The Detroit Cobras

Quand on n'a absolument aucun talent de songwriter ou alors qu'on est bien trop modeste pour croire l'inverse, le mieux c'est de se cantonner aux reprises. Et quand on possède une culture musicale de fou, c'est plutôt un bon filon. Les Detroit Cobras l'ont semble-t-il très bien compris.
Faut dire qu'ils ont la chance d'avoir une chanteuse assez exceptionnelle en la personne de Rachel Nagy. Aussi tatouée et garçon manqué qu'une Amy Winehouse, la blonde baraquée offre à la populace un coffre hargneux et sexy collant parfaitement à ce rock sauvage typé garage. Un rock qui s'abreuve dans des fontaines fournissant pépites soul ou R'n'B. Oubliées ou jamais mémorisées, ces antiquités lustrées et restaurées vous font danser la plupart du temps.
Peu de ballades sur ce premier album, Mink Rat Or Rabbit. Mais les quelques unes sont de l'ordre du sublime. Ce "Easier To Cry" emprunté aux Shangri-Las hisse en 2 minutes 22 les Detroit Cobras parmi les tous meilleurs groupes de reprises du monde. Bon ok, ils ne sont pas nombreux sur le marché... Mais à entendre ces "Cha Cha Twist", "Slummer (The Slum)" ou ce démentiel "Breakway", on se dit que les Detroit Cobras seront bien les seuls à mériter louanges et glorifications 20 ans après leur disparition. Ne serait-ce que parce qu'ils encouragent fortement leur public à dénicher les versions originales, histoire de voir ce que 'réappropriation' signifie.
C'est un cours d'histoire rock totalement fun et jouissif que nous donne les Detroit Cobras. Erudits, novices, tout le monde s'y retrouvera dans ce garage soul cramé et cradingue. Le premier tome de cette encyclopédie savamment illustrée est une petite merveille.