Hypo

Alors que je pensais avoir tout compris (ou presque) au fonctionnement d'Hypo, je me prends une nouvelle gifle. Pas de celle qui vous retourne la tête, comme avait pu le faire Kotva il y a quelques années; mais plutôt une de celles qui réveille et rappelle à l'ordre. Genre, chez Hypo, on ne se repose JAMAIS sur ses lauriers.

C'est en effet un nouvel Hypo qui se révèle ici à nos yeux: la collaboration sporadique d'Emmanuelle de Héricourt (alias EDH) sur les précédents albums se concrétisant sur The Correct Use Of Pets en un duo. La voix suave et décalée d'Emmanuelle, son anglais bancal, sont donc présents sur la quasi totalité des titres de la nouvelle galette; et la petite se fend même de la composition de deux titres, "Glow" et "Johnny", qui laissent penser que ces deux là ont probablement fréquenté le même hôpital psychiatrique.

Vous l'aurez compris, The Correct Use Of Pets est toujours aussi insaisissable. Mais les sons sont désormais "impeccables" (adieu les Bontempi ringards), et l'esprit plus pop. La musique d'Hypo devient donc plus "sociable", et les expérimentations passées (déjà beaucoup plus discrètes sur Random Veneziano) laissent place à des bizarreries, sortes de cauchemars ou rêves éveillés, qui ne tiennent que sur quelques sons ("Routine 66", "Johnny" et "Manimal"). Mais quels sons !

On retrouve également les ritournelles désuettes et désanchantées ("The Structure Of Reject", le génial "Ouba" qui clôture le disque), les titres purement mélancoliques ("Plastic Bag", "Glow", "Helmut Heit") ou dansants ("Naughty Place", "Revex", "French Chanson"), mais tous suivent désormais une ligne plus claire qu'auparavant.

Alors, si Antony Keyeux ne rencontre pas la reconnaissance médiatique-qu'il mérite- avec ce superbe disque, il est à craindre qu'elle ne vienne pas de sitôt. Car on imagine mal la musique d'Hypo se faire plus polie... Et jolie !