Patrick Watson
Montréal - Canada [Festival De Jazz, Scène General Motors] - dimanche 05 juillet 2009 |
Il fallait venir tôt pour avoir une bonne place pour le grand concert de ce soir. Il n'y avait peut-être pas deux cent mille personnes comme pour Stevie Wonder qui faisait l'ouverture du festival mais tout de même bien cent mille montréalais venus en masse. Le plus grand concert pour le groupe, ils l'ont dit eux-mêmes. Ayant retenu la leçon de ce genre de grand événement gratuit sponsorisé, j'ai préféré venir trois heures à l'avance non pas en tant que fan absolu (enfin je l'aime beaucoup quoi) mais parce que je voulais y voir quelque chose. Et je dois dire que je suis plutôt bien tombé, juste derrière les barrières. De quoi profiter du show qui promettait d'être très visuel avec en prime un quatuor de violon et un ensemble de cuivre d'après les dires du vice président de la programmation du Festival de Jazz.
Sans plus tarder, l'ombre de Patrick Watson apparaît derrière un grand écran blanc qui masque la scène. Des hommes en noir perchés sur les bâtiments en flamme entourant le site font vibrer des bouts de tôle dans un tonnerre captivant. La toile s'ouvre et me voilà nez à nez avec lui accroché à son micro, un béret vissé sur la tête. Les basses vrombissent de trop pour ce "Fireweed" ensorcelant. Heureusement ça ne sera plus le cas après, tout comme cet écho démesurée placée sur la voix bien que tout devant on ne l'entende pas du tout. L'entrée est magique, irréelle avec son hululement de velours puis son timbre splendide guidée dans une instrumentation parfaite. Viennent alors "Tracy's Water" avec l'apparition des violons puis "Beijing" dont le piano sautillant m'émeut toujours autant même lorsqu'il est interprété devant une Place des Arts archi comble et un Robbie Kuster en forme, à toute berzingue sur sa batterie de casseroles qui sonne comme des perles enfilées sur les rayons de vélo pour enfant. Jace Lasek, le producteur de Wooden Arms, fournit lui les bruitages en pédalant sur un vélo placé sur plateforme levée à vingt mètres au dessus du sol alors que des images de la ville en noir et blanc défilent en accéléré sur les murs du Musée des Arts Contemporains. Pendant ce temps les écrans géants dévoilent avec autant de spasmes qu'inspirent le titre tarabiscoté la moindre partie de la scène : le visage de Watson, cordes, archets, toms... comme dans un vieux film tel que je l'imaginais sur l'album. "Wooden Arms" prend la relève déclinant le dernier album dans son ordre le plus strict avec en guest Lhasa avec qui il jouera une inédite "12 Steps". Simon Angel derrière joue paisiblement avec sa mandoline. Des arbres se balancent en fond.
En parlant d'effets et d'invités, le groupe a su géré la carte blanche que leur offrait Bell, le sponsor principal de la soirée. Certes j'imagine qu'ils leur étaient imposés des cordes et cuivres (il faut coller à l'image du festival) ainsi que les feux d'artifice pour le final. Mais le reste des effets visuels était ma fois plutôt sympathique et simple. Le pianiste avoue qu'on lui a refusé une de ses propositions à savoir que des lasers sortent des yeux du guitariste (rires). En fait le concert est sous le signe des projections nébuleuses de silhouettes en apesanteur sur les édifices alentours et des ombres chinoises à l'instar de "Traveling Salesman" narré ainsi joliment ou "Where The Wild Things Are" avec un expert indien sculptant de ses seules mains visages, fauve en pleine course, bateau, lapin et loup lorsque Watson entonne ses hurlements. Côté invités, après Lhasa est arrivée Katie Moore et deux autres chanteuses le temps de "Big Bird In A Small Cage". Yannick Rieu pour une improvisation au saxophone sur un court métrage où un petit gros s'en met plein la panse, revient chez lui en titubant et délire dans un rêve où il s'envole sur son lit. Pièce complètement habitée, jouée derrière le rideau tiré de nouveau, collant parfaitement avec l'atmosphère du groupe. Et le king des percussions et des conserves Guy Nadon, excusez du peu, des fourmis plein les mains, le sourire angélique d'un petit gamin et la frime d'un adolescent. Le songwriter nous confie que le vieil homme le laissait jouer au Jello Bar quand il était gamin et venait pour chanter. Il lui renvoie en quelque sorte l'ascenseur.
