The Charlottes
Things Come Apart |
Label :
Cherry Red |
||||
Quatre gamins au look banal et au nom de groupe francisé, dont on sent bien qu'ils seraient incapables de se mettre en avant à cause d'une timidité maladive et d'une innocence naïve : pas étonnant qu'ils aient été descendu par les mauvaises langues.
Incapables d'enflammer un concert autrement qu'en grillant les pédales steel, The Charlottes préféraient regarder leur pied que d'affronter un quelconque public. Les faibles qui prennent la parole, voilà ce que ça donne : une musique autiste, inapte à s'engager, mielleuse comme noyée sous ses propres effets.
Alors évidement, ceux qui cherchaient avant tout du brut ont été vite décontenencés. C'était passer à côté de toute la profondeur et la magie de cette musique exceptionnelle.
Des groupes comme The Charlottes, l'Angleterre du début des années 90 en tenait une flopée. Léthargiques sur scène, ces esthètes pré-pubères ne concevaient pas de parfaites pop-songs sans les avoir préalablement recouvertes de couches de larsens et de saturations sirupeuses.
Et finalement leur musique, ne propose rien de plus que de longues plages de distorsions derrière lesquelles passe une voix angélique et soyeuse. A l'époque, gavée de tous ces groupes shoegazing (pour : 'ceux qui regardent leur chaussure'), s'escrimant à refaire du My Bloody Valentine, la presse les prit en ridicule. Certains même finiront par comparer leur son à un pitoyable déluge brouillon, voire vomitoire. Il fallait souligner que ce n'était pas avec ces adolescents intellectuels mal dans leur peau que la presse allait trouver des discours fracassants et des frasques suffisamment flamboyantes pour nourrir les pages people.
Tout ce qui intéresse les groupes shoegazing, c'est de faire monter le volume de leur ampli à fond et de les faire cracher de vraies tempêtes, tout en gardant une ligne directrice pop, se nourrissant de sucreries et de savoureux nappages de chants.
Et Thing come apart, le premier album de The Charlottes, ne déroge pas à cette tradition. On y retrouve donc un schéma conventionnel pour le style constitué de chansons aux mélodies simples mais joyeusement édulcorées, passés sous un mixer de saturations et de rythme balancé à fond. C'est énergique et violent mais pourtant le ton y est toujours candide et légèrement vaporeux dans le chant. La voix suave et céleste concourt à cette impression de rester malgré tout dans un monde étrange, épurée et majestueux.
Rechercher le beau et la magie de la magnificence sans vouloir passer par les chemins habituels et déjà tracés avant, voilà une quête de l'inutile que les quatre de The Charlottes n'ont pu s'empêcher d'accomplir. Des manifestations, comme vouloir tout détruire autour de soi, torturer les guitares, déformer les sons, tout en gardant une inspiration artistique pour la grâce et l'absolu, sont le signe d'une passion encore tumultueuse. Une passion qui se cherche et s'admire en même temps, par manque d'idéaux, hormis ceux inatteignables du rêve et de la féerie. Le shoegazing savait montrer à la fois une douceur protectrice comme une rage désespérée ; c'est en cela qu'elle convenait très bien aux adolescents.
D'ailleurs The Charlottes est un groupe d'adolescents. A voir les photos, on dirait aussi des adolescents gentils mais mal dans leur peau. Et des comme eux il y avait aussi Blind Mr Jones, Ride, Slowdive, Revolver, tous très jeunes et immensément doués. Débordant d'une énergie à revendre sans pour autant se croire les meilleurs, ils se sont réfugié dans le shoegazing, seule musique capable de répondre aussi bien à leur attente qu'à leur angoisse. Car on sait que la mélancolie assiège sans répits l'âme de ces romantiques.
Alors pourquoi continuer à s'intéresser à The Charlottes ?
Dans le monde d'adultes désabusés et aigris, le mouvement shoegazing fut négligé, voire passé pour un jeu qu'on laisse faire en souriant, en se disant : 'bah, c'est une affaire de gosse'.
