Ultra Vivid Scene
Rev |
Label :
4AD |
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Avec Ultra Vivid Scene, on plonge dans une ambiance très particulière, bizarre et troublante. Est-ce du à l'insuccès chronique et injuste de ce groupe de l'ombre (où figura pourtant Richard Hall, alias Moby) ? A l'esthétisme arty du label ? A l'austérité de son leader Kurt Ralske (qui réalisera le chef-d'oeuvre Too Many Days Without Thinking de Swell) ? Toujours est-il que sa musique dégage une atmosphère vaporeuse, raffinée et un peu perdue.
Inclassables, hors du temps, intellectuelles, on navigue dans des sphères qui semblent être ceux d'un autre monde. Ce décalage déroutant met mal à l'aise. On ne sait si le ton est pessimiste ou non. On a l'impression que ça joue dans le vide, pour rien, ni pour personne. Une sorte d'enregistrement qui n'aurait aucune prise sur la réalité, puisque visitant des dimensions parrallèles. C'est avec ce trouble phobique que le groupe entraînera l'auditeur dans un voyage inquiétant mais irresistible sur des courants magnifiques et oniriques, tout parsemés de reflets éclatants.
Maîtrisant aussi bien les chansons courtes folk-rock embrumées ("Mirror To Mirror") que les longs étirements tendus et ébourrifants ("Blood And Thunder"), Ultra Vivid Scene joue avec l'art en le déformant, en le noircissant et en le retournant dans tous les sens pour lire dans ses recoins les plus obscurs une grâce encore inviolée. La voix de Kurt Ralske se fait soufflante, chaude, discrète et délicieusement tendancieuse. Il semble à la fois explorateur impétueux et investigateur de messes impies. On dirait un fantôme. Ses interventions se font insistantes, comme elles peuvent disparaître bien vite sous des arpèges de guitares ou des passages instrumentaux qui prolongent les morceaux au delà des sept minutes (le splendide et délicat "Medicating Angels").
Rev est un disque étrange qui bouleverse à sa millième écoute comme à la première, par sa clarté mélodique, ses pièges nonchalant ("How Sweet" et ses choeurs inquétants) et la complexité sournoise de ses arrangements ("The Portion Of Delight" et ses guitares acérées ou les violons dans "Mirror To Mirror"). La musqiue est dilatée à l'extrème, tordue en un Noeud de Moebius, montée de toute pièce afin de perdre les repères. Décalé, baloté, transporté, on cherche la lumière au delà de ce tunnel interminable.
Sur "Thief's Love Song", on atteint le degré absolu du sublime féerique. Les petites notes d'introduction disséminées avec parcimonie suffisent à donner la chair de poule. La mélodie est d'une beauté froide incroyable. Et les choeurs féminins sont renversants. Sans conteste un sommet de poésie malsaine et subversive.
Ultra Vivid Scene propose à la pop, un format éclaté et une déviation inouïe entre quête fantasmagorique et déraison despérée, quitte à vendre son âme. "Medicating Angels" commence par un suppliant "I just find a cure" avant de sombrer dans un cruelle déferlante saturée...
Inclassables, hors du temps, intellectuelles, on navigue dans des sphères qui semblent être ceux d'un autre monde. Ce décalage déroutant met mal à l'aise. On ne sait si le ton est pessimiste ou non. On a l'impression que ça joue dans le vide, pour rien, ni pour personne. Une sorte d'enregistrement qui n'aurait aucune prise sur la réalité, puisque visitant des dimensions parrallèles. C'est avec ce trouble phobique que le groupe entraînera l'auditeur dans un voyage inquiétant mais irresistible sur des courants magnifiques et oniriques, tout parsemés de reflets éclatants.
Maîtrisant aussi bien les chansons courtes folk-rock embrumées ("Mirror To Mirror") que les longs étirements tendus et ébourrifants ("Blood And Thunder"), Ultra Vivid Scene joue avec l'art en le déformant, en le noircissant et en le retournant dans tous les sens pour lire dans ses recoins les plus obscurs une grâce encore inviolée. La voix de Kurt Ralske se fait soufflante, chaude, discrète et délicieusement tendancieuse. Il semble à la fois explorateur impétueux et investigateur de messes impies. On dirait un fantôme. Ses interventions se font insistantes, comme elles peuvent disparaître bien vite sous des arpèges de guitares ou des passages instrumentaux qui prolongent les morceaux au delà des sept minutes (le splendide et délicat "Medicating Angels").
Rev est un disque étrange qui bouleverse à sa millième écoute comme à la première, par sa clarté mélodique, ses pièges nonchalant ("How Sweet" et ses choeurs inquétants) et la complexité sournoise de ses arrangements ("The Portion Of Delight" et ses guitares acérées ou les violons dans "Mirror To Mirror"). La musqiue est dilatée à l'extrème, tordue en un Noeud de Moebius, montée de toute pièce afin de perdre les repères. Décalé, baloté, transporté, on cherche la lumière au delà de ce tunnel interminable.
Sur "Thief's Love Song", on atteint le degré absolu du sublime féerique. Les petites notes d'introduction disséminées avec parcimonie suffisent à donner la chair de poule. La mélodie est d'une beauté froide incroyable. Et les choeurs féminins sont renversants. Sans conteste un sommet de poésie malsaine et subversive.
Ultra Vivid Scene propose à la pop, un format éclaté et une déviation inouïe entre quête fantasmagorique et déraison despérée, quitte à vendre son âme. "Medicating Angels" commence par un suppliant "I just find a cure" avant de sombrer dans un cruelle déferlante saturée...
Très bon 16/20 | par Vic |
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