Lightning Seeds
Sense |
Label :
MCA |
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Pour ceux qui ont la mémoire courte, rappelons que cet album fut élu à l'époque "meilleur album de 1992". Que la valeur de cet excellent opus soit aujourd'hui gâchée ou négligée est un fait inexcusable et profondément injuste. Réhabiliter l'œuvre de Ian Broudie est donc tout à fait légitime, voire même de l'ordre du devoir.
Malheureusement, on ne peut pas dire que la renommée du groupe soit forcément rattachée à la finesse ou le côté délibérément kitch de leurs chansons. Car si Lightning Seeds est surtout connu, c'est à cause de "The Life Of Riley", titre qui fut sélectionné pour illustrer tous les mois les meilleurs buts de la First League sur BBC. Les Anglais eurent tellement l'habitude d'entendre cette chanson qu'il fut tout naturel que Lightning Seeds signe l'hymne national de l'Angleterre durant l'Euro 1996. Il est donc normal que la crédibilité indépendante et novatrice de Ian Broudie en soit altérée aux yeux des puristes. Mais juger le groupe à l'aune de cette participation à la première passion des Anglais est faire fausse route. Car de deux choses l'une : les chansons de Lightning Seeds sont des miracles de pop et Ian Broudie est un génie.
Construits autour d'un tempo synthétique, clavier, boite à rythme et arrangements de boite de nuits, les chansons sont pourtant d'une incroyable douceur, portée par la voix légère et magique de Ian Broudie. Celle-ci se love dans une chaleur soufflante et suave, atteignant une pureté angélique de toute beauté. Quant à ce fameux "The Life Of Riley", il s'agit en fait d'un titre tout aussi onirique et enchanteur qu'il est entraînant et dynamique : son refrain est inoubliable, ses fautes de mauvais goûts adorables et son chant est d'une douceur inouïe.
Ian Broudie est toujours ce rêveur invétéré. Un illuminé qui élève la mélancolie de sa drôlerie unique. Il est toujours ce funambule, touche à tout, peaufinant une musique délicatement racée. Mais sur ce deuxième album, Ian Broudie tente des choses folles : c'est comme si The Field Mice avait croisé la route des Happy Mondays, ou en d'autres termes, une distribution de cachets par des dealers au pays des Toupoutous. Dans ce ballet fanfaronesque pour timide et mal dans sa peau, on y croise : des percussions et des guitares rollingstonesques ("Love Explosion"), des claviers tellement kitchs qu'on se croirait revenu au début des années 80 auprès d'un vulgaire groupe de pop new-wave, des chœurs rigolos ("A Cool Place"), des samples electro au groove inimitable et langoureux ("Happy"), des violons, un chant exquis additionné d'une voix féminine et un refrain tranquille ("Tingle Tangle") etc...
Le tout donne envie de donner, de s'abandonner, avec insouciance, persuadé de vivre dans un monde meilleur, sans craintes, ni violences, où tout serait rose, coloré et délicieusement sucré. Le hit le plus célèbre, "Sense", symbolise sans doute le mieux les ambitions du groupe et ce goût pour le melting pot. Démarrant par un piano et une touche groovy, le titre mêle voix vaporeuse et rythme dansant avant que le n'importe quoi ne rentre en scène, à savoir un solo de guitare complètement déjanté, puis une partie instrumentale faite de claviers, piano et guitares magiques.
La beauté et la délicatesse du groupe s'amusent à traîner de ci, de là tout au long de l'album, le traversant et lui donnant une unité attachante, que ce soit sur "Blowing Bubbles" (et son piano jazzy agrémenté de guitares cristallines) ou sur le merveilleux "A Small Slice Of Heaven" (et sa guitare sèche sous fond de rythme dansant).
Il ne vaut mieux pas s'arrêter sur l'apparence de looser à lunette de Ian Broudie ou sur le goût certain pour le kitch du garçon (notamment en ce qui concerne les pochettes, celle-ci recevant la palme de la plus immonde), qui ressemble plus à un étudiant à côté de la plaque qu'à un chanteur de rock. Cette erreur coûterait de passer à côté de la grâce incroyable de ses morceaux. Et en particulier de celle de "Thinking up, looking down", véritable déliquescence cosmique, avec ces clip-clap hypnotiques, ces claviers féeriques, sa guitare sèche discrète et son piano berçant. Ian Broudie s'y fait alors le plus cajoleur possible, et c'est un régal que de se laisser transporter par ce rêve sonore.
