Blind Mr. Jones
Stereo Musicale |
Label :
Cherry Red |
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Le premier essai de ce (très) jeune groupe résume à lui tout seul tout ce que le courant shoegazing pouvait représenter à l'époque.
Objet de la moquerie et de la condescendance de certains en raison de la naïveté de ces musiciens, à peine majeurs, Blind Mr. Jones avait déjà des envies culottées qui démangaient. La pochette, très adolescente et loin de style arty des autres, prêtait à sourire. Adoptant un chant sublime très angélique et éthéré, qui dénote pour un groupe de rock, surtout masculin, Blind Mr. Jones éveillait la curiosité.
Et sa musique ne faisait rien pour éviter d'être ainsi stigmatisé: belle, planante comme décoiffante, elle mêlait dans une joyeuse pagaille, stylisme raffiné et psychédélisme, jusqu'à y insérer violon et flûte ! Se posant délicatement entre des instrumentaux étranges, les chansons ne suivaient que des détournements, longs et intense, au cours desquelles les parties chantées se réduisaient à de simples vocalises béâtes et sublimes.
Cela eut tôt fait de mettre à l'écart ce style musical, trop spirituel et saugrenu pour attirer les faveurs d'une audience grand public. D'autant que la concurrence (The Boo Radleys, Chapterhouse, Ride ou Kitchens Of Distinction), parmi le shoegazing de ces années-là, était telle qu'une lassitude se fit place, enterrant nombre de formations qui se ressemblaient plus ou moins et étaient nourries des mêmes inspirations.
Mais ce que le shoegazing savait faire aussi, c'était établir de véritables trips jouissifs à l'aide d'un mur du son phénoménal et de jeu en perte et fracas. Et c'est là-dessus que Blind Mr. Jones fait déjà preuve d'un talent hors du commun sur son premier opus.
Les chansons sont toutes longues, complexes, alambiquées, entre crescendo monumental ou excursion expérimentale. L'intensité est réelle, que ce soit dans ces ouragans où le groupe lâche les brides et laisse exploser un jeu chatoyant et ébouriffant, ou bien que ce soit dans ces voix, sublimes de pureté cristalline. Les arrangements sont tous somptueux. Les guitares descendent en vrille tout au long de ce disque déjanté. Les mélodies ressemblent à de véritables contes de fées.
Tant pis s'il s'agit d'une musique trop abstraite, rêveuse et finalement égocentrique. Tant pis si le shoegazing, incompris à son époque, ne s'attira que l'incompréhension (le nom vient du fait que les musiciens avaient souvent les yeux rivés sur leurs chaussures). Tant pis si Blind Mr. Jones n'eut jamais le rayonnement espéré.
Seule compte la poignante émotion que cet album, rempli de grâce, sait transmettre, par la magie de ces cinq jeunes esthètes.
Objet de la moquerie et de la condescendance de certains en raison de la naïveté de ces musiciens, à peine majeurs, Blind Mr. Jones avait déjà des envies culottées qui démangaient. La pochette, très adolescente et loin de style arty des autres, prêtait à sourire. Adoptant un chant sublime très angélique et éthéré, qui dénote pour un groupe de rock, surtout masculin, Blind Mr. Jones éveillait la curiosité.
Et sa musique ne faisait rien pour éviter d'être ainsi stigmatisé: belle, planante comme décoiffante, elle mêlait dans une joyeuse pagaille, stylisme raffiné et psychédélisme, jusqu'à y insérer violon et flûte ! Se posant délicatement entre des instrumentaux étranges, les chansons ne suivaient que des détournements, longs et intense, au cours desquelles les parties chantées se réduisaient à de simples vocalises béâtes et sublimes.
Cela eut tôt fait de mettre à l'écart ce style musical, trop spirituel et saugrenu pour attirer les faveurs d'une audience grand public. D'autant que la concurrence (The Boo Radleys, Chapterhouse, Ride ou Kitchens Of Distinction), parmi le shoegazing de ces années-là, était telle qu'une lassitude se fit place, enterrant nombre de formations qui se ressemblaient plus ou moins et étaient nourries des mêmes inspirations.
Mais ce que le shoegazing savait faire aussi, c'était établir de véritables trips jouissifs à l'aide d'un mur du son phénoménal et de jeu en perte et fracas. Et c'est là-dessus que Blind Mr. Jones fait déjà preuve d'un talent hors du commun sur son premier opus.
Les chansons sont toutes longues, complexes, alambiquées, entre crescendo monumental ou excursion expérimentale. L'intensité est réelle, que ce soit dans ces ouragans où le groupe lâche les brides et laisse exploser un jeu chatoyant et ébouriffant, ou bien que ce soit dans ces voix, sublimes de pureté cristalline. Les arrangements sont tous somptueux. Les guitares descendent en vrille tout au long de ce disque déjanté. Les mélodies ressemblent à de véritables contes de fées.
Tant pis s'il s'agit d'une musique trop abstraite, rêveuse et finalement égocentrique. Tant pis si le shoegazing, incompris à son époque, ne s'attira que l'incompréhension (le nom vient du fait que les musiciens avaient souvent les yeux rivés sur leurs chaussures). Tant pis si Blind Mr. Jones n'eut jamais le rayonnement espéré.
Seule compte la poignante émotion que cet album, rempli de grâce, sait transmettre, par la magie de ces cinq jeunes esthètes.
Sympa 14/20 | par Vic |
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