Patrick Watson
Close To Paradise |
Label :
Secret City |
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Il est des albums qui, quand on les découvre en avance, vous mettent dans une délectation telle que chaque jour précédant le buzz inévitable, on savoure la perle rare qu'on a découvert.
En effet, c'est au printemps 2007, à la sortie de l'exquis Ma Fleur du Cinematic Orchestra que le nom de Patrick Watson m'est parvenu. Je cherchais la provenance de cette voix splendide présente sur le morceau d'ouverture du combo électro-jazz anglais, et c'est là qu'il m'est apparu.
Patrick Watson, avant d'être un groupe, est tout d'abord une voix. Une voix aérienne, souple, délicate et subtile. Souvent comparée à celle de Jeff Buckley, elle oscille également entre celle de Mr. Hegarty d'Antony & The Johnsons, ou encore celle de Chris Martin de Coldplay (période Parachutes cela va sans dire). Avec ceci de plus qu'elle a son propre grain, sa particularité de lâcher parfois ses mots comme si de rien était, de laisser paraître son sourire à travers son phrasé, d'habiter sa chanson de toutes les émotions possibles.
Se laisser transporter n'est plus qu'un jeu d'enfant avec cette voix, cette connaissance des harmonies et de la mélodie pop-folk accrocheuse. En inconditionnel de Satie, le jeune homme verse aussi bien dans les arpèges élaborés (la chanson "Mister Tom" en particulier) que dans la simple ritournelle.
C'est d'ailleurs au son d'une locomotive que démarre son second opus "Close to Paradise", avec la chanson éponyme à l'atmosphère lascive et ouatée. S'en viennent ensuite des chansons se baladant entre les univers impressionistes de Debussy et ceux dépouillés de Nick Drake. Alors que "Daydreamer" nous plonge dans un sous-sol Burtonien, "Slip Into Your Skin" est une berceuse de coton au rythme de balançoire.
Quand les morceaux se rapprochent d'un son plus rock, ils sont toujours esquissés avec en fond un goût irréprochable pour la mélodie, la polyphonie et l'orchestration: "Giver" en est l'exemple par excellence. On pense à ce don pour le songwriting pop classieux que possédait McCartney.
Même quand il emprunte un genre particulier, comme la folk, il ne se cantonne pas dans une forme particulière: alors que "The Storm" est une échappée brumeuse et pleine d'échos, "Drifters" mêle sa mélancolie aux boucles de piano à la Philip Glass.
Parfois savamment orchestrées ("Man Under The Sea" et ses passages de fanfare beatlesienne), ses chansons n'en sont que plus belles et dépouillées. Le chef-d'oeuvre de cet album nous le montre bien: "The Great Escape" n'est composée que de Mr. Watson et son piano. Ballade intimiste, elle prend aux tripes par son ultime simplicité et cette grace qui en émane.
Il est des albums qui mettent du temps avant de recevoir la reconnaissance du grand public. C'est donc lentement que ce second opus deviendra un véritable chef-d'oeuvre, faute de quoi il serait déjà considéré comme le digne successeur de Grace.
Magnifique.
En effet, c'est au printemps 2007, à la sortie de l'exquis Ma Fleur du Cinematic Orchestra que le nom de Patrick Watson m'est parvenu. Je cherchais la provenance de cette voix splendide présente sur le morceau d'ouverture du combo électro-jazz anglais, et c'est là qu'il m'est apparu.
Patrick Watson, avant d'être un groupe, est tout d'abord une voix. Une voix aérienne, souple, délicate et subtile. Souvent comparée à celle de Jeff Buckley, elle oscille également entre celle de Mr. Hegarty d'Antony & The Johnsons, ou encore celle de Chris Martin de Coldplay (période Parachutes cela va sans dire). Avec ceci de plus qu'elle a son propre grain, sa particularité de lâcher parfois ses mots comme si de rien était, de laisser paraître son sourire à travers son phrasé, d'habiter sa chanson de toutes les émotions possibles.
Se laisser transporter n'est plus qu'un jeu d'enfant avec cette voix, cette connaissance des harmonies et de la mélodie pop-folk accrocheuse. En inconditionnel de Satie, le jeune homme verse aussi bien dans les arpèges élaborés (la chanson "Mister Tom" en particulier) que dans la simple ritournelle.
C'est d'ailleurs au son d'une locomotive que démarre son second opus "Close to Paradise", avec la chanson éponyme à l'atmosphère lascive et ouatée. S'en viennent ensuite des chansons se baladant entre les univers impressionistes de Debussy et ceux dépouillés de Nick Drake. Alors que "Daydreamer" nous plonge dans un sous-sol Burtonien, "Slip Into Your Skin" est une berceuse de coton au rythme de balançoire.
Quand les morceaux se rapprochent d'un son plus rock, ils sont toujours esquissés avec en fond un goût irréprochable pour la mélodie, la polyphonie et l'orchestration: "Giver" en est l'exemple par excellence. On pense à ce don pour le songwriting pop classieux que possédait McCartney.