Ceci dit, cette passion, cette flamme est beaucoup plus flamboyante que n'importe quelle autre, car elle n'a été en aucun cas encore souillée, ni atténuée par quoi que ce soit. Elle garde encore sa brillance originelle. Elle symbolise une fougue, une renvidication, sans être présomptueuse, ainsi qu'un laconisme et une lucidité, tout en espérant malgré tout la réalisation de souhaits idéalistes. Cette lutte est la plus à même de conduire à la création artistique proche des sentiments, capables de transcender comme d'émouvoir. Cette intensité touche au plus profond. Comme si on s'y reconnaissait.
Car, qui, de nous tous, voudrait réellement grandir ?
Incapables d'enflammer un concert autrement qu'en grillant les pédales steel, The Charlottes préféraient regarder leur pied que d'affronter un quelconque public. Les faibles qui prennent la parole, voilà ce que ça donne : une musique autiste, inapte à s'engager, mielleuse comme noyée sous ses propres effets.
Alors évidement, ceux qui cherchaient avant tout du brut ont été vite décontenencés. C'était passer à côté de toute la profondeur et la magie de cette musique exceptionnelle.
Des groupes comme The Charlottes, l'Angleterre du début des années 90 en tenait une flopée. Léthargiques sur scène, ces esthètes pré-pubères ne concevaient pas de parfaites pop-songs sans les avoir préalablement recouvertes de couches de larsens et de saturations sirupeuses.
Et finalement leur musique, ne propose rien de plus que de longues plages de distorsions derrière lesquelles passe une voix angélique et soyeuse. A l'époque, gavée de tous ces groupes shoegazing (pour : 'ceux qui regardent leur chaussure'), s'escrimant à refaire du My Bloody Valentine, la presse les prit en ridicule. Certains même finiront par comparer leur son à un pitoyable déluge brouillon, voire vomitoire. Il fallait souligner que ce n'était pas avec ces adolescents intellectuels mal dans leur peau que la presse allait trouver des discours fracassants et des frasques suffisamment flamboyantes pour nourrir les pages people.
Tout ce qui intéresse les groupes shoegazing, c'est de faire monter le volume de leur ampli à fond et de les faire cracher de vraies tempêtes, tout en gardant une ligne directrice pop, se nourrissant de sucreries et de savoureux nappages de chants.
Et Thing come apart, le premier album de The Charlottes, ne déroge pas à cette tradition. On y retrouve donc un schéma conventionnel pour le style constitué de chansons aux mélodies simples mais joyeusement édulcorées, passés sous un mixer de saturations et de rythme balancé à fond. C'est énergique et violent mais pourtant le ton y est toujours candide et légèrement vaporeux dans le chant. La voix suave et céleste concourt à cette impression de rester malgré tout dans un monde étrange, épurée et majestueux.
Rechercher le beau et la magie de la magnificence sans vouloir passer par les chemins habituels et déjà tracés avant, voilà une quête de l'inutile que les quatre de The Charlottes n'ont pu s'empêcher d'accomplir. Des manifestations, comme vouloir tout détruire autour de soi, torturer les guitares, déformer les sons, tout en gardant une inspiration artistique pour la grâce et l'absolu, sont le signe d'une passion encore tumultueuse. Une passion qui se cherche et s'admire en même temps, par manque d'idéaux, hormis ceux inatteignables du rêve et de la féerie. Le shoegazing savait montrer à la fois une douceur protectrice comme une rage désespérée ; c'est en cela qu'elle convenait très bien aux adolescents.
D'ailleurs The Charlottes est un groupe d'adolescents. A voir les photos, on dirait aussi des adolescents gentils mais mal dans leur peau. Et des comme eux il y avait aussi Blind Mr Jones, Ride, Slowdive, Revolver, tous très jeunes et immensément doués. Débordant d'une énergie à revendre sans pour autant se croire les meilleurs, ils se sont réfugié dans le shoegazing, seule musique capable de répondre aussi bien à leur attente qu'à leur angoisse. Car on sait que la mélancolie assiège sans répits l'âme de ces romantiques.
Alors pourquoi continuer à s'intéresser à The Charlottes ?
Dans le monde d'adultes désabusés et aigris, le mouvement shoegazing fut négligé, voire passé pour un jeu qu'on laisse faire en souriant, en se disant : 'bah, c'est une affaire de gosse'.
