Television
The Blow-Up |
Label :
ROIR |
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Contrairement à certaines idées reçues, le mouvement punk fourmillait d'excellents guitaristes. Certains parmi les plus grands: Robert Quine, Andy Gill, Johnny Thunders... Mais s'il y a bien deux guitaristes au-dessus tout, des virtuoses de chez virtuoses, ce sont sans nul doute Tom Verlaine et Richard Lloyd. Et comme la nature fait généralement bien les choses, elle a eu la très bonne idée de les réunir au sein de la même formation, Television.
Television, c'est d'abord un Marquee Moon intemporel et un Adventure raté. Mais c'est aussi un live indispensable, The Blow-Up. Sorti à l'origine en 1982 sur une double cassette chez ROIR (label qui ne publiait que sur cassette durant ses premières années d'existence) , l'album a été réédité et remasterisé en 1999 sur un double-CD. Alors avant de s'intéresser de plus près au contenu, évacuons de suite son seul et unique défaut: le son. Oui, même remasterisé, le son est très moyen, rapprochant plus The Blow-Up d'un semi-bootleg que d'un live officiel. De ce fait, certains prétexteront de ce seul, et je le répète, unique défaut pour disqualifier illico une telle oeuvre. Mais franchement... oui franchement... pour vos petites oreilles indés élevées à la compression mp3, cela ne devrait pas posez beaucoup de problèmes. Et malgré une batterie fortement résonnante, vous devriez même trouver le son de The Blow-Up plus que correct.
Le contenu donc. Tout d'abord, signalons que ce live fut enregistré lors de la dernière tournée de Television (avant la reformation de 1992) en 1978 au My Father's Place, plus cabaret que club, de la banlieue new-yorkaise. Ambiance intimiste mais qui n'empêche pas le public d'offrir quelques cris de joie (largement justifiés) tout au long du set. Comme tout les bons groupes punk, Television possède une connaissance accrue de ses ancêtres garages et psychés. On démarre ainsi par une reprise chaotique des 13th Floor Elevators, "Fire Engine", renommée pour l'occasion "The Blow-Up". D'entrée, nous sommes prévenus: l'application de mathématicien surdoué présente sur les albums officiels laisse place ici à une spontanéité rugueuse et agressive. Plus punk quoi. Les versions lives des "See No Evil", "Elevation", "Foxhole" et autres morceaux du premier CD, ne sont donc ni moins bonnes, ni meilleures. Mais peut-être tout simplement, si ce mot a un sens, plus pures... Précision également concernant la voix du chanteur. Tom Verlaine chante comme s'il avait une patate chaude dans la bouche et semble s'étrangler avec dès qu'il élève le ton. Je rassure tous ceux qui n'ont jamais écouté Television auparavant: tout ceci est bien normal... et c'est aussi cette voix très particulière (poussée à son maximum sur ce live) qui caractérise Television.
Le premier CD se termine sur une reprise de Dylan, le fameux "Knockin' On Heaven's Door". Cette cover exceptionnelle démontre une nouvelle fois à l'humanité que ces branques de Guns'n'Roses ont totalement massacré ce qui au départ est un petit chef-d'oeuvre dylanien. Honte à eux et gloire à Television pour avoir signer la meilleure reprise de Dylan avec le "All Along The Watchtower" d'Hendrix. A croire que Dylan inspirait avant tout les guitar-heroes... Fin du premier CD et déjà un bilan très positif. Mais ce n'est rien, ou en tout cas pas grand-chose, avec ce qui suit.
Mais attention ! Surtout faites une pause avant de vous enfiler le deuxième CD. Allez faire un tour, revenez, respirez profondément, ouvrez grand vos oreilles... et allez-y. "Little Johnny Jewel"... Ces 14 minutes et 56 secondes de pure folie épuise toutes ressources de superlatifs existants: admirable, colossal, extraordinaire, fantastique, magique, grandiose, magnifique, surhumain, divin, à pleurer, à en mourir... Non, ce moment-là est définitivement inqualifiable... Le genre de truc qui vous redonne foi en l'humanité. Enfin... on peut toujours essayé les comparaisons. Et à ce propos, accoler le nom de Coltrane à celui de Television est tellement devenu un réflexe que ça en devient suspect. Mais bon, à vrai dire... qui d'autre ? Parce qu'on a beau cherché du côté du rock, que ce soit par rapport aux Allman Brothers ou à Keith Richards répondant à un solo de Mick Taylor, cette joute royale entre Richard Lloyd et Tom Verlaine est absolument incomparable. Non, ces deux-là maîtrisent et utilisent leurs guitares comme des jazzmen surdoués le feraient avec leurs cuivres. Ajoutez à cela, le sens inouïe de l'impro, une rythmique implacable (Billy Ficca, on ne le dit jamais, est un putain de batteur), et vous serer en droit d'appelez ça du jazz. Oui mais du jazz-punk, ou du free-punk, ou alors... Non arrêtons-là, car effectivement il faudrait inventer un nouveau genre musical juste pour ce groupe. "Little Johnny Jewel" donc... Et après ?
Ben après c'est pas mal non plus. Un "Friction" qui là pour le coup, est meilleur que la version studio et un "Marquee Moon" de toute beauté qui sans se hisser au même niveau que "Little Johnny Jewel", vaut le détour. The Blow-Up se termine par une reprise des Stones que Tom Verlaine adorait et qui ne cessera de répéter l'influence de leur "19th Nervous Breakdown" sur son jeu. Mais là, il s'agit d'un euphorique "Satisfaction".
