Throbbing Gristle
The First Annual Report |
Label :
Thirsty Ear |
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Au fil des décennies, cette mystérieuse pièce issue de la folie psychotique des Throbbing Gristle commençait à prendre une dimension de légende urbaine, de celles dont tout le monde a entendu parler, mais que personne n'a jamais vues. Un peu comme les snuff movies. Et même si quelqu'un vous a un jour dit l'avoir entendu, vous n'aurez pu vous empêcher de penser "Pff, c'est probablement un fake !". Il faut dire que des bootlegs censés contenir ces fameuses pistes, il s'en trouve des dizaines pour qui sait où chercher...
Oui mais voilà, cette fois-ci c'est pour de vrai, ça ne fait aucun doute. L'enregistrement studio de 1975 que le groupe avait mis de côté pour quelques raisons obscures sort chez Thirsty Ear. De quoi sustenter tout fan dérangé du groupe en cette année 2001. N'ayons pas honte des lapalissades : c'est vomitif, repoussant, anxiogène, ça sent la moisissure et le sang caillé. C'est froid et raide comme un cadavre, gluant et collant, crissant comme des ongles sur un tableau noir. Malade. D'autant plus difficilement supportable que ça pue l'histoire vraie, la fascination morbide pour un fait divers qui a bouleversé des existences, ravagé des vies.
"Very Friendly", premier morceau, dix huit minutes scénarisées retraçant douteusement, dans ses plus grands détails, le meurtre de Edward Evans, dix-sept ans, par Myra Hindley et Ian Brady, un couple tueur en série sévissant dans la région de Manchester dans les années 60. Genesis P-Orridge, tel un routier totalement ivre qui s'amuse avec sa CB sur le bord d'une aire d'autoroute, conte, par exemple, de sa voix dérangeante, le cri que Evans a probablement poussé au moment de se faire éventrer par la hache de Brady. Tout cela sur un fond sonore (pas la peine de chercher de rythmique) électro-bordelique tout droit sorti de la Metal Machine de Reed. Le morceau se finit sur cinq minutes de " There's been a murder...Very friendly...There's been a murder... " martelé par un P-Orridge en transe.
Les trente dernières minutes de l'album sont divisées entre cinq pistes, certaines présentant un embryon de rythmique au milieu d'un tapis de sons métalliques et répétitifs, d'autres tout simplement dérangeantes, sans repère ni élément stable ou cyclique sur lequel se reposer.
Alors que penser de ce cloaque auditif ? Une chose ne fait aucun doute, on tient ici le monolithe autour duquel toute la religion Indus s'est construite, la base, l'inspiration primaire de ce courant périclité par des Ministry, Nine Inch Nails, Godlflesh... Premier essai du premier groupe proclamé Indus, ce First Annual Report ressemble cependant à une apologie de l'inhumanité, une mise en avant de ce que l'homme peut créer de pire, une mise en avant de ce que l'homme peut détruire de plus beau. Mais il convient de s'interroger : l'exposition de ces actions laides et dérangeantes constitue-t-elle à elle seule leur plaidoyer ? Quel intérêt de ne toucher qu'au beau et à l'agréable si, au final, cela revient à ignorer une partie de ce qui fait l'homme, dans sa dualité la plus élémentaire ? Comprendre ce qui se fait de plus sale et de plus détestable n'aide-t-il pas à simplement apprécier le beau ?
Par cette capacité qu'il a à nous pousser à réagir, à analyser nos propres réactions et comportements face à l'inhabituel et au tabou, cet album est de ces supports qui peuvent mener à une réflexion plus profonde sur ce que l'on est, une remise en question de l'éducation et de ce que l'on assimile sans réfléchir comme étant acceptable, montrable, ou non. Par cette capacité, cet album, et tout ce qu'il a pu engendrer par la suite, est parfait. Oui, mais musicalement !? Et bien... peu importe finalement.
Oui mais voilà, cette fois-ci c'est pour de vrai, ça ne fait aucun doute. L'enregistrement studio de 1975 que le groupe avait mis de côté pour quelques raisons obscures sort chez Thirsty Ear. De quoi sustenter tout fan dérangé du groupe en cette année 2001. N'ayons pas honte des lapalissades : c'est vomitif, repoussant, anxiogène, ça sent la moisissure et le sang caillé. C'est froid et raide comme un cadavre, gluant et collant, crissant comme des ongles sur un tableau noir. Malade. D'autant plus difficilement supportable que ça pue l'histoire vraie, la fascination morbide pour un fait divers qui a bouleversé des existences, ravagé des vies.
"Very Friendly", premier morceau, dix huit minutes scénarisées retraçant douteusement, dans ses plus grands détails, le meurtre de Edward Evans, dix-sept ans, par Myra Hindley et Ian Brady, un couple tueur en série sévissant dans la région de Manchester dans les années 60. Genesis P-Orridge, tel un routier totalement ivre qui s'amuse avec sa CB sur le bord d'une aire d'autoroute, conte, par exemple, de sa voix dérangeante, le cri que Evans a probablement poussé au moment de se faire éventrer par la hache de Brady. Tout cela sur un fond sonore (pas la peine de chercher de rythmique) électro-bordelique tout droit sorti de la Metal Machine de Reed. Le morceau se finit sur cinq minutes de " There's been a murder...Very friendly...There's been a murder... " martelé par un P-Orridge en transe.
Les trente dernières minutes de l'album sont divisées entre cinq pistes, certaines présentant un embryon de rythmique au milieu d'un tapis de sons métalliques et répétitifs, d'autres tout simplement dérangeantes, sans repère ni élément stable ou cyclique sur lequel se reposer.
Alors que penser de ce cloaque auditif ? Une chose ne fait aucun doute, on tient ici le monolithe autour duquel toute la religion Indus s'est construite, la base, l'inspiration primaire de ce courant périclité par des Ministry, Nine Inch Nails, Godlflesh... Premier essai du premier groupe proclamé Indus, ce First Annual Report ressemble cependant à une apologie de l'inhumanité, une mise en avant de ce que l'homme peut créer de pire, une mise en avant de ce que l'homme peut détruire de plus beau. Mais il convient de s'interroger : l'exposition de ces actions laides et dérangeantes constitue-t-elle à elle seule leur plaidoyer ? Quel intérêt de ne toucher qu'au beau et à l'agréable si, au final, cela revient à ignorer une partie de ce qui fait l'homme, dans sa dualité la plus élémentaire ? Comprendre ce qui se fait de plus sale et de plus détestable n'aide-t-il pas à simplement apprécier le beau ?
Par cette capacité qu'il a à nous pousser à réagir, à analyser nos propres réactions et comportements face à l'inhabituel et au tabou, cet album est de ces supports qui peuvent mener à une réflexion plus profonde sur ce que l'on est, une remise en question de l'éducation et de ce que l'on assimile sans réfléchir comme étant acceptable, montrable, ou non. Par cette capacité, cet album, et tout ce qu'il a pu engendrer par la suite, est parfait. Oui, mais musicalement !? Et bien... peu importe finalement.
Parfait 17/20 | par JoHn DoriAne |
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