Amon Tobin
Isam |
Label :
Ninja Tune |
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Isam, ou comment Amon Tobin pousse l'expérience musicale électronique à ses limites les plus extrêmes, à ses frontières les plus lointaines. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, de marges et de contours ; de formes et de textures. Un geste circulaire que l'on ferait avec notre main tendue dans le vide résumerait bien la musique d'Amon Tobin. L'irréel. L'espace et le touché plus que les choses que l'on entend ; Amon Tobin essaye de nous faire vivre autre chose que l'expérience auditive à travers sa musique.
Troublante, la musique de Tobin l'est aujourd'hui à plus d'un titre. La majeure partie des amateurs du brésilien l'avait suivi sur un The Foley Room déjà pas mal barré. Enregistrant ses propres samples, sons, voix, Amon Tobin s'était constitué une bibliothèque sonore d'une grande richesse. Les rythmiques qui étaient sa véritable marque de fabrique au moins sur ses trois premiers albums étaient encore présentes, mais déformées et triturées par la force des doigts. On sentait qu'il se passait un truc dans sa tête. En fait, Amon Tobin est le seul à avoir un projet concret pour le futur de la musique électronique. Il veut la faire avancer vers des contrées inconnues et périphériques comme des steppes arides ou des friches industrielles. Le break'beat, l'électro-jazz, le sample 70's font partie d'une époque révolue. Tobin veut jouer d'instruments qui n'existent pas. Il est tourné vers l'avant.
Troublante également, parce que sa musique qui est de moins en moins mélodique devient de plus en plus fascinante. Il était à part dès l'époque de Cujo ; il reste un véritable OVNI aujourd'hui. L'introduction d'Isam, "Journeyman", scintille de mille et un sons plus incroyables les uns que les autres sans que l'on comprenne vraiment ce qui se passe. La richesse des textures sonores amélodiques d'Amon Tobin atteint des cimes inimaginables. Trop riche, trop organique, trop froide, trop paradoxale ; les auditeurs décrochent. Les oreilles ne peuvent suivre et c'est exactement la raison pour laquelle on peut presque faire appel à nos autres sens pour essayer de capter là où veut en venir le dj. La musique d'Isam est presque palpable, on désirerait presque la toucher en face de nous. La suite composée de "Piece of Paper"-"Goto 10" met par exemple à l'épreuve l'auditeur et sa propre perception de l'espace. Par sa musique, Tobin réussit à troubler l'alentour. Comme dans Foley Room, le brésilien nous fait entièrement participer à ses expériences. Auditeur-acteur, actif et concerné, l'exigence qu'il demande est aussi élevée que le plaisir qu'il procure. Paradoxalement, et pour exactement les mêmes raisons, l'expérience Isam peut être repoussante à plus d'un titre. Froide, on l'a dit, démonstrative, amélodique, incompréhensible et inatteignable. Elle ne se comprend pas et il faut l'accepter pour pouvoir être touché par elle.
De cette incompréhension sont symptomatiques les chroniques négatives concernant cet album. Tobin se perd, Tobin s'enlise. Trip interstellaire, Isam tournerait à la démonstration.
Rien du tout. Isam est un jalon. Tobin révolutionne. Encore. Toujours.
Troublante, la musique de Tobin l'est aujourd'hui à plus d'un titre. La majeure partie des amateurs du brésilien l'avait suivi sur un The Foley Room déjà pas mal barré. Enregistrant ses propres samples, sons, voix, Amon Tobin s'était constitué une bibliothèque sonore d'une grande richesse. Les rythmiques qui étaient sa véritable marque de fabrique au moins sur ses trois premiers albums étaient encore présentes, mais déformées et triturées par la force des doigts. On sentait qu'il se passait un truc dans sa tête. En fait, Amon Tobin est le seul à avoir un projet concret pour le futur de la musique électronique. Il veut la faire avancer vers des contrées inconnues et périphériques comme des steppes arides ou des friches industrielles. Le break'beat, l'électro-jazz, le sample 70's font partie d'une époque révolue. Tobin veut jouer d'instruments qui n'existent pas. Il est tourné vers l'avant.
Troublante également, parce que sa musique qui est de moins en moins mélodique devient de plus en plus fascinante. Il était à part dès l'époque de Cujo ; il reste un véritable OVNI aujourd'hui. L'introduction d'Isam, "Journeyman", scintille de mille et un sons plus incroyables les uns que les autres sans que l'on comprenne vraiment ce qui se passe. La richesse des textures sonores amélodiques d'Amon Tobin atteint des cimes inimaginables. Trop riche, trop organique, trop froide, trop paradoxale ; les auditeurs décrochent. Les oreilles ne peuvent suivre et c'est exactement la raison pour laquelle on peut presque faire appel à nos autres sens pour essayer de capter là où veut en venir le dj. La musique d'Isam est presque palpable, on désirerait presque la toucher en face de nous. La suite composée de "Piece of Paper"-"Goto 10" met par exemple à l'épreuve l'auditeur et sa propre perception de l'espace. Par sa musique, Tobin réussit à troubler l'alentour. Comme dans Foley Room, le brésilien nous fait entièrement participer à ses expériences. Auditeur-acteur, actif et concerné, l'exigence qu'il demande est aussi élevée que le plaisir qu'il procure. Paradoxalement, et pour exactement les mêmes raisons, l'expérience Isam peut être repoussante à plus d'un titre. Froide, on l'a dit, démonstrative, amélodique, incompréhensible et inatteignable. Elle ne se comprend pas et il faut l'accepter pour pouvoir être touché par elle.
De cette incompréhension sont symptomatiques les chroniques négatives concernant cet album. Tobin se perd, Tobin s'enlise. Trip interstellaire, Isam tournerait à la démonstration.
Rien du tout. Isam est un jalon. Tobin révolutionne. Encore. Toujours.
Excellent ! 18/20 | par Reznor |
En écoute : https://music.amontobin.com/album/isam
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