Deity Guns
Stroboscopy |
Label :
Black & Noir |
||||
Stroboscopy, sorti en 1991 sur le label angevin Black et Noir, est à ma connaissance le premier enregistrement de Deity Guns.
Ce mini LP de 6 chansons pour 31 minutes annonce d'entrée la couleur quant à l'orientation musicale du groupe avec "Kurious... Here Today". Un court enregistrement d'archive genre base de lancement militaire, conclu par un pertinent "FIRE !", propulse le missile sonique : la batterie en prend plein les toms, les guitares sont furieusement martyrisées au travers de montées, de descentes ou de ruptures hallucinées, les voix sont plus déclamatoires ou hurlantes que réellement chantantes, bref on réalise qu'on n'est pas là pour cueillir des fraises des bois ou parler du dernier tome de Harry Potter devant une tisane au tilleul. Et c'est bon, c'est salement bon.
Le deuxième titre, "Simple Dare", est du même tonneau à ceci près qu'une perceuse à percuteur branchée sur une pédale wha-wha semble s'être invitée en toile de fond, histoire d'ajouter à l'harmonie ambiante. A écouter le soir avant de s'endormir, vraiment.
"Circles", quant à lui, s'ouvre sur une intro au son clair et planant (ce coup-ci je ne plaisante pas), mais retourne vite explorer la dissonance et l'oreille à rebrousse-poil en une structure parfaite de type sonicyouthienne (fallait bien que je lâche le nom à un moment ou à un autre), qui en gros donne ça : intro A / partie B / partie C / partie B / partie D / intro A / partie C / partie B / bordel E 'final' de 2 minutes. Wow.
Sur "Optical Burst" et "Pushes Kingdom", les morceaux les plus courts du disque (3 min 45 chacun), rien de particulier à signaler. Ils sont bons également.
C'est surtout que j'ai hâte de passer au dernier titre, "North Face", qui porte son nom à la perfection: à travers ces 8 minutes 09 de pur mur sonore, on atteint là le sommet himalayen du LP, voire de la discographie du groupe. Je dis 'mur sonore', et je m'aperçois que ma chronique peut donner l'impression qu'on a affaire, avec Deity Guns, à des brutes primaires ne sachant que violenter le moindre instrument passant à leur portée. Ce n'est pas du tout le cas, et "North Face" en est un exemple criant, si j'ose dire. Il y a une beauté poignante dans ce morceau, dans cette guitare grattée sans aucune interruption (vraiment) du début à la fin, dans cette voix plaintive que je ne comprends pas mais que je sens de mon côté. Le mur est là, certes, mais ce n'est pas le mur froid et mesquin haï par les Pink Floyd, celui qui enferme et sépare du monde et de soi-même. Le mur de Deity Guns, c'est une montagne coiffée de nuages noirs, plongée dans la tourmente : le soleil est parti, mais la beauté est restée.
Quand on sait que derrière ce mini LP est venu un Trans Lines Appointment encore meilleur (enfin pas de beaucoup, on est déjà à haute altitude avec Stroboscopy et on ne peut pas monter indéfiniment), on en regretterait presque que Bästard ait existé.
Heureusement, on peut écouter les disques de Bästard pour se consoler.
PS : Deity Guns, ça s'écoute à fond.
Ce mini LP de 6 chansons pour 31 minutes annonce d'entrée la couleur quant à l'orientation musicale du groupe avec "Kurious... Here Today". Un court enregistrement d'archive genre base de lancement militaire, conclu par un pertinent "FIRE !", propulse le missile sonique : la batterie en prend plein les toms, les guitares sont furieusement martyrisées au travers de montées, de descentes ou de ruptures hallucinées, les voix sont plus déclamatoires ou hurlantes que réellement chantantes, bref on réalise qu'on n'est pas là pour cueillir des fraises des bois ou parler du dernier tome de Harry Potter devant une tisane au tilleul. Et c'est bon, c'est salement bon.
Le deuxième titre, "Simple Dare", est du même tonneau à ceci près qu'une perceuse à percuteur branchée sur une pédale wha-wha semble s'être invitée en toile de fond, histoire d'ajouter à l'harmonie ambiante. A écouter le soir avant de s'endormir, vraiment.
"Circles", quant à lui, s'ouvre sur une intro au son clair et planant (ce coup-ci je ne plaisante pas), mais retourne vite explorer la dissonance et l'oreille à rebrousse-poil en une structure parfaite de type sonicyouthienne (fallait bien que je lâche le nom à un moment ou à un autre), qui en gros donne ça : intro A / partie B / partie C / partie B / partie D / intro A / partie C / partie B / bordel E 'final' de 2 minutes. Wow.
Sur "Optical Burst" et "Pushes Kingdom", les morceaux les plus courts du disque (3 min 45 chacun), rien de particulier à signaler. Ils sont bons également.
C'est surtout que j'ai hâte de passer au dernier titre, "North Face", qui porte son nom à la perfection: à travers ces 8 minutes 09 de pur mur sonore, on atteint là le sommet himalayen du LP, voire de la discographie du groupe. Je dis 'mur sonore', et je m'aperçois que ma chronique peut donner l'impression qu'on a affaire, avec Deity Guns, à des brutes primaires ne sachant que violenter le moindre instrument passant à leur portée. Ce n'est pas du tout le cas, et "North Face" en est un exemple criant, si j'ose dire. Il y a une beauté poignante dans ce morceau, dans cette guitare grattée sans aucune interruption (vraiment) du début à la fin, dans cette voix plaintive que je ne comprends pas mais que je sens de mon côté. Le mur est là, certes, mais ce n'est pas le mur froid et mesquin haï par les Pink Floyd, celui qui enferme et sépare du monde et de soi-même. Le mur de Deity Guns, c'est une montagne coiffée de nuages noirs, plongée dans la tourmente : le soleil est parti, mais la beauté est restée.
Quand on sait que derrière ce mini LP est venu un Trans Lines Appointment encore meilleur (enfin pas de beaucoup, on est déjà à haute altitude avec Stroboscopy et on ne peut pas monter indéfiniment), on en regretterait presque que Bästard ait existé.
Heureusement, on peut écouter les disques de Bästard pour se consoler.
PS : Deity Guns, ça s'écoute à fond.
Excellent ! 18/20 | par Loser |
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