Outre cette foultitude de truchements et de trouvailles, je n'ai pas l'impression qu'il s'agisse d'un événement énorme et sans âme. Sûrement parce que je suis planté aux premières loges. Seulement il faut également souligner que le pianiste semble on ne peut plus authentique et fidèle à lui même : blagounettes, grands rires soudain dans les moments de jouissance musicale, vocalises presque modérées, il sample peu sa voix et "Man Like You" n'est pas un brin dénaturée, en guitare voix, sublime de douceur. De plus, en dépit des répétitions qui ont du être nombreuses pour peaufiner le show, il subsiste pas mal d'imperfections et de ratés. Watson arrête par exemple "Where The Wild Things Are" lorsque la lumière éclairant les arabesques de l'indien s'éteint pour que l'on ne manque pas la meilleure partie de la chanson. Ou encore quand à la moitié du spectacle, le groupe par à la conquête du estrade cachée dans le public, pourvus de mégaphones et de lampiotes accrochés à leur dos pour jouer trois titres. Il y a quelques grésillement et défaillances mais le concept de s'approcher de ceux qui voient mal la scène pour qu'ils puissent eux aussi voir le groupe est plutôt bien trouvé. L'occasion aussi d'entendre la mal connue "Hearts In The Park" en duo avec Erika et surtout "The Storm", bien que je sois passé un peu à côté puisque du coup ils étaient loin de moi.
C'est aussi l'occasion de voir les compères de Watson s'affirmer davantage surtout Simon Angel qui à plusieurs reprises fait grincer sa guitare dans des solos bien crades planqué derrière l'écran blanc sur le final de "Traveling Salesman" ou en se contorsionnant sur son enceinte de retour un peu plus tard. Ce concert est à l'image de le dernier album, ouvert et collectif. Un peu trop peut-être puisqu'il n'y a pas de place pour Just Another Ordinary Day et peu pour Close To Paradise en rappel. On a tout de même droit à "Luscious Life" après un clin d'oeil à son père avec la reprise de "Summer Time", "Great Escape" alors que le chanteur avait prévu "Down At The Beach", en piano voix jusqu'à ce que le québecois appelle son back band pour terminer dans un funk très binaire et enfin "Bright Shiny Lights" où il invite un tromboniste avec qui il échange quelques solos, lui avec son mégaphone avant de boucler sa voix une dernière fois : 'They're casting a shadow/Oh what a sorrowful sight'...
Une merveilleuse soirée en somme, peut-être pas celle que j'avais espéré pour découvrir l'univers de Patrick Watson à savoir dans une petit salle sombre et mystérieuse. Cependant je trouve que le groupe a utilisé à son avantage cette grosse opportunité sans avoir pris pour autant la grosse tête, ni avoir corrompu leur musique. Cela était peut-être plus facile avec pour support Wooden Arms leur production la plus éclectique. Bravo !
Sans plus tarder, l'ombre de Patrick Watson apparaît derrière un grand écran blanc qui masque la scène. Des hommes en noir perchés sur les bâtiments en flamme entourant le site font vibrer des bouts de tôle dans un tonnerre captivant. La toile s'ouvre et me voilà nez à nez avec lui accroché à son micro, un béret vissé sur la tête. Les basses vrombissent de trop pour ce "Fireweed" ensorcelant. Heureusement ça ne sera plus le cas après, tout comme cet écho démesurée placée sur la voix bien que tout devant on ne l'entende pas du tout. L'entrée est magique, irréelle avec son hululement de velours puis son timbre splendide guidée dans une instrumentation parfaite. Viennent alors "Tracy's Water" avec l'apparition des violons puis "Beijing" dont le piano sautillant m'émeut toujours autant même lorsqu'il est interprété devant une Place des Arts archi comble et un Robbie Kuster en forme, à toute berzingue sur sa batterie de casseroles qui sonne comme des perles enfilées sur les rayons de vélo pour enfant. Jace Lasek, le producteur de Wooden Arms, fournit lui les bruitages en pédalant sur un vélo placé sur plateforme levée à vingt mètres au dessus du sol alors que des images de la ville en noir et blanc défilent en accéléré sur les murs du Musée des Arts Contemporains. Pendant ce temps les écrans géants dévoilent avec autant de spasmes qu'inspirent le titre tarabiscoté la moindre partie de la scène : le visage de Watson, cordes, archets, toms... comme dans un vieux film tel que je l'imaginais sur l'album. "Wooden Arms" prend la relève déclinant le dernier album dans son ordre le plus strict avec en guest Lhasa avec qui il jouera une inédite "12 Steps". Simon Angel derrière joue paisiblement avec sa mandoline. Des arbres se balancent en fond.
