Collection D'Arnell Andrea

Villers Aux Vents

Villers Aux Vents

 Label :     New Rose 
 Sortie :    mardi 01 mars 1994 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

J'avoue avoir tourné très longtemps autour de ce groupe dont mes amis new-wave et gothiques me parlaient... Et enfin, un jour j'ai eu la curiosité...
Loin de moi d'expliquer que je sois devenu un spécialiste de ce groupe particulier, mais je reconnais avoir bloqué depuis quelques semaines sur cet album en particulier, qui est un album-concept sur la guerre de 14-18. Toutes les chansons, en anglais ou français sont donc axées sur cet épisode douloureux de l'histoire, une source d'inspiration fantastique pour faire passer des émotions fortes. La voix éthérée domine ces constructions mélodieuses, oscillant entre émotion pure, énergie et espoir... On a traité cette musique de néo classique avec la présence de violoncelle, mais ce qui marque dans cet album, ce sont des influences plus 'rock' que sur d'autre opus de ce groupe. On sent l'ombre de grands frères musicaux britanniques, sans pour cela que le fond musical de ce groupe soit remis en cause bien au contraire... La poésie est omniprésente, comme un gage supplémentaire de qualité. On ne peut parler de prise de risque musical ainsi. Cet album ouvre sur une tension palpable "Les Cendres Lisière", "L'Aulne Et La Mort" met en évidence la capacité vocale de Chloé, "Le Chemin Des Dames" est très aérien, "Les Hauts de Meuse" souligne le télescopage du violoncelle et une orchestration plus contemporaine (on pense un peu à Dead Can Dance), "Deaf Or Crazy" est un peu conventionnel (on pense à The Cranes)... Je pourrais détailler longtemps ce que je ressens à chaque morceau, mais ce n'est peut être pas le but du jeu non plus... Je serais trop long (rires) ; tout ce que je peux vous dire c'est d'avoir la curiosité d'écouter cette formation, même si vous n'êtes pas accroc comme moi à un type particulier de musique. En France, nous avons des 'perles', encore faut il avoir la curiosité de les trouver...


Excellent !   18/20
par Foreth


 Moyenne 18.00/20 

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Posté le 01 septembre 2009 à 06 h 08

Collection d'Arnell-Andréa a toujours été un groupe à part sur la scène française. Originaire du Val de Loire, fleuve sauvage et majestueux mais qui sert d'écrin à une culture séculaire et singulière – et pas seulement sur le plan architectural –, il a toujours conjugué douceur de vivre, teintée de mélancolie et de nostalgie, et ouverture à des influences plus métissées et cosmopolites. Son nom, énigmatique, aux connotations à la fois esthétique, aristocratique et moderniste, annonce le charme unique du groupe.
Collection d'Arnell-Andréa est unique au sein de la scène cold-wave. Une scène à laquelle on aurait bien trop vite fait de les rattacher d'ailleurs. Le groupe est bien au-dessus du lot de tous ces groupes frileux (sans jeu de mot) et poussiéreux ânonnant leur Joy Division et leur Cure période Faith mal digérés et pris à la lettre. Leurs influences sont bien plus variées, leurs visées artistiques plus ambitieuses et personnelles. Certes, à leurs débuts, l'influence de Dead Can Dance était bien présente. Et après un très bon premier album, le groupe s'embourbait dans son son et son univers qui commençaient à sentir un peu la répétition et les clichés. Il peinait à se renouveler et à faire aussi bien que ce premier album. Leurs thèmes de prédilection, la nature, l'automne, la mort, la mélancolie, la nostalgie, la préciosité littéraire et poétique, en bref le romantisme, commençaient à tourner en rond.
Avec Villers-aux-Vents, le groupe s'attaque à un concept-album. Il approfondit son univers, l'enrichit et l'affine, sans le trahir. L'album aura pour thème la Première Guerre Mondiale. Plus précisément, comme le sous-titre le laisse entendre (Février 1916), à la bataille de Verdun (Villers-aux-Vents est un village situé non loin). On aurait pu s'attendre à des complaintes mortifères à l'ambiance vieillie, mais c'est sans compter sur le talent du groupe. Certes, la mort est présente, tout comme la douleur et la peur, et l'esthétique est quelque peu désuète. Mais la guerre de 14-18 marque aussi le passage d'un monde à l'autre, plus moderne. Et le groupe, volontairement ou non, retranscrit bien cette transition. Après tout, la mort est aussi transformation.
Musicalement, l'album est le plus réussi du groupe jusque là. Mais il fera encore mieux après. La palette musicale est riche et variée. Le groupe alterne entre morceaux fougueux et entêtants, comme "Les Cendres-Lisières" qui ouvre l'album de manière magistrale, "Deaf Or Crazy" ou "Le Ravin Des Fontaines" ; et titres mid-tempo plus atmosphériques, tels "L'Aulne Et La Mort". Certains d'entre eux prennent des atours exotiques, orientaux surtout, comme "Les Hauts De Meuse" (les parfums enivrants de l'Orient tranchent avec l'odeur putride des tranchées). Après tout, le début du XXe siècle est aussi une époque où l'orientalisme était encore à la mode chez les dandys et certains aristocrates décadents.
Le chant de Chloé St Liphard, très pur et très beau, ne manque pas d'envoûter. Tous les musiciens semblent de toute façon de formation classique et n'ont aucun mal à maîtriser leur sujet avec brio. Basse, violoncelle, guitares électrique ou acoustique, claviers, boite à rythmes, créent des paysages musicaux tour à tour fascinants, inquiétants ou apaisants. Quant aux paroles, elles sont toujours aussi belles, littéraires et poétiques, sinon plus. Si la Première Guerre Mondiale sert de source d'inspiration – mais pour évoquer des sentiments et sensations universels et intemporels –, les références à la mythologie gréco-romaine et au christianisme parsèment ces textes sophistiqués mais limpides. On peut même dire qu'il s'agit avant tout de poésies chantées – en anglais ou, le plus souvent, en français – et mises en musique.
Cerise sur le gâteau, le son de l'album, produit par Gilles Martin (Tuxedomoon, Minimal Compact, Bel Canto, Hector Zazou...), est parfait et n'a pas pris une ride. La liste des artistes produits par Gilles Martin avant Collection d'Arnell-Andréa montre d'ailleurs que le groupe s'insère dans une scène européenne non-anglaise, axée sur la Belgique, adepte de l'expérimentation et du cosmopolitisme.
Excellent !   18/20







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