The Blow-Up: 83 minutes de bonheur indispensable pour tout fans de Television. Mais même pour les autres d'ailleurs. Particulièrement ceux qui sont persuadés d'avoit tout entendu en matière de guitares héroïques alors qu'ils n'ont jamais posez l'oreille sur ce document essentiel d'un groupe qui ne l'est pas moins. Un document sali par un son très moyen certes, mais qui demeure, croyez-moi, intemporel.
Television, c'est d'abord un Marquee Moon intemporel et un Adventure raté. Mais c'est aussi un live indispensable, The Blow-Up. Sorti à l'origine en 1982 sur une double cassette chez ROIR (label qui ne publiait que sur cassette durant ses premières années d'existence) , l'album a été réédité et remasterisé en 1999 sur un double-CD. Alors avant de s'intéresser de plus près au contenu, évacuons de suite son seul et unique défaut: le son. Oui, même remasterisé, le son est très moyen, rapprochant plus The Blow-Up d'un semi-bootleg que d'un live officiel. De ce fait, certains prétexteront de ce seul, et je le répète, unique défaut pour disqualifier illico une telle oeuvre. Mais franchement... oui franchement... pour vos petites oreilles indés élevées à la compression mp3, cela ne devrait pas posez beaucoup de problèmes. Et malgré une batterie fortement résonnante, vous devriez même trouver le son de The Blow-Up plus que correct.
Le contenu donc. Tout d'abord, signalons que ce live fut enregistré lors de la dernière tournée de Television (avant la reformation de 1992) en 1978 au My Father's Place, plus cabaret que club, de la banlieue new-yorkaise. Ambiance intimiste mais qui n'empêche pas le public d'offrir quelques cris de joie (largement justifiés) tout au long du set. Comme tout les bons groupes punk, Television possède une connaissance accrue de ses ancêtres garages et psychés. On démarre ainsi par une reprise chaotique des 13th Floor Elevators, "Fire Engine", renommée pour l'occasion "The Blow-Up". D'entrée, nous sommes prévenus: l'application de mathématicien surdoué présente sur les albums officiels laisse place ici à une spontanéité rugueuse et agressive. Plus punk quoi. Les versions lives des "See No Evil", "Elevation", "Foxhole" et autres morceaux du premier CD, ne sont donc ni moins bonnes, ni meilleures. Mais peut-être tout simplement, si ce mot a un sens, plus pures... Précision également concernant la voix du chanteur. Tom Verlaine chante comme s'il avait une patate chaude dans la bouche et semble s'étrangler avec dès qu'il élève le ton. Je rassure tous ceux qui n'ont jamais écouté Television auparavant: tout ceci est bien normal... et c'est aussi cette voix très particulière (poussée à son maximum sur ce live) qui caractérise Television.
Le premier CD se termine sur une reprise de Dylan, le fameux "Knockin' On Heaven's Door". Cette cover exceptionnelle démontre une nouvelle fois à l'humanité que ces branques de Guns'n'Roses ont totalement massacré ce qui au départ est un petit chef-d'oeuvre dylanien. Honte à eux et gloire à Television pour avoir signer la meilleure reprise de Dylan avec le "All Along The Watchtower" d'Hendrix. A croire que Dylan inspirait avant tout les guitar-heroes... Fin du premier CD et déjà un bilan très positif. Mais ce n'est rien, ou en tout cas pas grand-chose, avec ce qui suit.
Mais attention ! Surtout faites une pause avant de vous enfiler le deuxième CD. Allez faire un tour, revenez, respirez profondément, ouvrez grand vos oreilles... et allez-y. "Little Johnny Jewel"... Ces 14 minutes et 56 secondes de pure folie épuise toutes ressources de superlatifs existants: admirable, colossal, extraordinaire, fantastique, magique, grandiose, magnifique, surhumain, divin, à pleurer, à en mourir... Non, ce moment-là est définitivement inqualifiable... Le genre de truc qui vous redonne foi en l'humanité. Enfin... on peut toujours essayé les comparaisons. Et à ce propos, accoler le nom de Coltrane à celui de Television est tellement devenu un réflexe que ça en devient suspect. Mais bon, à vrai dire... qui d'autre ? Parce qu'on a beau cherché du côté du rock, que ce soit par rapport aux Allman Brothers ou à Keith Richards répondant à un solo de Mick Taylor, cette joute royale entre Richard Lloyd et Tom Verlaine est absolument incomparable. Non, ces deux-là maîtrisent et utilisent leurs guitares comme des jazzmen surdoués le feraient avec leurs cuivres. Ajoutez à cela, le sens inouïe de l'impro, une rythmique implacable (Billy Ficca, on ne le dit jamais, est un putain de batteur), et vous serer en droit d'appelez ça du jazz. Oui mais du jazz-punk, ou du free-punk, ou alors... Non arrêtons-là, car effectivement il faudrait inventer un nouveau genre musical juste pour ce groupe. "Little Johnny Jewel" donc... Et après ?
Ben après c'est pas mal non plus. Un "Friction" qui là pour le coup, est meilleur que la version studio et un "Marquee Moon" de toute beauté qui sans se hisser au même niveau que "Little Johnny Jewel", vaut le détour. The Blow-Up se termine par une reprise des Stones que Tom Verlaine adorait et qui ne cessera de répéter l'influence de leur "19th Nervous Breakdown" sur son jeu. Mais là, il s'agit d'un euphorique "Satisfaction".
The Blow-Up: 83 minutes de bonheur indispensable pour tout fans de Television. Mais même pour les autres d'ailleurs. Particulièrement ceux qui sont persuadés d'avoit tout entendu en matière de guitares héroïques alors qu'ils n'ont jamais posez l'oreille sur ce document essentiel d'un groupe qui ne l'est pas moins. Un document sali par un son très moyen certes, mais qui demeure, croyez-moi, intemporel.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Sirius |
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