Christian Death
Atrocities |
Label :
Normal |
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Depuis l'album précédent, The Scriptures, Valor Känd se trouve désormais seul aux commandes de Christian Death, du moins sans Rozz Williams, fondateur du groupe en Californie en 1979. On s'est plu de manière très simpliste – et on se plaît encore aujourd'hui, et plus que jamais – à opposer Rozz (suicidé en 1998), qui serait un génie incompris et le légitime leader de Christian Death, et Valor qui serait un usurpateur dénué de talent et opportuniste. Tel ne me semble pas être le cas. Ces deux figures hautement charismatiques sont plus complémentaires que rivales, à mes yeux.
Le titre de l'album, Atrocities, est à la fois évocateur et caricatural. D'autant plus que l'on voit sur la pochette des chirurgiens œuvrer sur une table d'opération. Mais la musique et les textes qui le constituent ne sont ni sanguinolents ni macabres mais plutôt énigmatiques et ésotériques. Le nom lui-même de Christian Death serait par ailleurs non une évocation du christianisme et de la mort (thèmes certes récurrents dans l'œuvre du groupe, tant pour Rozz que pour Valor), mais un clin d'œil à Christian Dior. Le son de l'album est paradoxalement à la fois compressé et étouffant, et ample et intimiste.
Le superbe "Will-O'-The-Wisp" (faisant référence au ‘Jack o' lantern' du folklore des Iles britanniques) s'ouvre par un violon à la Paganini, vite écrasé par une guitare saturée et la batterie lourde du fabuleux David Glass, le chant torturé de Valor et les lamentations de Gitane. "Tales Of Innocence", plus lent mais tout aussi sombre, dans un autre registre, est chanté de magnifique manière par la grande Gitane Demone, aidée par une basse incroyablement puissante et profonde, une batterie au son gigantesque et une guitare vénéneuse. "Strapping Me Down" commence calmement, avec une guitare à la fois claire et un peu dissonante et le chant profond de Valor, mais le morceau accélère brusquement, ce calme est perturbé par l'arrivée brutale de la rythmique, toujours aussi parfaite. "The Dantzig Waltz", qui débute par un piano, est beaucoup plus lent et planant. Sur "Chimère De-Si De-Là", l'entremêlement des guitares électriques claires en arpèges, de la basse, de la guitare acoustique, est délicieux ; le morceau change plusieurs fois de rythme, avec un chant plus concis de Valor et les hululements de Gitane. Le grandiose classique "Silent Thunder", qui fera l'objet d'une reprise, est beaucoup plus dynamique, avec un climat orageux comme il se doit, une batterie tribale et virtuose, une basse linéaire typique du post-punk et des guitares distordues et tranchantes. On revient à un tempo plus apaisé, mais aussi cette fois un ton mélancolique, avec "Strange Fortune", ses percussions exotiques et les accords et arpèges appuyés et signifiants de Valor qui, non content d'être un vocaliste et multi-instrumentiste de génie, maîtrise aussi bien les guitares acoustiques qu'électriques. "Ventriloquist" commence par des roulements martiaux mais accélère la cadence, c'est un titre puissant et rageur, réminescent des racines punks du groupes, mais plus complexe et plus sombre que les adeptes du ‘No Future'. "Gloomy Sunday", bien entendu reprise de Billie Holliday, est chanté par la reine fétichiste et sado-maso Gitane Demone, adepte des tenues sexy et provocantes de cuir et de vinyle noirs. Un morceau au piano d'une tristesse et d'une beauté infinies, qui laisse apparaître les influences jazz, soul, blues et cabaret de Gitane. "The Death Of Joseph" est sans doute un clin d'œil narquois au nom même du groupe, puisqu'il y est question de la mort du père du Christ – thème quelque peu délaissé par la littérature et l'art. C'est un morceau planant, expérimental, inquiétant et minimaliste, à base d'orgue et de piano, chanté – ou plutôt déclamé – avec douceur par un Valor recueilli.