Même quand il emprunte un genre particulier, comme la folk, il ne se cantonne pas dans une forme particulière: alors que "The Storm" est une échappée brumeuse et pleine d'échos, "Drifters" mêle sa mélancolie aux boucles de piano à la Philip Glass.
Parfois savamment orchestrées ("Man Under The Sea" et ses passages de fanfare beatlesienne), ses chansons n'en sont que plus belles et dépouillées. Le chef-d'oeuvre de cet album nous le montre bien: "The Great Escape" n'est composée que de Mr. Watson et son piano. Ballade intimiste, elle prend aux tripes par son ultime simplicité et cette grace qui en émane.
Il est des albums qui mettent du temps avant de recevoir la reconnaissance du grand public. C'est donc lentement que ce second opus deviendra un véritable chef-d'oeuvre, faute de quoi il serait déjà considéré comme le digne successeur de Grace.
Magnifique.
Excellent ! 18/20 | par Nimaro |
Posté le 18 juillet 2009 à 06 h 56 |
A ma connaissance, le meilleur disque millésimé 2006. Et l'un des 5 ou 6 meilleurs albums de la décennie 00. Autant dire que cette chronique risque d'être une suite d'adjectifs extasiés et de points d'exclamation.
Ici, pas d'à peu près, de flou artistique et autres bricolages du dimanche. Donc, pour ceux qui trouvent du charme aux chanteurs chantant faux, aux instruments mal accordés et au gros son qui laisse des taches de gras, passez votre chemin. Patrick Watson, individu ou collectif, est un rêveur certes, mais qui ne délire jamais mal - en tout cas sur ce disque - et qui a des idées extrêmement claires. Sa musique est limpide, harmonieuse, très harmonieuse, rêveuse donc. Mais avec lui, la topologie des rêves est particulièrement précise, ce qui lui permet de ne jamais s'égarer (et d'égarer l'auditeur) en cours de route. La mesure est toujours juste : ni de trop ni de pas assez. Chaque titre - et il y en a 13 - vaut la peine d'être écouté, quoique de peine il n'en est vraiment pas question, tant le tout est concis, léger, aérien, gracieux, fleurant le "paradis" sans effort.
Le niveau moyen étant très haut, bien difficile de trouver quelques pics dépassant du lot. En fait, chacun selon sa sensibilité, aura ses préférences. Personnellement, j'ai un petit faible pour les titres 6 et 12 : The Storm et Sleeping Beauty, mélancoliques sans doute, mais d'une mélancolie garantie sans effet secondaire. Les influences citées plus haut (voir chronique précédente) sont justes et on pourrait en rajouter bien d'autres (un peu de basse greenwoodienne par ci, de guitare gilmourienne par là...) mais tout cela est fait sans y toucher et ne gâte en rien la sauce. La grâce, je vous dis !
Il paraît que le dernier album que j'hésite encore à écouter, si j'en crois certaines critiques et les musiciens eux-mêmes, est encore meilleur. J'ai un peu de peine à le croire. Si c'est le cas, alors qu'est-ce que ça doit être ?!
Ici, pas d'à peu près, de flou artistique et autres bricolages du dimanche. Donc, pour ceux qui trouvent du charme aux chanteurs chantant faux, aux instruments mal accordés et au gros son qui laisse des taches de gras, passez votre chemin. Patrick Watson, individu ou collectif, est un rêveur certes, mais qui ne délire jamais mal - en tout cas sur ce disque - et qui a des idées extrêmement claires. Sa musique est limpide, harmonieuse, très harmonieuse, rêveuse donc. Mais avec lui, la topologie des rêves est particulièrement précise, ce qui lui permet de ne jamais s'égarer (et d'égarer l'auditeur) en cours de route. La mesure est toujours juste : ni de trop ni de pas assez. Chaque titre - et il y en a 13 - vaut la peine d'être écouté, quoique de peine il n'en est vraiment pas question, tant le tout est concis, léger, aérien, gracieux, fleurant le "paradis" sans effort.
Le niveau moyen étant très haut, bien difficile de trouver quelques pics dépassant du lot. En fait, chacun selon sa sensibilité, aura ses préférences. Personnellement, j'ai un petit faible pour les titres 6 et 12 : The Storm et Sleeping Beauty, mélancoliques sans doute, mais d'une mélancolie garantie sans effet secondaire. Les influences citées plus haut (voir chronique précédente) sont justes et on pourrait en rajouter bien d'autres (un peu de basse greenwoodienne par ci, de guitare gilmourienne par là...) mais tout cela est fait sans y toucher et ne gâte en rien la sauce. La grâce, je vous dis !
Il paraît que le dernier album que j'hésite encore à écouter, si j'en crois certaines critiques et les musiciens eux-mêmes, est encore meilleur. J'ai un peu de peine à le croire. Si c'est le cas, alors qu'est-ce que ça doit être ?!
Exceptionnel ! ! 19/20
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