Rogue Wave

La chance sourit parfois aux talentueux. Sorti en catimini sur le minuscule propre label du groupe en 2003, Out Of The Shadow aurait dû connaître le destin sans gloire de ses compères autoproduits. Mais un an plus tard, voilà-t-il pas que Rogue Wave bénéficie de la lumière accordée aux productions du très historique Sub Pop.
Label tombé sous le charme de cette indie pop made in US et qui décide de rééditer ce premier album du groupe d'Oakland. Plus exactement du songwriter Zach Rogue, de son vrai nom Zach Schwartz. Car le monsieur à peu de chose près, a tout fait lui même sur cet album mis en boîte alors qu'il n'a même pas encore pensé à former un groupe.
C'est donc avant tout un projet solo qui est à l'origine de cette pop arrangée avec finesse, très souvent guidée par la mélodie catchy d'une guitare acoustique. Parfois même cette guitare se retrouve esseulée accentuant ainsi la prise intimiste sur cette pop fragile qui penche aussi bien du côté d'un Elliott Smith ("Be Kind + Rewind") que vers les saintes sixties, les inévitables Kinks ("Kicking In The Heart Out") et Beatles ("Perfect") en tête. Musique chatoyante immédiate qui donne envie si l'on veut utiliser quelques clichés, de siffloter nonchalamment en attendant son bus ou au contraire s'attarder sur le rebord d'une fenêtre un jour pluvieux. Jouant avec maestria sur les deux tableaux émotionnels, Zach Rogue se révèle être un songwriter exceptionnel produisant de ces chansons que l'on croit connaître depuis toujours. Ce qui rappelons-le n'est pas talent donné à tout le monde...
Impossible de résister à cette mélancolie du bonheur qui ne souffre d'aucun temps mort mais plutôt de sommets faramineux dont l'Everest serait peut-être "Postage Stamp World". Loin de toute ambitions mal foutues, Out Of The Shadow est un savoureux échantillon de ce que l'indie pop peut offrir en ce début de siècle.