Zen Guerrilla

Conçu au studio litho de la pluvieuse Seattle, sous les mains expertes de Jack Endino, cette bonne boulette des Zen Guerilla n'engendre pourtant pas la mélancolie. Ici, on fait bouillir un rock and roll and soul turgescent, qui rougeoie sous le soleil. Elevés au garage et au bon grain, ces gars là savent manier la superfuzz et aller à l'essentiel. La rythmique ne s'encombre pas de fantaisies superflues et la guitare est partout, elle accroche, rugit, swingue. Plus guerilla que zen, leur top boogie convoque sur ce disque les ancêtres MC5, le blues de Chicago, le funk lourd d'un Fun House. Et puis ce screamer... Tel un Mark Arm ayant biberonné au Screamin Jay Hawkins, Marcus Durant s'apparente à une Lisa Kekaula (des bancals Bellrays) avec des bollocks ! Sauf que derrière, ça joue sérieusement. S'exilant sur la rue principale, les Zen Guerilla se permettent même de concocter leur "I Just Want To See His Face" ("Subway Transmission", percussif et étouffé par l'acide). Capables de chalouper le tempo, de brosser le cow boy avec de la slide ("Shadows", leur "Gallows Pole"), voire sur "Where's My Halo", de se transformer en Sixteen Horsepower funky smiley, ces gens rugissent et entretiennent la flamme tout au long de la galette. Ca doit envoyer le bois sur scène, se dit-on... "Ben écoutes ça petit...", nous répondent-ils avec leur dernier titre enregistré en live : un titre bluesy, crasseux au possible, occasion pour Marcus Durant de faire étalage de son feeling d'Elvis bégayant, provoquant dans la foule une érection capillaire... La messe est dite. A conseiller à ceux qui ne conçoivent leur réveil qu'agrémenté de 2 expresso noirs et serrés, Shadows On The Sun devrait ravir les adeptes des combos électrifiant le gospel. Keith Richards, questionné sur l'état du rock au début des années 2000 avait eu cette phrase (de mémoire) : "Du rock, j'en entends, mais il manque le roll...". Il n'avait pas dû écouter les Zen Guerilla.