Xiu Xiu
Remixed & Covered |
Label :
5 Rue Christine |
||||
Un double album de 18 titres de Xiu Xiu, retravaillés et remixés par différents artistes plutôt saillants; n'est-ce pas avant tout un symbole? Une chose est en tout cas plus que sûre : le groupe ultra productif (encore un album de prévu pour cette année 2007, de même qu'un second LP avec les italiens de Larsen sous la dénomination XXL, sans compter quelques splits) emmené par Jamie Stewart s'est désormais fait un nom et une place de choix dans l'univers du rock indépendant (au sens large) et atypique, et l'accouchement de cet album marque bien un aboutissement important au niveau de la "récente" notoriété des californiens, aussi bien aux yeux de ses fans tout doucement grandissants, que ceux de ses collègues de scène.
Le premier disque propose neuf titres, repris par neuf artistes. Exit donc, sur ce premier cercle sonore, la voix du sieur Stewart.
C'est sans étonnement que Larsen (lançant les hostilités) et Devendra Banhart y figurent.
Sunset Rubdown et Oxbow sont également de la partie, et – plus surprenant – Why ? ou encore Kid 606.
Larsen y va déjà d'un post-rock impressionnant et touchant sur les routes de "Mousey Toy", avant qu'Oxbow ne prolonge cette forte plage d'ouverture par un "Saturn" déchiré, transporté par la voix vacillante et possédée d'Eugene Robinson. A ce moment là, la perte de contrôle est déjà presque totale tellement la réussite est rapide, omniprésente et donc constante.
"Apistat Commander", titre majeur de Xiu Xiu, arrive ensuite, et les montréalais de Sunset Rubdown vont complètement métamorphoser la tournure du tube originellement virevoltant, en marche funèbre, des pieds à la tête remplie de tristesse, en prenant soin d'insister sur les passages clés du morceau. On comprend à ce moment là que tous ces groupes ne sont pas là par hasard, mais connaissent et raffolent de l'univers "stewartien". Marissa Nadler se charge de "Clowne Towne", lui aussi poussé dans des recoins blessants et fragiles. Good For Cows (porté par Ches Smith) rend quant à lui "Sad Poney Guerilla Girl" exclusivement instrumental, même au niveau de la voix transfigurée cette fois en organe acoustique. Kid 606 sera le premier à sortir d'une ambiance presque suicidaire et dépose délicatement son sang chaud sur un "Fabulous Muscles" rythmé et planant. Why ? avec "Wig Master" et Her Space Holiday avec "I luv the valley oh!" seront quant à eux véritablement décevants et bien trop faiblards. C'est donc Devendra Banhart qui bouclera la boucle avec "Support Our Troops Oh!", confirmant, si besoin en était, le très haut niveau atteint par cette première pièce sonique.
Ce qui est frappant, sur ce premier acte, c'est le côté foncièrement triste rendu à Xiu Xiu, celui qui blesse mais ne donne jamais envie de pleurer. Ici, l'humidité s'est fortement installée et ne peut que ravir les fans de Xiu Xiu, tout en s'ouvrant peut-être aux détracteurs de la formation ne supportant, entre autres, pas la voix de Jamie Stewart.
Gold Chains, aka Topher Lafata, entame le second acte (consacré ici aux remixes) de façon dansante avec le "Hello from eau claire", seul morceau chanté par Caralee. Xiu Xiu remixe alors pour la seconde fois le "Ceremony" de Joy Division, et lui donne enfin une âme, après son relatif faux-pas à l'occasion d'un EP il y a quelques années. Un grand tour de force.
"Suha", titre métaphysique au niveau de ses textes, est relancé par Warbucks et va encore plus profondément dans la douleur, ridiculisant presque la neurasthénie ressortant de la physionomie naturelle du titre. "I hate my husband, I hate my children" marque intensément, ici encore, et s'avèrera être un des gros moments de ce voyage de 18 titres.
Cherry Point se montrera trop bruitiste et expérimental (c'est presque du drone) que pour véritablement convaincre avec "Ale", même s'il surprend toutefois sur sa fin de parcours.
Son, qui a déjà tourné avec Xiu Xiu, va quant à lui reprendre avec plaisir et maîtrise "Over Over" déjà parfait à la base.
Malgré ses facettes dansantes et à priori positives, ce remix atteint un sommet d'insalubrité et assomme une nouvelle fois l'organe auditif, tout en prenant soin de bousiller les tripes par la même occasion. This song i a mess but so am i, véritable apôtre et ami de Xiu Xiu, se charge de "Buzz Saw" et confirme tout le bien que je pensais de lui ; si ce mec là intègre un jour l'ossature de Xiu Xiu, ça fera très, très mal. Un grand moment, ici aussi.
Kid 606, toujours aussi optimiste, ressurgit sur la deuxième plaque avec "Bishop CA" et réalise par la même occasion un bilan très concluant pour ses deux titres. Grouper, fort d'un récent split avec Xiu Xiu, calmera le jeu avant le véritable bordel sonore et expérimental de To Live & Shave In LA, dernier groupe en date de Tom Smith, qui achève avec virtuosité et désinvolture ce long voyage sonique.
C'est sans aucun doute que ce Remixed & Covered comblera les adulateurs de la formation. Il devrait même les transporter au-delà de ce qu'ils pouvaient imaginer, tant les chirurgiens (ou psychiatres) qui s'en sont chargé ont poussé le monstre dans ses ultimes retranchements, tout en abandonnant une vraie tristesse physique derrière eux.
Attention par contre à ceux qui ont toujours détesté cet escadron : ils pourraient bien virer de bord, ne fusse que durant l'écoute de ce témoignage de culte envers Stewart et les siens.