Que ceux qui ne connaissent pas encore ce bonhomme et cet album soient couverts de honte. Ils ne méritent pas mieux que de revoir à la baisse leur culture en matière de rock indépendant. Car il est interdit de louper un tel miracle.
Malheureusement, on ne peut pas dire que la renommée du groupe soit forcément rattachée à la finesse ou le côté délibérément kitch de leurs chansons. Car si Lightning Seeds est surtout connu, c'est à cause de "The Life Of Riley", titre qui fut sélectionné pour illustrer tous les mois les meilleurs buts de la First League sur BBC. Les Anglais eurent tellement l'habitude d'entendre cette chanson qu'il fut tout naturel que Lightning Seeds signe l'hymne national de l'Angleterre durant l'Euro 1996. Il est donc normal que la crédibilité indépendante et novatrice de Ian Broudie en soit altérée aux yeux des puristes. Mais juger le groupe à l'aune de cette participation à la première passion des Anglais est faire fausse route. Car de deux choses l'une : les chansons de Lightning Seeds sont des miracles de pop et Ian Broudie est un génie.
Construits autour d'un tempo synthétique, clavier, boite à rythme et arrangements de boite de nuits, les chansons sont pourtant d'une incroyable douceur, portée par la voix légère et magique de Ian Broudie. Celle-ci se love dans une chaleur soufflante et suave, atteignant une pureté angélique de toute beauté. Quant à ce fameux "The Life Of Riley", il s'agit en fait d'un titre tout aussi onirique et enchanteur qu'il est entraînant et dynamique : son refrain est inoubliable, ses fautes de mauvais goûts adorables et son chant est d'une douceur inouïe.
Ian Broudie est toujours ce rêveur invétéré. Un illuminé qui élève la mélancolie de sa drôlerie unique. Il est toujours ce funambule, touche à tout, peaufinant une musique délicatement racée. Mais sur ce deuxième album, Ian Broudie tente des choses folles : c'est comme si The Field Mice avait croisé la route des Happy Mondays, ou en d'autres termes, une distribution de cachets par des dealers au pays des Toupoutous. Dans ce ballet fanfaronesque pour timide et mal dans sa peau, on y croise : des percussions et des guitares rollingstonesques ("Love Explosion"), des claviers tellement kitchs qu'on se croirait revenu au début des années 80 auprès d'un vulgaire groupe de pop new-wave, des chœurs rigolos ("A Cool Place"), des samples electro au groove inimitable et langoureux ("Happy"), des violons, un chant exquis additionné d'une voix féminine et un refrain tranquille ("Tingle Tangle") etc...
Le tout donne envie de donner, de s'abandonner, avec insouciance, persuadé de vivre dans un monde meilleur, sans craintes, ni violences, où tout serait rose, coloré et délicieusement sucré. Le hit le plus célèbre, "Sense", symbolise sans doute le mieux les ambitions du groupe et ce goût pour le melting pot. Démarrant par un piano et une touche groovy, le titre mêle voix vaporeuse et rythme dansant avant que le n'importe quoi ne rentre en scène, à savoir un solo de guitare complètement déjanté, puis une partie instrumentale faite de claviers, piano et guitares magiques.
La beauté et la délicatesse du groupe s'amusent à traîner de ci, de là tout au long de l'album, le traversant et lui donnant une unité attachante, que ce soit sur "Blowing Bubbles" (et son piano jazzy agrémenté de guitares cristallines) ou sur le merveilleux "A Small Slice Of Heaven" (et sa guitare sèche sous fond de rythme dansant).
Il ne vaut mieux pas s'arrêter sur l'apparence de looser à lunette de Ian Broudie ou sur le goût certain pour le kitch du garçon (notamment en ce qui concerne les pochettes, celle-ci recevant la palme de la plus immonde), qui ressemble plus à un étudiant à côté de la plaque qu'à un chanteur de rock. Cette erreur coûterait de passer à côté de la grâce incroyable de ses morceaux. Et en particulier de celle de "Thinking up, looking down", véritable déliquescence cosmique, avec ces clip-clap hypnotiques, ces claviers féeriques, sa guitare sèche discrète et son piano berçant. Ian Broudie s'y fait alors le plus cajoleur possible, et c'est un régal que de se laisser transporter par ce rêve sonore.
Que ceux qui ne connaissent pas encore ce bonhomme et cet album soient couverts de honte. Ils ne méritent pas mieux que de revoir à la baisse leur culture en matière de rock indépendant. Car il est interdit de louper un tel miracle.
Bon 15/20 | par Vic |
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