus haut point et moins laconique, malheureusement c'est cette concision qui avait fait les beaux jours de From Here To There à la fois frais et opportun. Et même lorsque Girls In Hawaii tente de renouer avec ce qu'ils faisaient auparavant (et ça commence à faire quelques années) le résultat n'est pas plus brillant et coince les belges dans une triste réalité, celui d'un come back plutôt raté.
Loin des promenades buissonnières, Plan Your Escape a été minutieusement calculé pour esquiver la naïveté et la légèreté de son prédécesseur bien que ce soit ces penchants là qui faisaient son charme. "This Farm Will End Up In Fire" montre tout de suite cette volonté d'agrandir leurs horizons, en faisant dans l'incisif et l'amplifié plus que d'accoutumé. Les compositions paraissent alors plus directes, à la production plus léchée à tord ou à raison mais ont cependant le mérite de se renouveler, ce qui pourrait sembler normal au vu de cette longue période de latence. Il est indéniable que Girl In Hawaii ait voulu changer la donne ne serait-ce que sur "Bored" assez traditionnelle tronquée soudainement par un passage alarmiste et planant inattendu ou "Couples On TV" aux allures de cirque. Le sextet puise même dans un psychédélisme inédit abandonnant définitivement par la même occasion les prairies bucoliques et elliptiques auxquelles ils nous avaient initiés et s'accorde même deux passages instrumentaux plutôt réussis ("5.20.22" solennel et "Road To Luna" plus péchu).
Néanmoins malgré ce bon départ, le groupe se laisse peu à peu rattraper par leur passé avec entre autres "Shades Of Time" ou "Fields Of Gold" lente et lancinante. Mais les couleurs ("Colors") ne sont pas à la hauteur des premiers clichés. L'enthousiasme semble également avoir fui remplacé par un léger ennui. La suite déçoit alors un peu. On les voit se perdre entre ce qu'ils étaient et ce qu'ils aimeraient avoir changé, le rythme retombe et on regrette d'avoir attendu autant de temps pour si peu. Le travail semble précipité voire prématuré alors qu'on sait très bien que ce n'est pas le cas. Peut-être est ce le fait d'avoir trop réfléchi à ce deuxième album qui a quelque part saboté ses bonnes intentions et annihilé toute crédibilité.
Plan Your Escape s'est donc voulu plus haut point et moins laconique, malheureusement c'est cette concision qui avait fait les beaux jours de From Here To There à la fois frais et opportun. Et même lorsque Girls In Hawaii tente de renouer avec ce qu'ils faisaient auparavant (et ça commence à faire quelques années) le résultat n'est pas plus brillant et coince les belges dans une triste réalité, celui d'un come back plutôt raté.
Correct 12/20 | par TiComo La Fuera |
Posté le 27 février 2008 à 23 h 04 |
On savait que les six belges étaient des travailleurs minutieux, portés sur l'esthétisme - même si la pochette de l'album rivalise de laideur avec celle du dernier Interpol - , en témoignent les deux titres écartés au dernier moment, par esprit d'équilibre. On peut donc déduire que les quatre années passées à sillonner les routes et concocter ce Plan Your Escape ont été largement mises à profit.
Ils nous avaient laissés enthousiastes, un premier album onirique et frais comme une brise d'été, touchant, mélancolique mais dans un emballage joyeux et festif. Ils reviennent avec un album plus lourd, plus solennel, peut-être aussi plus personnel.
L'ouverture "This Farm Will End Up In Fire" déroute, à mi-chemin entre Nada Surf et Grandaddy, la naïveté passée semble s'éclater dans un final très pop, assez consensuel d'ailleurs, mais fort efficace. Les deux titres suivants "Sun Of The Sons" et "Bored" reprennent les mêmes recettes pop, et on se dit que les Girls In Hawaii ont viré de bord, retourné leur jaquette, et ont décidé d'arpenter les chemins battus par meilleurs qu'eux. Alors voilà, nous ont-ils fait un complexe d'infériorité, à force d'entendre dire que leur musique est bien mignonne mais n'a rien du chef-d'oeuvre?