J'exagère peut-être (quoi que), mais ce qui est certain, c'est que Xiu Xiu et ses acolytes d'un double d'album ont complètement dépassé les bornes de l'excès tolérable.
19, sans remords, mais "l'amor dans l'âme". Merci !
Le premier disque propose neuf titres, repris par neuf artistes. Exit donc, sur ce premier cercle sonore, la voix du sieur Stewart.
C'est sans étonnement que Larsen (lançant les hostilités) et Devendra Banhart y figurent.
Sunset Rubdown et Oxbow sont également de la partie, et – plus surprenant – Why ? ou encore Kid 606.
Larsen y va déjà d'un post-rock impressionnant et touchant sur les routes de "Mousey Toy", avant qu'Oxbow ne prolonge cette forte plage d'ouverture par un "Saturn" déchiré, transporté par la voix vacillante et possédée d'Eugene Robinson. A ce moment là, la perte de contrôle est déjà presque totale tellement la réussite est rapide, omniprésente et donc constante.
"Apistat Commander", titre majeur de Xiu Xiu, arrive ensuite, et les montréalais de Sunset Rubdown vont complètement métamorphoser la tournure du tube originellement virevoltant, en marche funèbre, des pieds à la tête remplie de tristesse, en prenant soin d'insister sur les passages clés du morceau. On comprend à ce moment là que tous ces groupes ne sont pas là par hasard, mais connaissent et raffolent de l'univers "stewartien". Marissa Nadler se charge de "Clowne Towne", lui aussi poussé dans des recoins blessants et fragiles. Good For Cows (porté par Ches Smith) rend quant à lui "Sad Poney Guerilla Girl" exclusivement instrumental, même au niveau de la voix transfigurée cette fois en organe acoustique. Kid 606 sera le premier à sortir d'une ambiance presque suicidaire et dépose délicatement son sang chaud sur un "Fabulous Muscles" rythmé et planant. Why ? avec "Wig Master" et Her Space Holiday avec "I luv the valley oh!" seront quant à eux véritablement décevants et bien trop faiblards. C'est donc Devendra Banhart qui bouclera la boucle avec "Support Our Troops Oh!", confirmant, si besoin en était, le très haut niveau atteint par cette première pièce sonique.
Ce qui est frappant, sur ce premier acte, c'est le côté foncièrement triste rendu à Xiu Xiu, celui qui blesse mais ne donne jamais envie de pleurer. Ici, l'humidité s'est fortement installée et ne peut que ravir les fans de Xiu Xiu, tout en s'ouvrant peut-être aux détracteurs de la formation ne supportant, entre autres, pas la voix de Jamie Stewart.
Gold Chains, aka Topher Lafata, entame le second acte (consacré ici aux remixes) de façon dansante avec le "Hello from eau claire", seul morceau chanté par Caralee. Xiu Xiu remixe alors pour la seconde fois le "Ceremony" de Joy Division, et lui donne enfin une âme, après son relatif faux-pas à l'occasion d'un EP il y a quelques années. Un grand tour de force.
"Suha", titre métaphysique au niveau de ses textes, est relancé par Warbucks et va encore plus profondément dans la douleur, ridiculisant presque la neurasthénie ressortant de la physionomie naturelle du titre. "I hate my husband, I hate my children" marque intensément, ici encore, et s'avèrera être un des gros moments de ce voyage de 18 titres.
Cherry Point se montrera trop bruitiste et expérimental (c'est presque du drone) que pour véritablement convaincre avec "Ale", même s'il surprend toutefois sur sa fin de parcours.
Son, qui a déjà tourné avec Xiu Xiu, va quant à lui reprendre avec plaisir et maîtrise "Over Over" déjà parfait à la base.
Malgré ses facettes dansantes et à priori positives, ce remix atteint un sommet d'insalubrité et assomme une nouvelle fois l'organe auditif, tout en prenant soin de bousiller les tripes par la même occasion. This song i a mess but so am i, véritable apôtre et ami de Xiu Xiu, se charge de "Buzz Saw" et confirme tout le bien que je pensais de lui ; si ce mec là intègre un jour l'ossature de Xiu Xiu, ça fera très, très mal. Un grand moment, ici aussi.
Kid 606, toujours aussi optimiste, ressurgit sur la deuxième plaque avec "Bishop CA" et réalise par la même occasion un bilan très concluant pour ses deux titres. Grouper, fort d'un récent split avec Xiu Xiu, calmera le jeu avant le véritable bordel sonore et expérimental de To Live & Shave In LA, dernier groupe en date de Tom Smith, qui achève avec virtuosité et désinvolture ce long voyage sonique.
C'est sans aucun doute que ce Remixed & Covered comblera les adulateurs de la formation. Il devrait même les transporter au-delà de ce qu'ils pouvaient imaginer, tant les chirurgiens (ou psychiatres) qui s'en sont chargé ont poussé le monstre dans ses ultimes retranchements, tout en abandonnant une vraie tristesse physique derrière eux.
Attention par contre à ceux qui ont toujours détesté cet escadron : ils pourraient bien virer de bord, ne fusse que durant l'écoute de ce témoignage de culte envers Stewart et les siens.
J'exagère peut-être (quoi que), mais ce qui est certain, c'est que Xiu Xiu et ses acolytes d'un double d'album ont complètement dépassé les bornes de l'excès tolérable.
19, sans remords, mais "l'amor dans l'âme". Merci !
Exceptionnel ! ! 19/20 | par X_Cosmonaut |
On retrouve ici: Larsen, Oxbow, Sunset Rubdown, Marissa Nadler, Good For Cows, Kid606, Why?, Her Space Holiday, Devendra Banhart, Gold Chains, Xiu Xiu, Warbucks, Cherry Point, Son, This Song Is a Mess but So Am I, Grouper et To Live and Shave in L.A.
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