Jeffrey Lewis

It's The Ones Who've Cracked That The Light Shines Through

It's The Ones Who've Cracked That The Light Shines Through

 Label :     Rough Trade 
 Sortie :    juillet 2003 
 Format :  Album / CD   

Sur la pochette, Jeffrey s'est dessiné marchant avec Jack (son frère). Les deux garçons sont encapuchonnés dans leurs anoraks. Et il y a ce titre : It's The Ones Who've Cracked That The Light Shines Through. Qui sait de quoi il veut parler ?
Jeff chante vite, 'lightning' comme jamais, oui vraiment il a une superbe voix de garçon speed traqué. Cet album marque l'arrivée de Jack Lewis à la basse et aux choeurs (d'aucuns prétendent qu'il chante faux - en vérité, il hurle : mais avec quelle bonne volonté, quelle élégance ! Cf. sa production solo). Alors ce n'est plus Jeffrey Lewis tout seul, et sa guitare, son picking ? Non. Maintenant c'est un groupe, qui s'appelle tantôt the Jeff Lewis Band, tantôt Jeff Lewis & The Meteorites, ou peut-être Jeff Lewis & The Creeping Brain - mais que plus souvent on ne nomme pas. Ce groupe existe, voilà. On retrouve sur cet album les freak folk songs aux paroles fantaisistes, les airs tristes qui font sourire, on retrouve sans cesse ce qu'on aime si fort chez Jeffrey Lewis. Sa guitare démontée (une Epiphone couverte d'autocollants, fort malmenée en concert). Ses histoires. Et sa voix surtout, qui flotte infiniment dans toutes les chansons. Quand je dis 'qui flotte' : c'est bien que cette voix a une façon singulière d'occuper l'espace, et d'imprégner le cœur. Il faut mettre fin à une idée reçue. Jeffrey Lewis est tout sauf un songwriter sentimentalo-pleurnichard. Et s'il ouvre son cœur, ce n'est pas de cette façon racoleuse, auto-complaisante et fort agaçante qu'affectionne une nouvelle vague de songwriters-sanglots – mais toujours avec un humour et une humilité formidables. Le terme "singer-songwriter" lui paraît des plus douteux : il préfère être antifolk. Ses héros s'appellent Syd Barrett, Daniel Johnston ou Roky Erikson. Ses héros prennent feu.
Si les arrangements sont ici plus travaillés, le son est toujours taillé à l'arrache – lambeaux et morceaux de nuage. Jeffrey Lewis, qui parlait tant de NYC dans son premier album, raconte maintenant d'autres voyages, San Francisco et le Texas.
Quelque chose naît avec cet album, ou plutôt se développe : Jeffrey Lewis est décidément le dernier des punks, ou peut-être le premier, selon – car il existe dans la vitesse, l'émotion brute, absolument sincère. Cet album a des airs de combustion spontanée ("No LSD Tonight"). Et puis j'ai pris un acide avec Caroline, ou était-ce Daniel Johnston ? La terre tournait de plus en plus vite. Nous avons dansé sur une mélodie passée à l'envers ("Zaster").
Now I'm beginning to see the light....


Parfait   17/20
par Pixy


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