Atrocities, le meilleur album du Christian Death de Valor, est une œuvre magnifique, dense et majestueuse, riche et variée, qu'il faut avoir écouté – à condition de pouvoir dépasser ses préjugés simplistes et primaires sur le rock gothique.
Le titre de l'album, Atrocities, est à la fois évocateur et caricatural. D'autant plus que l'on voit sur la pochette des chirurgiens œuvrer sur une table d'opération. Mais la musique et les textes qui le constituent ne sont ni sanguinolents ni macabres mais plutôt énigmatiques et ésotériques. Le nom lui-même de Christian Death serait par ailleurs non une évocation du christianisme et de la mort (thèmes certes récurrents dans l'œuvre du groupe, tant pour Rozz que pour Valor), mais un clin d'œil à Christian Dior. Le son de l'album est paradoxalement à la fois compressé et étouffant, et ample et intimiste.
Le superbe "Will-O'-The-Wisp" (faisant référence au ‘Jack o' lantern' du folklore des Iles britanniques) s'ouvre par un violon à la Paganini, vite écrasé par une guitare saturée et la batterie lourde du fabuleux David Glass, le chant torturé de Valor et les lamentations de Gitane. "Tales Of Innocence", plus lent mais tout aussi sombre, dans un autre registre, est chanté de magnifique manière par la grande Gitane Demone, aidée par une basse incroyablement puissante et profonde, une batterie au son gigantesque et une guitare vénéneuse. "Strapping Me Down" commence calmement, avec une guitare à la fois claire et un peu dissonante et le chant profond de Valor, mais le morceau accélère brusquement, ce calme est perturbé par l'arrivée brutale de la rythmique, toujours aussi parfaite. "The Dantzig Waltz", qui débute par un piano, est beaucoup plus lent et planant. Sur "Chimère De-Si De-Là", l'entremêlement des guitares électriques claires en arpèges, de la basse, de la guitare acoustique, est délicieux ; le morceau change plusieurs fois de rythme, avec un chant plus concis de Valor et les hululements de Gitane. Le grandiose classique "Silent Thunder", qui fera l'objet d'une reprise, est beaucoup plus dynamique, avec un climat orageux comme il se doit, une batterie tribale et virtuose, une basse linéaire typique du post-punk et des guitares distordues et tranchantes. On revient à un tempo plus apaisé, mais aussi cette fois un ton mélancolique, avec "Strange Fortune", ses percussions exotiques et les accords et arpèges appuyés et signifiants de Valor qui, non content d'être un vocaliste et multi-instrumentiste de génie, maîtrise aussi bien les guitares acoustiques qu'électriques. "Ventriloquist" commence par des roulements martiaux mais accélère la cadence, c'est un titre puissant et rageur, réminescent des racines punks du groupes, mais plus complexe et plus sombre que les adeptes du ‘No Future'. "Gloomy Sunday", bien entendu reprise de Billie Holliday, est chanté par la reine fétichiste et sado-maso Gitane Demone, adepte des tenues sexy et provocantes de cuir et de vinyle noirs. Un morceau au piano d'une tristesse et d'une beauté infinies, qui laisse apparaître les influences jazz, soul, blues et cabaret de Gitane. "The Death Of Joseph" est sans doute un clin d'œil narquois au nom même du groupe, puisqu'il y est question de la mort du père du Christ – thème quelque peu délaissé par la littérature et l'art. C'est un morceau planant, expérimental, inquiétant et minimaliste, à base d'orgue et de piano, chanté – ou plutôt déclamé – avec douceur par un Valor recueilli.
Atrocities, le meilleur album du Christian Death de Valor, est une œuvre magnifique, dense et majestueuse, riche et variée, qu'il faut avoir écouté – à condition de pouvoir dépasser ses préjugés simplistes et primaires sur le rock gothique.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Gaylord |
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