En fait, oui et non. Car le reste de l'album ne tranche dans aucune des deux voix, mais donne des arguments contraires. Certains titres comme "Colors", ou encore l'excellent "Summer Storm" auraient eu largement leur place il y a quatre ans, mélodies bancales, voix torturées, arrangements légers. D'autres tentent de passer une vitesse supérieure, comme "Birthday Call", alternant passages lents et refrains noisy. On pourrait également parlé des deux titres tristes et plus noirs, le très minimaliste "Couples On Tv" ou l'outro "Plan Your Escape", aux paroles sombres et fatalistes.
Les filles d'Hawaii ont donc surpris en faisant ce qu'on attendait d'eux. La qualité est toujours au rendez-vous, seul bémol, l'instrumentale "Road To Luna", souvent jouée en live et qui perd ici toute sa fougue. Le reste n'est pas atteint par la grâce, toujours pas, mais on sent qu'ils s'en rapprochent, et surtout qu'ils se retrouvent pleinement dans ce deuxième opus, plus varié et plus touchant, résolument plus personnel. Si le charme du premier album résidait dans l'extrême simplicité enfantine, on peut alors ici parler d'une étape vers l'âge adulte.
Ils nous avaient laissés enthousiastes, un premier album onirique et frais comme une brise d'été, touchant, mélancolique mais dans un emballage joyeux et festif. Ils reviennent avec un album plus lourd, plus solennel, peut-être aussi plus personnel.
L'ouverture "This Farm Will End Up In Fire" déroute, à mi-chemin entre Nada Surf et Grandaddy, la naïveté passée semble s'éclater dans un final très pop, assez consensuel d'ailleurs, mais fort efficace. Les deux titres suivants "Sun Of The Sons" et "Bored" reprennent les mêmes recettes pop, et on se dit que les Girls In Hawaii ont viré de bord, retourné leur jaquette, et ont décidé d'arpenter les chemins battus par meilleurs qu'eux. Alors voilà, nous ont-ils fait un complexe d'infériorité, à force d'entendre dire que leur musique est bien mignonne mais n'a rien du chef-d'oeuvre?
En fait, oui et non. Car le reste de l'album ne tranche dans aucune des deux voix, mais donne des arguments contraires. Certains titres comme "Colors", ou encore l'excellent "Summer Storm" auraient eu largement leur place il y a quatre ans, mélodies bancales, voix torturées, arrangements légers. D'autres tentent de passer une vitesse supérieure, comme "Birthday Call", alternant passages lents et refrains noisy. On pourrait également parlé des deux titres tristes et plus noirs, le très minimaliste "Couples On Tv" ou l'outro "Plan Your Escape", aux paroles sombres et fatalistes.
Les filles d'Hawaii ont donc surpris en faisant ce qu'on attendait d'eux. La qualité est toujours au rendez-vous, seul bémol, l'instrumentale "Road To Luna", souvent jouée en live et qui perd ici toute sa fougue. Le reste n'est pas atteint par la grâce, toujours pas, mais on sent qu'ils s'en rapprochent, et surtout qu'ils se retrouvent pleinement dans ce deuxième opus, plus varié et plus touchant, résolument plus personnel. Si le charme du premier album résidait dans l'extrême simplicité enfantine, on peut alors ici parler d'une étape vers l'âge adulte.
Très bon 16/20
Posté le 03 mai 2008 à 13 h 44 |
"Cet album est-il moins bon que le premier ?" semble la question récurrente de tous ceux qui étaient tombés sous le charme du premier opus ! A l'écoute attentive et multiple du second opus du groupe belge, j'avoue trouver cette question sans grande pertinence. Je dis "écoute attentive et multiple" car l'erreur habituelle est de comparer trop hâtivement un album sorti il y a des années avec lequel on a un rapport intime (du à des dizaines et des dizaines d'écoute répétées) avec un nouvel album tout frais qu'on n'a pas encore pu explorer de manière exhaustive. J'ai moi-même souvent fait cette erreur, je me souviens très bien de ma circonspection lors de mes premières écoutes de Vitalogy de Pearl Jam, parce que je n'y retrouvais pas les qualités de Vs alors qu'il en avait d'autres, encore plus rares, qui ont fait peu à peu de cet album mon préféré du groupe. Conscient de cette erreur habituelle, j'ai donc attendu d'avoir "vécu" au moins deux mois avec le nouveau disque des Girls In Hawaii avant d'en écrire la chronique.