En parlant d'effets et d'invités, le groupe a su géré la carte blanche que leur offrait Bell, le sponsor principal de la soirée. Certes j'imagine qu'ils leur étaient imposés des cordes et cuivres (il faut coller à l'image du festival) ainsi que les feux d'artifice pour le final. Mais le reste des effets visuels était ma fois plutôt sympathique et simple. Le pianiste avoue qu'on lui a refusé une de ses propositions à savoir que des lasers sortent des yeux du guitariste (rires). En fait le concert est sous le signe des projections nébuleuses de silhouettes en apesanteur sur les édifices alentours et des ombres chinoises à l'instar de "Traveling Salesman" narré ainsi joliment ou "Where The Wild Things Are" avec un expert indien sculptant de ses seules mains visages, fauve en pleine course, bateau, lapin et loup lorsque Watson entonne ses hurlements. Côté invités, après Lhasa est arrivée Katie Moore et deux autres chanteuses le temps de "Big Bird In A Small Cage". Yannick Rieu pour une improvisation au saxophone sur un court métrage où un petit gros s'en met plein la panse, revient chez lui en titubant et délire dans un rêve où il s'envole sur son lit. Pièce complètement habitée, jouée derrière le rideau tiré de nouveau, collant parfaitement avec l'atmosphère du groupe. Et le king des percussions et des conserves Guy Nadon, excusez du peu, des fourmis plein les mains, le sourire angélique d'un petit gamin et la frime d'un adolescent. Le songwriter nous confie que le vieil homme le laissait jouer au Jello Bar quand il était gamin et venait pour chanter. Il lui renvoie en quelque sorte l'ascenseur.
Outre cette foultitude de truchements et de trouvailles, je n'ai pas l'impression qu'il s'agisse d'un événement énorme et sans âme. Sûrement parce que je suis planté aux premières loges. Seulement il faut également souligner que le pianiste semble on ne peut plus authentique et fidèle à lui même : blagounettes, grands rires soudain dans les moments de jouissance musicale, vocalises presque modérées, il sample peu sa voix et "Man Like You" n'est pas un brin dénaturée, en guitare voix, sublime de douceur. De plus, en dépit des répétitions qui ont du être nombreuses pour peaufiner le show, il subsiste pas mal d'imperfections et de ratés. Watson arrête par exemple "Where The Wild Things Are" lorsque la lumière éclairant les arabesques de l'indien s'éteint pour que l'on ne manque pas la meilleure partie de la chanson. Ou encore quand à la moitié du spectacle, le groupe par à la conquête du estrade cachée dans le public, pourvus de mégaphones et de lampiotes accrochés à leur dos pour jouer trois titres. Il y a quelques grésillement et défaillances mais le concept de s'approcher de ceux qui voient mal la scène pour qu'ils puissent eux aussi voir le groupe est plutôt bien trouvé. L'occasion aussi d'entendre la mal connue "Hearts In The Park" en duo avec Erika et surtout "The Storm", bien que je sois passé un peu à côté puisque du coup ils étaient loin de moi.
C'est aussi l'occasion de voir les compères de Watson s'affirmer davantage surtout Simon Angel qui à plusieurs reprises fait grincer sa guitare dans des solos bien crades planqué derrière l'écran blanc sur le final de "Traveling Salesman" ou en se contorsionnant sur son enceinte de retour un peu plus tard. Ce concert est à l'image de le dernier album, ouvert et collectif. Un peu trop peut-être puisqu'il n'y a pas de place pour Just Another Ordinary Day et peu pour Close To Paradise en rappel. On a tout de même droit à "Luscious Life" après un clin d'oeil à son père avec la reprise de "Summer Time", "Great Escape" alors que le chanteur avait prévu "Down At The Beach", en piano voix jusqu'à ce que le québecois appelle son back band pour terminer dans un funk très binaire et enfin "Bright Shiny Lights" où il invite un tromboniste avec qui il échange quelques solos, lui avec son mégaphone avant de boucler sa voix une dernière fois : 'They're casting a shadow/Oh what a sorrowful sight'...
Une merveilleuse soirée en somme, peut-être pas celle que j'avais espéré pour découvrir l'univers de Patrick Watson à savoir dans une petit salle sombre et mystérieuse. Cependant je trouve que le groupe a utilisé à son avantage cette grosse opportunité sans avoir pris pour autant la grosse tête, ni avoir corrompu leur musique. Cela était peut-être plus facile avec pour support Wooden Arms leur production la plus éclectique. Bravo !
Parfait 17/20 | par TiComo La Fuera |
Ste List
Fireweed
Tracy's Water
Beijing
Wooden Arms
12 Steps
Big Bird In A Small Cage
Traveling Salesman
(Impro sur court métrage)
Man Like You
Where The Wild Things Are
Walking Song
Hearts In The Park
The Storm
(Impro Guy Nadon)
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Summer Time
Luscious Life
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Tracy's Water
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Wooden Arms
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