Ceci dit, cette passion, cette flamme est beaucoup plus flamboyante que n'importe quelle autre, car elle n'a été en aucun cas encore souillée, ni atténuée par quoi que ce soit. Elle garde encore sa brillance originelle. Elle symbolise une fougue, une renvidication, sans être présomptueuse, ainsi qu'un laconisme et une lucidité, tout en espérant malgré tout la réalisation de souhaits idéalistes. Cette lutte est la plus à même de conduire à la création artistique proche des sentiments, capables de transcender comme d'émouvoir. Cette intensité touche au plus profond. Comme si on s'y reconnaissait.
Car, qui, de nous tous, voudrait réellement grandir ?
Sympa 14/20 | par Vic |
Posté le 30 novembre 2007 à 18 h 32 |
En cherchant bien dans les groupes qui ont fait le shoegazing, on finit bien souvent par tomber sur The Charlottes et cet ultime disque qui résume à lui tout seul, la fragilité et l'éphémère de ce groupe, de leur musique, de leurs membres.
Pourquoi cet album est exceptionnel?
Tout simplement parce que l'on retrouve tout au long de ces dix titres une innocence, une fougue, un dynamisme qui n'appartiennent qu'à l'adolescence.
Pas la peine d'écouter le Nevermind de Nirvana pour comprendre que The Charlottes, un peu comme Ride à leurs débuts, avait cette rage de vivre, cette intensité dans leur envie, leur passion, leur émotion, leur colère.
"Liar" est le premier morceau, single en force qui étonnera tout ceux qui ont cru voir en Amusement Parks on Fire ou Filmschool une quelconque sincérité.
Car oui, ce Things Come Apart ne triche pas, tout est naturel dans ce combo qui ne croyait peut-être pas signer un seul et unique album, mais monstrueux de fraicheur et d'honnêteté.
The Charlottes nous font comprendre que le bruit a une sonorité, que les mélodies peuvent se faire ressentir dans le désordre, que ca ne sert à rien d'hurler quand on a une rythmique carrée, de fer et de feu.
Oui, The Charlottes par son exceptionnelle énergie nous passionne tout simplement.
Chaque titre de cet album "Prayer Song", "See Me Feel", "By My Side" ou encore "We're Going Wrong" ou "Venus" vous prennent au coeur.
On repense à ces sensations de ce qu'on a pu vivre pour certains d'entre nous au collège lorsqu'on recevait une mauvaise note au devoir de mathématiques et qu'on n'osait pas en parler aux parents, à l'humiliation de ne pas comprendre un exercice, à ces moments là si durs et qu'on a jamais pu exprimer en musique.
The Charlottes, l'a fait, merci.
Pourquoi cet album est exceptionnel?
Tout simplement parce que l'on retrouve tout au long de ces dix titres une innocence, une fougue, un dynamisme qui n'appartiennent qu'à l'adolescence.
Pas la peine d'écouter le Nevermind de Nirvana pour comprendre que The Charlottes, un peu comme Ride à leurs débuts, avait cette rage de vivre, cette intensité dans leur envie, leur passion, leur émotion, leur colère.
"Liar" est le premier morceau, single en force qui étonnera tout ceux qui ont cru voir en Amusement Parks on Fire ou Filmschool une quelconque sincérité.
Car oui, ce Things Come Apart ne triche pas, tout est naturel dans ce combo qui ne croyait peut-être pas signer un seul et unique album, mais monstrueux de fraicheur et d'honnêteté.
The Charlottes nous font comprendre que le bruit a une sonorité, que les mélodies peuvent se faire ressentir dans le désordre, que ca ne sert à rien d'hurler quand on a une rythmique carrée, de fer et de feu.
Oui, The Charlottes par son exceptionnelle énergie nous passionne tout simplement.
Chaque titre de cet album "Prayer Song", "See Me Feel", "By My Side" ou encore "We're Going Wrong" ou "Venus" vous prennent au coeur.
On repense à ces sensations de ce qu'on a pu vivre pour certains d'entre nous au collège lorsqu'on recevait une mauvaise note au devoir de mathématiques et qu'on n'osait pas en parler aux parents, à l'humiliation de ne pas comprendre un exercice, à ces moments là si durs et qu'on a jamais pu exprimer en musique.
The Charlottes, l'a fait, merci.
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