Alors oui, on peut remarquer que ce deuxième album n'a pas certaines qualités qu'avait le premier opus, on n'y trouve plus cette immédiateté des mélodies simples, sa touchante naïveté vocale, son minimalisme instrumental qui confinait à une réelle intimité. Qu'on se le dise Plan Your Escape n'a pas les qualités particulières de From Here To Here. Mais il en a quantité d'autres que le premier n'avait pas ! Tout d'abord, une plus grande complexité des compositions, (même si tout cela reste relatif, cela reste de la pop), une plus grande variété d'inspiration et d'atmosphère, une cohérence presque narrative entre la première et la dernière plage (là où le premier album n'était qu'une collection de chansons relativement semblables), une bien meilleure production, avec plus de pèche, nettement plus proche de ce que le groupe donne en concert, avec une richesse dans les arrangements et une audace musicale qui manquaient au premier album. On a certes perdu en partie cette intimité, cette touchante naïveté et la fraîcheur des débuts, mais si les Girls in Hawaii avaient essayé de retrouver cela sur ce deuxième opus, quatre ans après le premier album, cela aurait sonné faux et réchauffé, et on leur aurait reproché d'avoir fait un From Here To Here bis en moins réussi... Piège qu'ils semblent avoir eu à cœur d'éviter.
"Alors ArzaK, dis-nous, tu préfères le premier album ou le deuxième ?" Répondre à cette question revient à trancher entre la cerise et la pomme... On ne peut comparer des cerises qu'avec d'autres cerises, et des pommes avec des pommes. La premier album était une perle, cet album est également une merveille mais d'un autre genre. Une ode au changement, comme si l'évasion dont il était question dans le titre était l'emprise trop forte du premier album, emprise dont il fallait se libérer pour se sentir plus libre et voguer vers d'autres univers musicaux... Non, Girls in Hawaii ne sera pas le groupe d'un seul et unique album, il ne sera pas le groupe d'une formule musicale pop figée immobile et rassurante, prétendument intemporelle. Ce deuxième album le prouve haut la main et je suis certain que le meilleur reste encore à venir.
Et au quidam qui me demandera encore : "Mais finalement, ArzaK, tu préfères le premier album ou le deuxième ?", je répondrai : "Le troisième !".
Alors oui, on peut remarquer que ce deuxième album n'a pas certaines qualités qu'avait le premier opus, on n'y trouve plus cette immédiateté des mélodies simples, sa touchante naïveté vocale, son minimalisme instrumental qui confinait à une réelle intimité. Qu'on se le dise Plan Your Escape n'a pas les qualités particulières de From Here To Here. Mais il en a quantité d'autres que le premier n'avait pas ! Tout d'abord, une plus grande complexité des compositions, (même si tout cela reste relatif, cela reste de la pop), une plus grande variété d'inspiration et d'atmosphère, une cohérence presque narrative entre la première et la dernière plage (là où le premier album n'était qu'une collection de chansons relativement semblables), une bien meilleure production, avec plus de pèche, nettement plus proche de ce que le groupe donne en concert, avec une richesse dans les arrangements et une audace musicale qui manquaient au premier album. On a certes perdu en partie cette intimité, cette touchante naïveté et la fraîcheur des débuts, mais si les Girls in Hawaii avaient essayé de retrouver cela sur ce deuxième opus, quatre ans après le premier album, cela aurait sonné faux et réchauffé, et on leur aurait reproché d'avoir fait un From Here To Here bis en moins réussi... Piège qu'ils semblent avoir eu à cœur d'éviter.
"Alors ArzaK, dis-nous, tu préfères le premier album ou le deuxième ?" Répondre à cette question revient à trancher entre la cerise et la pomme... On ne peut comparer des cerises qu'avec d'autres cerises, et des pommes avec des pommes. La premier album était une perle, cet album est également une merveille mais d'un autre genre. Une ode au changement, comme si l'évasion dont il était question dans le titre était l'emprise trop forte du premier album, emprise dont il fallait se libérer pour se sentir plus libre et voguer vers d'autres univers musicaux... Non, Girls in Hawaii ne sera pas le groupe d'un seul et unique album, il ne sera pas le groupe d'une formule musicale pop figée immobile et rassurante, prétendument intemporelle. Ce deuxième album le prouve haut la main et je suis certain que le meilleur reste encore à venir.
Et au quidam qui me demandera encore : "Mais finalement, ArzaK, tu préfères le premier album ou le deuxième ?", je répondrai : "Le troisième !".
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